Tiré du site "Napoléon prisonnier".
"Son (Bonaparte) écriture était un assemblage de caractères sans liaison et indéchiffrables. La moitié des lettres manquaient aux mots. Il ne pouvait se relire, ou il ne voulait pas en prendre la peine.
L'orthographe de son écriture était incorrecte, quoiqu'il sût bien en reprendre les fautes dans l'écriture des autres. C'était une négligence passée en habitude ; il ne voulait pas que l'attention qu'il aurait donnée à l'orthographe pût brouiller ou rompre le fil de ses idées.
Dans les chiffres, dont l'exactitude est absolue et positive, Napoléon commettait aussi des erreurs. Il aurait pu résoudre les problèmes de mathématiques les plus compliqués, et il a fait rarement une addition juste.
Il est vrai de dire que ces erreurs n'étaient pas toujours commises sans dessein. Par exemple, dans le calcul du nombre d'hommes qui devait composer ses bataillons, ses régiments ou ses divisions, il enflait toujours le résumé total, car il jugeait nécessaire de donner le change sur la force de ces corps. Quelque représentation qu'on lui fît, il repoussait l'évidence et persistait opiniâtrement dans son erreur volontaire de calcul.
Ses billets étaient en général exempts de fautes d'orthographe, excepté dans les mots où ces fautes se représentaient invariablement. Il écrivait par exemple, cabinet, Caffarelli, gabinet, Gaffarelli, afin que, enfin que, infanterie, enfanterie.
Les premiers mots sont évidemment des réminiscences de sa langue maternelle, les seules qui lui soient restées de sa première enfance ; les autres, enfin que, enfanterie, n'ont pas d'analogie avec la langue italienne. Il parlait mal cette langue, et évitait les occasions de la parler. Il ne s'y résignait qu'avec des Italiens qui ne parlaient pas le français.
Son langage était un français italianisé, avec des terminaisons en i, en o, en a."