Nous voyons bien aujourd'hui que l'affaire comptable était un prétexte, l'affaire est politique.
Voyons la position turque.
Chypre du Nord désigne, pour la communauté internationale, le territoire de l'île de Chypre administré par un état non reconnu internationalement (sauf par la Turquie) qui se dénomme lui-même République turque de Chypre du Nord
Celle-ci a été proclamée le 15 novembre 1983, neuf ans après l'occupation militaire de la partie nord de l'île en 1974 par la Turquie, en réaction contre la volonté proclamée de rattacher l'île à la Grèce, d'un groupe d'officiers de la garde nationale chypriote (l'EOKA-B, mené par Nikos Sampson) ayant déposé le président Michel Makarios par un coup d'État.
En 2004, en vue de l'adhésion de la République de Chypre à l'Union européenne, un plan de réunification proposé par l'ONU, appelé le plan Annan, a été soumis à un référendum. Le plan est accepté par 65 % des Chypriotes turcs, car il permet une reconnaissance légale de l'autonomie du territoire au sein de l'état chypriote, tout en ouvrant la ligne verte, mais rejeté par 75 % de l’électorat chypriote grec parce qu'il limite à 33 % le nombre de réfugiés autorisés à rentrer chez eux et à récupérer leurs biens. Ce résultat du référendum empêche la réunion de la partie occupée par la Turquie avec la République chypriote reconnue au niveau international : de facto (de fait), la zone turque ne fait pas partie de l'Union européenne et est exclue des unions économique, monétaire, fiscale ou douanière, et de l’espace Schengen dont fait partie de jure (de droit) la République chypriote. Un autre élément qui bloque la réunification de l'île (et, accessoirement, l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne) est le fait que la Turquie ne reconnaît pas la République chypriote.
Nous avons balayé les positions russes et chypriotes, nous connaissions les israéliennes et libanaise, voici le tour des turcs.
Turquie qui réclame toujours son intégration.
“La Turquie menace de contrecarrer les plans de Chypre
La Turquie pourrait contester toute décision que prendrait la République de Chypre pour accélérer l’exploitation de gisements gaziers offshore en vue de remédier à sa crise financière, ont déclaré jeudi de hauts responsables turcs.
L’Union européenne a donné à la République de Chypre (partie grecque) jusqu’à lundi pour réunir les 5,8 milliards d’euros nécessaires pour obtenir un plan de sauvetage, faute de quoi son système financier serait menacé de faillite et le pays risque fort de sortir de la zone euro. Chypre est en pourparlers avec Moscou concernant d’éventuels investissements russes. Le ministre chypriote des Finances, Michael Sarris, a déclaré que les réserves gazières en mer étaient l’un des domaines dans lesquels les Russes pourraient investir.
“Ces ressources appartiennent aux deux communautés, et l’avenir de ces gisements ne peut être le seul fait de la volonté de la partie sud de Chypre. Nous pourrions si nécessaire prendre des mesures pour contrer de telles initiatives”, a dit à Reuters l’un des responsables turcs. “L’exploitation exclusive de ces ressources par la partie sud de Chypre est hors de question(…) et inacceptable”, a-t-il ajouté. “Nous envisageons tous les moyens juridiques(…). Nous pourrions porter l’affaire devant l’Union européenne mais nous recourrons à tous les canaux politiques et juridiques”, a dit ce responsable sans donner davantage de précisions.”
La Turquie remet en cause les contrats signés entre la république de Chypre et Israel , ainsi que les forages et les concessions exploités par Noble Energy (société américaine dont les actionnaires sont des fonds de pension US et GW Bush est de la partie).
novembre 2011
Exploration du site de Leviathan par Chypre : la Turquie s’insurge
http://www.leblogfinance.com/2011/10/ex ... surge.html
Le 8 septembre dernier, le Premier ministre turc déclarait à Al Jazzera, que la Turquie ne laisserait pas Israël jouir seule du gaz exploité dans les eaux chypriotes.
Ce dernier jugeant « provocatrice » l’exploration au voisinage du gisement très prometteur de Léviathan.
Parallèlement le Premier ministre Recep Erdogan menaçait d’envoyer sa flotte au voisinage du site aux frontières controversées, annonçant qu’il pourrait fournir une escorte navale à ses propres bâtiments d’exploration en Méditerranée chargés d’effectuer des forages sur des gisements d’hydrocarbures au large de la côte nord de Chypre.
En septembre dernier, lors d’une conférence de presse, le Premier ministre turc avait réitéré l’opposition de son pays aux zones économiques exclusives fixées en 2010 dans le cadre d’un accord entre Chypre et Israël.
«Nous avons des approches différentes en matière de zones économiques exclusives dans la région telles qu’elles ont été annoncées. Sur ce point, et s’agissant de l’armée, nous surveillerons cette région avec l’aide d’avions, de frégates et de vedettes lance-torpilles» avait-il prévenu.
Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, réagissait ainsi aux propos du président chypriote Demetris Christofias, lequel venait d’annoncer que les forages débuteraient prochainement au large des côtes sud-est de Chypre.
Le gouvernement chypriote grec, seul à ce jour à être reconnu par la communauté internationale, effectue actuellement des travaux d’exploration sur le fabuleux gisement de Leviathan, situé au large de Chypre, avec la compagnie américaine Noble Energy, et ce, dans le cadre d’un accord avec Israël . Rappelons que la partie turque, située dans le nord de l’île est uniquement reconnue par Ankara.
La Turquie avait également exhorté le gouvernement chypriote grec à cesser immédiatement ses explorations de gaz et prévenu que ses propres navires d’exploration en Méditerranée pourraient être accompagnés d’escortes militaires.
La compagnie pétrolière turque TPAO va se déployer dans les eaux au nord de Chypre en raison d’un accord entre Ankara et la partie pro-turque de Chypre sur le tracé des frontières maritimes, avait parallèlement déclaré le ministre turc de l’Energie, Taner Yildiz.
Au final, Ankara demande aux responsables chypriotes de favoriser la collaboration de la Turquie, dans les projets énergétiques de Chypre.
La Russie impactée par les taxes imposées à Chypre : le gaz de Leviathan comme enjeu ?
http://www.leblogfinance.com/2013/03/la ... enjeu.html
17 mars 2013
D’une pierre deux coups ? Frappe par ricochet, fine stratégie ?
Alors que les mesures de taxation envisagées par la zone euro et le FMI en contrepartie du plan de sauvetage proposé à Chypre devraient durement impacter l’économie chypriote dans son ensemble – et ce, alors même que l’île est dotée d’une importance stratégique majeure dans la course aux hydrocarbures que mène actuellement l’état d’Israël contre Liban, Syrie, Égypte et Turquie en vue d’obtenir la suprématie sur les immenses champs gaziers de Leviathan – la Russie pourrait elle aussi grandement souffrir de la situation.
Selon des premières estimations réalisées dimanche à Moscou, la taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires prévue dans le plan de sauvetage de Chypre devrait en effet gravement toucher les avoirs russes dans l’île.
Anatoli Aksakov, député et président de l’Association des banques régionales de Russie, a d’ores et déjà indiqué que « la confiance envers Chypre, comme un endroit sûr pour placer de l’argent », allait être réduite à néant. Tout en ajoutant que des experts avaient estimé que les avoirs russes à Chypre pourraient atteindre 20 milliards de dollars (15,4 milliards d’euros).
L’édition russe du magazine américain Forbes fait état quant à elle de chiffres beaucoup plus importants. Précisant qu’au 1er septembre 2012, l’agence de notation Moody’s avait estimé à 19 milliards de dollars (14,6 milliards d’euros) les seuls avoirs de sociétés russes placés à Chypre.
Auxquels devraient s’ajouter12 milliards de dollars (9,2 milliards d’euros) d’avoirs de banques russes dans des établissements chypriotes.
Selon les chiffres de la presse économique repris par Forbes, les avoirs de personnes physiques russes à Chypre se situeraient dans une fourchette comprise entre 8 et 35 milliards d’euros.
Selon Forbes, la nouvelle d’un prélèvement de 10% sur les dépôts dans les banques chypriotes a semé la panique parmi les hommes d’affaires russes figurant dans la liste des plus grandes fortunes.
Simple coïncidence ? Alors que les immenses champs gaziers au large de Chypre suscitent d’âpres convoitises, rappelons qu’en juillet 2012, Erato Kozakou-Marcoullis, alors ministre chypriote des affaires étrangères, affirmait que – parmi 27 compagnies - les deux géants gaziers russes Novatec et Gazprom avaient exprimé leurs intérêts vis à vis des 13 sites d’extraction offshores au large de l’île. « Expression d’intérêts » suivant de peu une information selon laquelle Nicosie était en attente de l’acceptation par Moscou d’un prêt de 5 milliards d’euros … Alors même que le président chypriote d’alors, Demetris Christofias, réputé «proche» du gouvernement Poutine avait jusque là laissé entendre que l’attribution de ce prêt «n’imposait aucune condition» et offrait «un meilleur taux d’intérêt» que l’offre européenne.
Par la suite, en septembre 2012, un porte-parole du ministère russe des finances déclarait que «ces discussions prendr(ai)ent du temps et « que rien n’a(vait) encore été décidé».
A la mi-décembre 2012, alors même que nous laissions entendre ici-même que les licences d’exploitation de l’immense champ gazier de Leviathan au large de Chypre pourraient être « monnayées » d’une certaine manière via la notation de la dette souveraine du pays et l’accord d’un prêt de la Banque centrale européenne et du FMI, le gouvernement chypriote avait annoncé avoir mis fin aux négociations en cours avec un consortium franco-russe - alliant la branche ENP de Total et le russe Novatec – lequel s’était vu attribuer une licence d’exploration de gaz dans ses eaux territoriales en octobre 2012.
Une annonce qui intervenait quelques jours après qu’un responsable gouvernemental chypriote ait indiqué que Chypre risquait de ne pas pouvoir rembourser des prêts dus en décembre ni verser les salaires des fonctionnaires en l’absence d’un accord rapide avec la troïka formée par l’Union européenne (UE), la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage.
« Le gouvernement a décidé de mettre fin aux négociations directes car elles se sont avérées insatisfaisantes », avait ajouté le porte-parole du gouvernement chypriote, sans fournir de plus amples détails. Ajoutant toutefois que les autorités allaient désormais négocier l’attribution du bloc 9 avec un consortium établi entre le groupe pétrolier italien ENI et le sud-Coréen Kogas. Ce qui est désormais chose faite depuis janvier 2013. La compagnie française Total demeurant quant à elle toujours dans la course en ce qui concerne l’exploitation du bloc 11. Le gouvernement ayant parallèlement décidé de négocier avec elle l’attribution du bloc 10.
Autre coïncidence ? Lundi 18 mars le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, sera à Moscou en vue de discuter de la possibilité d’allouer un crédit à la nation chypriote voire même d’étendre de 2,5 milliards d’euros les sommes empruntées tout en traitant d’une éventuelle réduction des intérêts de ce prêt. Autres scenarii à l’étude : une participation accrue de la Russie dans la Banque (nationale) de Chypre ainsi que la participation d’investisseurs russes dans la Banque populaire de Chypre.
Précisons enfin qu’en décembre 2010 un accord a été signé entre Israël et Chypre en vue de faciliter et de poursuivre les recherches off-shore d’hydrocarbures – de part et d’autre – dans la partie orientale de la Méditerranée … de gigantesques réserves de gaz ayant été alors découvertes dans la zone. Désormais, selon les contrôles de la commission gouvernementale israélienne mise en place pour gérer un fonds d’exploitation des ventes, les recettes prévues des gisements « Léviathan », « Tamar » et « Dalit » se monteraient à 100 voire à 130 milliards de dollars jusqu’en 2040.
« Alors, quoi de plus normal que de voir les Turcs, les Libanais, les Syriens et les Palestiniens se réveiller pour réclamer leur part de propriété sur ces zones maritimes, qui n’avaient jusqu’alors attiré l’attention de personne ? » …. s’interrogeait en 2012 la presse israélienne. Laissant augurer d’un conflit important … la démarcation des frontières maritimes en Méditerranée pouvant se révéler être un dossier d’autant plus explosif que la région est dotée d’immenses réserves énergétiques.
Sources : AFP, Ria Novosti, La Voix de la Russie, Europolitique
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 17 mars 2013