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La prestigieuse enseigne parisienne, en passe d’être reprise par le groupe italien Borletti associé à des investisseurs qataris, ne connaît pas la crise. En quelques années, le grand magasin a en effet opéré un virage spectaculaire dans le luxe. Et ça marche !
Une blonde en manteau de renard, perchée sur 15 centimètres de talons aiguilles, surgit, l’air affairé. Une «personal shopper» la suit tel un toutou, les bras encombrés de robes de couturier. «C’est une de nos meilleures clientes, nous glisse Priscille de Benoist, responsable de la clientèle VIP. Elle est là depuis trois jours.» Moquette épaisse, canapé design, champagne à disposition : la scène se passe dans un grand salon au quatrième étage du Printemps Haussmann. Autour, six cabines d’essayage grandes comme des studios sont réservées aux fashion victims. Le genre de dépensières – la nôtre est russe – pour lesquelles le prix est accessoire. Leurs emplettes vont, ici, de 2 000 à 80 000 euros par visite.
(...) désormais, 2% de la clientèle, celle qui est fortunée et internationale, suffit à assurer 20% des ventes. Et au seul rez-de-chaussée consacré aux accessoires, le panier moyen a bondi de 60 à 600 euros. Des chiffres qui résument la métamorphose du Printemps depuis six ans. Fini, le grand bazar d’antan, place au temple du luxe. «Nous avons fait un choix radical», reconnaît l’homme d’affaires milanais Maurizio Borletti, actionnaire à 30%, qui s’apprête, en association avec des investisseurs qataris, à racheter les 70% du capital restants au fonds immobilier de la Deutsche Bank. Cette habile prise de contrôle a pris de court le Groupe Lafayette qui rêvait de s’offrir son concurrent du trottoir d’en face. (...).
Le Printemps fait envie à tous. Car son repositionnement sur le segment du haut de gamme est couronné de succès. Sur l’exercice clos fin mars 2012, le chiffre d’affaires d’Haussmann s’est envolé de 23%, à 725 millions d’euros, sur un total de 1,45 milliard pour l’enseigne. Et l’année écoulée devrait se conclure par une hausse de 10% pour l’ensemble des quinze magasins. Car même en province, où le virage du luxe se négocie plus en douceur, les sites rénovés retrouvent de belles couleurs.
Encore un marché juteux qui ira aux Qatari et échappera à de potentiels repreneurs français (notamment Les Galeries Lafayette). Quelle décadence !