L'Afrique du Nord est pleine des corps des martyrs chrétiens, nous le savons parce que les exhumations archéologiques se comptent par milliers. Cela suffit pour nous donner une haute idée, sinon de la splendeur monumentale de l 'Afrique chrétienne, du moins de l'abondance des édifices religieux qui couvraient son sol.
Rien qu'à Carthage, métropole de l'Afrique ancienne, il y a avait au moins vingt-deux basiliques. A Sbeitla, l'antique Sufetula, deux églises revêtues de mosaïques. A Khemissa, à Djemila, à Tigzirt, à Tipasa, pour ne nommer que les plus importantes, des basiliques. Et puis, il y a la basilique de Tébessa, qui est un vaste ensemble architectural, qui a servi de modèle aux mosquées de l'islam. Une bâtisse magnifique avec des dépendances . . . une porte monumentale, une grande cour dallée, envrionnee de portiques et rafraîchie par des fontaines et des pièces d'eau, un atrium avec sa vasque des ablutions, un baptistère et des chapelles intérales en forme de trêfles. Enfin des bâtiments et des cellules pour les moines et le clergé, des abris aussi pour les pèlerins et des écuries pour leurs montures. C'est peut-être l'édifice religieux le plus complet, le plus révélateur que nous ait laissé l'antiquité chrétienne. Nulle part, même dans la Rome pontificale, on ne trouvera une telle abondance de ruines chrétiennes, aussi intactes, qu'en Afrique. Comme baptistères, basiliques, catacombes et nécropoles, il n'y a rien de pareil dans aucun pays de la Méditerranée. Et cela vient de ce qu'on n'a jamais rebâti, comme cela s'est fait à Rome et ailleurs, qui sont restées telles qu'elles étaient au moment où elles furent saccagées par les envahisseurs. Les nécropoles et les catacombes de Sousse sont intactes, Dans les cimetières, c'est tout un foisonnement d'inscriptions funéraires qui nous oblige à remonter les siecles, et qui rappellent avec éloquence l'âge d'or du christianisme africain.