Les défis du pape François avec l’Islam
Avec l’élection d’un nouveau souverain pontife, le pape François, les musulmans attendent eux aussi un changement après les propos controversés de son successeur Benoît XVI sur l’islam.
Le cardinal argentin Jorge Bergoglio est devenu le 266e pape sous le nom de François mercredi 13 mars. Parmi les nombreux chantiers qui attendent le Saint-Père, il devra soutenir les chrétiens en proie à des violences dans certaines zones de conflit du Moyen-Orient et à un sentiment d’insécurité depuis les soulèvements arabes de 2011. Les islamistes sont devenus la première force politique dans plusieurs pays de la région. C’est le cas notamment en Egypte qui compte la plus vaste communauté chrétienne du Moyen-Orient, les coptes, dans leur grande majorité orthodoxe mais dont une petite partie est liée à l’Eglise de Rome. Les craintes des chrétiens de la région sont particulièrement vives face à la progression des salafistes, tenants d’un islam rigoriste.
Le lourd héritage de Benoît XVI
Chaabane Abdel Alim, un dirigeant du principal parti égyptien de cette obédience, Al-Nour, a toutefois assuré, au lendemain de l’élection du pape François, «qu’en tant que salafistes, nous ne sommes pas contre le dialogue , au contraire nous l’accueillons favorablement». Un dialogue avec le monde musulman mis à mal par son successeur Benoît XVI, critiqué pour des positions jugées hostiles à l'islam. Benoît XVI a en effet entretenu des relations difficiles avec les musulmans, depuis le discours qu'il avait prononcé en 2006 à Ratisbonne, en Allemagne, dans lequel il semblait associer l’islam à la violence. L’ancien chef du Vatican avait cité un empereur byzantin décrivant le prophète Muhammad comme propageant des idées «mauvaises et inhumaines» par la violence. Des déclarations qui avaient provoqué des manifestations dans des pays musulmans. Le souverain pontife avait tenté de calmer les esprits en visitant la Mosquée bleue à Istanbul.
Entre espoir et suspicion
Le dialogue avec Al-Azhar, la plus haute autorité sunnite située au Caire, avait repris en 2009 avant d'être de nouveau rompu après un appel du pape à protéger les minorités chrétiennes, après un attentat-suicide contre une église d’Alexandrie en Egypte en 2010. Al-Azhar avait vu dans ces déclarations sur les chrétiens d’Orient des «attaques répétées contre l'islam». «Nous espérons de meilleures relations avec le Vatican après l'élection du nouveau pape, pour le bien de l'humanité toute entière», a déclaré à l'AFP Mahmoud Azab, conseiller pour le dialogue interreligieux du grand imam d'Al-Azhar. L’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui regroupe 57 pays, a renouvelé son «appel formulé depuis huit ans à une réconciliation historique entre l'islam et la chrétienté ». En France, le Conseil français du culte musulman (CFCM) et la Grande Mosquée de Paris ont de leur côté félicité le nouveau pape François, l’appelant à consolider le dialogue interreligieux.