"Justement ses études sur les systèmes familiaux sont une source importante de connaissance sur les moeurs de l'époque."
Elles ne lui permettent que d'établir le rapport au mariage (est-il imposé par les parents, laisse-t-on les individus se choisir, etc.)
Et ces études sont une source d'information moins directes que les archives judiciaires qui sont, du fait des procès-verbaux de dépositions et témoignages, notre source textuelle principale, et la plus proche, pour comprendre de l'intérieur le fonctionnement des communautés villageoises en grande partie analphabètes (ou du moins n'ayant pas le temps et l'envie d'écrire.)
Et justement, la question de la drague ressort régulièrement, mais pas en bien : fille séduite qui finit par commettre un avortement ou un infanticide, père de famille qui abat le galant qui refuse d'épouser sa fille après l'avoir déshonorée, etc. dans ce dernier cas, le plus souvent, tout le village vient témoigner en sa faveur (d'autant plus que le séducteur est souvent du village voisin et a opéré lors d'une fête).
Je connais surtout ses cours mais l'ouvrage de Garnot le plus en rapport avec la question est sans doute "la liberté amoureuse au XVIIIème siècle" ; comme je le disais au-dessus, ça porte surtout sur la liberté de choisir son partenaire (cette relative tolérance devant déboucher sur un mariage, on ne reconnaît pas l'union libre) et il n'y évoque pas principalement les populations rurales. Il y relève en plus que si une certaine tolérance sur ce plan se renforce à l'époque, la loi se durcit en parallèle (mais comme toujours sous l'ancien régime, elle n'est presque jamais entièrement appliquée, et ce dans tous les domaines.)
Bref, l'honneur (la réputation, la conformité à la norme idéale de la communauté) est indiscutablement structurant dans les sociétés rurales à l'époque, et celui de la femme réside avant tout dans son comportement vis-à-vis des hommes. Une fille séduite une fois est très difficile à marier, alors je n'imagine même pas la situation qu'aurait connue celle qui se laisserait "draguer" à plusieurs reprises. Pour les plus malheureuses, en cas de réputation tellement tachée que même leur famille les lâchait, la seule opportunité durable était d'aller faire le tapin en ville.