Le but de ce post était de parler de l'Histoire de l'Algérie, ms aussi des histoires personnelles, des souvenirs, des douleurs passées indissociables des "évènements"! Bien sûr la chanson la Khaouila n'est pas ds les livres d'histoire, les récits personnels non plus, ms à mon avis, ils sont intéressants sur un plan humain... Si c'est juste pr copier coller des sites d'histoire traditionnelle, ça n'a pas d'intérêt
Bonsoir Christianne,
Parler de l’Histoire de l’Algérie, sur ce site comme sur bien d’autres, ne rime en fait à rien. Chacun a son point de vue grossi à la lunette de ses propres clichés et préjugés. Très peu de contributeurs de ces forums, dits de discussion, ont vécu « adultes » dans ce pays J’espère que mes arrières petits enfants auront un jour – si ça les intéresse – la possibilité de lire la version objective de l’Histoire de l’Algérie. C’est un vœu pieux.
Des histoires personnelles ? J’en ai quelques-unes. En voilà une.
En mai 1964, quelques jours avant le putsch du ministre de la défense nationale, Houari Boumédiene, j’ai eu le plaisir de me rendre à Alger par la route : Rabat, Taza, Oujda, Tlemcen, Mascara, Tiaret, Miliana, Blida, Alger. Avec un copain « patos » coopérant au Maroc, nous avions décidé de juger par nous-mêmes, yeux et oreilles, de l’état du pays que d’aucuns nous présentaient comme catastrophique et d’autres, comme celui du meilleur des mondes. Dans le centre-ville abondamment pavoisé aux couleurs vertes et blanches, nous avons pu voir passer, près de la grande poste, la voiture rutilant du chef de l’Etat Ahmed Ben Bella, encadrée par une douzaine de motards de la gendarmerie.
Mon copain voulait visiter la darse aux pécheurs et moi, la citadelle. Ya pas d’souci ! De la place des Martyrs, je commençais par passer devant la cathédrale Saint-Philippe redevenue mosquée Ketchawa, puis m’engageais seul, sans guide, dans des méandres de ruelles entrecoupées d’escaliers. Oh ! combien ! Mon objectif ? Sentir l’ambiance, admirer les porches et les vestiges de l’ère ottomane, entrevoir un patio, être témoin des éventuels dommages de la bataille d’Alger et celles plus évidentes du temps, respirer l’Histoire , enfin et plus prosaïquement, atteindre le haut de la citadelle pour admirer la méditerranée par dessus les terrasses de la Casbah.
La montée s’avéra plus rude que je ne le croyais en raison des pavés disjoints, de la dédale des ruelles, des culs de sac et du dénivelé. Inutile de demander mon chemin aux rares passants/es surpris/es de me voir en ces lieux…appareil photo en bandoulière et caméra super 8 au poing. Je n’avais qu’à monter, à monter toujours. Sur les murs….. quelques peintures naïves représentant des moujahidin en tenue de combat, mitraillette à la main, des graffitis et autres slogans souvent révolutionnaires.
De temps en temps une volée de moineaux, je veux dire de « moutchou » déboulaient à grands cris, de je ne sais où pour aller je ne sais où. Sans doute jouaient-ils à la guerre ou encore au Gendarme-voleurs. Deux à trois fois, ils s’esclaffèrent en me dépassant : « Ya m’sio, t’as pas peur ? T’as pas peur » ? Non je n’avais pas peur mais n’avais qu’une hâte : arriver bientôt sur un lieu dégagé d’où je pourrais voir la mer. Ouf ! Une petite place et une petite vue sur la grande bleue. Pas le courage de poursuivre l'ascension. Tant pis pour la citadelle. Un peu ébloui pas le soleil, et soleil sur la tête, j’ai pu prendre ma photo. Mais quelle chaleur après cette grimpée dans le frais du sombre labyrinthe !
Sur ma gauche, à l’angle de la place surchauffée et d’une ruelle un peu plus grande que celles empruntées, un petit bistrot « maure » aux volets peints en bleu ! Le patron me regardait. Je m’approchais et lui demandais si je pouvais avoir un thé avec/ou à la menthe. Il me fit entrer avec « vous êtes le bienvenu « de rigueur. Il n’y avait aucun client. En confidence il me dit « Ya m’sio, ti veux une bière. (Je me suis demandé une fraction de seconde s’il me proposait une cercueil…mais non !). J’arguais que l’alcool était interdit à la vente ( je n’en avais pas bu depuis quelques jours) et qu’un thé me convenait très bien. « Ah non M’sio ! Ti paye pas, ti français, ci moi qui te l’offre. Ji boire avec toi. » Et de rajouter, quelques minutes plus tard, après deux gorgées prises à l’abri d’éventuels regards : « Ya m’sio, citi mieux avant avé les français. Jourd’hui, Ya plus de commerce ! »…
Je ne savais pas que 25 ans plus tard, je boirai un thé à la menthe, autour de la table de Mohammed Boudiaf, futur président du Haut Comité d'État, lors d’une petite réception qu’il offrait à la Briqueterie Maurand, sis à Kenitra, Maroc. Ainsi va la vie.