Après que le Qatar, puis l'Egypte, ont dit leur opposition à l'intervention de l'armée française au Mali, le président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), principale organisation islamique de ce pays à 90 % musulman, a pris la parole, mardi 22 janvier, pour défendre l'appui français à l'armée malienne contre des groupes djihadistes armés.
Le HCIM, "dénonce avec vigueur la campagne de dénigrement émanant de certains pays musulmans, de certains leaders religieux influents dans le monde musulman, qualifiant l'intervention militaire française aux côtés des troupes maliennes comme une agression contre l'islam", a déclaré Mahmoud Dicko lors d'une conférence de presse à Bamako.
Interrogé sur ces pays, M. Dicko a répondu : "Je pense à des pays comme le Qatar, parce que la personnalité la plus influente du monde musulman qui a dénoncé cette intervention se trouve aujourd'hui au Qatar". Rompant avec la quasi-unanimité de la communauté internationale qui prévalait jusque-là, le président égyptien, Mohamed Morsi, s'était également prononcé lundi contre l'intervention au Mali.
"C'est la France qui a volé au secours d'un peuple en détresse, qui a été abandonné par tous ces pays musulmans à son propre sort", a affirmé Mahmoud Dicko, qui a tenu, au nom du HCIM à "remercier très sincèrement, au nom de tous les musulmans du Mali, tous les pays amis, particulièrement la France, ainsi que toutes les organisations sous-régionales, régionales et internationales pour leur solidarité agissante vis-à-vis du Mali".
LA FRANCE AURAIT VISÉ UN CENTRE DE COMMANDEMENT D'AQMI
Depuis que le nord du Mali est devenu, en 2012, le sanctuaire de groupes islamistes armés liés à Al-Qaida, le HCIM a tenté une médiation entre ces mouvements et Bamako, sans succès. Ces derniers jours, il a multiplié les appels aux djihadistes, les exhortant à "déposer les armes, cesser les hostilités" et accepter le dialogue.
Selon des sources concordantes françaises, la France se serait attaquée directement à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), le plus virulent des groupes islamistes dans le Sahel, en visant notamment "un centre de commandement des terroristes" près de Tombouctou.
Lundi, le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées françaises, s'était borné à confirmer des frappes aériennes françaises "à la périphérie" de cette ville du nord du Mali occupée par AQMI depuis l'été. Mais selon une source proche du gouvernement interrogée par l'AFP, AQMI a été délibérément visé lors de cette attaque. Ce groupe est le plus virulent contre les intérêts français et depuis 2006 il désigne la France comme son ennemi principal.
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