Les gens de droite n'ayant pas cru bon de répondre, est-ce que tu autoriserais maintenant ceux de gauche ?
J'ignorais complètement l'existence de ce monsieur. On a envie de lire son livre et son intervention est d'un très bon niveau.
En écrivant ceci, je me réfère à sa parole (ce que je dis trouve peut-être des réponses dans son bouquin, puisqu'il s'agit d'un livre, et que Bonneau ne pose que certaines questions), mais il me semble que ce qu'il dit relativement à l'ordre - à la droite comme parti de l'ordre, disons - est à actualiser. Comme j'ai déjà eu l'occasion d'en parler ailleurs, il arrive très souvent aujourd'hui, que la gauche se manifeste comme une volonté de préservation (des acquis, en particulier) et que ce soit la droite, au moins la plus libérale, qui représente le mouvement, le changement. Les libéraux considèrent les gauchistes comme des archéos, des conservateurs (combien de fois me suis-je fais moi-même très jeune ici, traiter de dinosaure? ).
Mais bon, ceci est un point précis, sur lequel il faudrait voir ce qu'il écrit exactement.
En revanche, j'ai trouvé particulièrement lumineux un des points de départ qu'il explique dès le début, quand il dit que "être de droite" relève de la philosophie, de la politique, et non de l'économie.
Qu'on ne rétorque pas que c'est évident, que tout le monde le sait, etc... ce qui est vrai. Mais on ne le dit pas. Ca ne sert à rien que tout le monde le sache, si on ne le dit pas, ou seulement d'une manière qui fait qu'on ne le comprenne pas.
Les gens de droite ne le sont pas parce qu'ils ont plus de pognon que les autres. Ils le sont parce qu'ils ont une conception "de droite" de la société. Leur position ne se comprend pas par l'abrutissement du demeuré qui ne voit pas ses propres intérêts.
Si les opinions et les visions de la société ne se résument pas à ce qui relève du seul intérêt, on a l'impression que le marxisme tout comme l'économie politique libérale classique se retrouve un peu plus interrogées.
Mais pour revenir à l'élément d'analyse evoqué (=irréductibilité d'un positionnement politique à la seule considération de l'intérêt, bien ou mal compris).
Cet élément me semble important, et c'est une des raisons (la principale, pas la seule) pour laquelle j'avais proposé qu'on fasse un débat sur les fameux "bobos" - ma proposition n'a pas suscité de répondants, ça arrive. Mais ce qui m'intéressait, c'était de proposer en quelque sorte à la droite (ultra-majoritaire ici) sa figure inversée, dans le miroir, son négatif photographique : le bobo, c'est-à-dire celui qui va dans le sens exactement opposé à son propre intérêt : il a plein de pognon et il veut payer des impôts, il oblige son gamin à aller dans des lycées pourris dediés à l'éducation autonome ou autres conneries soixante-huitardes au lieu de les envoyer en Suisse, il passe ses vacances dans des refuges sans électricité ni eau dans on ne sait quelle montagne, etc.
Comparé à eux, qui touchent des petites payes d'employés, ou qui sont des petits cadres, des petits représentants de commerce bien gris et exaltés, d'autant plus exaltés qu'ils sont gris(Meurtre d'un commis voyageur les a racontés à la perfection)
Mais comme d'habitude, le menteur, c'est toujours l'autre. Ainsi, les gens de droite ne comprennent pas le riche de gauche, comme ceux de gauche ne voient pas en quoi les pauvres minables qu'ils sont, sur le plan économique, viennent servir la soupe aux vrais puissants, à ceux qui profitent vraiment et effectivement du système.