Nous devons au christianisme l'abolition de l'esclavage
Les Écritures :
- il est évoqué à de nombreuses reprises dans l'ancien testament, n'est jamais remis en question (au contraire, il est perçu positivement par moment en ce qu'il châtie un pécheur, comme Cham et sa semence)
- il est surtout évoqué par Paul de Tarse dans le nouveau, et en ces termes :
Que toute âme soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par lui.
C’est pourquoi celui qui résiste à l’autorité, résiste à l’ordre que Dieu a établi et ceux qui résistent, attireront sur eux-mêmes une condamnation.
Il est nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte du châtiment, mais aussi par motif de conscience.
Rom XIII 1-3, 5
Que chacun demeure dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé.
As-tu été appelé étant esclave, ne t’en mets point en peine ; mais alors même que tu pourrais devenir libre, mets plutôt ta condition à profit.
I Cor VII 20-21
Esclaves, obéissez à vos maîtres selon la chair avec respect et crainte et dans la simplicité de votre cœur, comme au Christ,
ne faisant pas seulement le service sous leurs yeux, comme pour plaire aux hommes, mais en serviteurs du Christ, qui font de bon cœur la volonté de Dieu.
Eph VI 5-6
Et que ceux qui ont des fidèles pour maîtres ne les méprisent pas, sous prétexte qu’ils sont frères; mais qu’ils les servent d’autant mieux que ce sont des fidèles et des bien-aimés qui s’attachent à leur faire du bien.
I Ti VI 2
Aux esclaves, recommande d’être soumis à leurs maîtres, de leur complaire en toutes choses, de ne pas les contredire,
de ne rien détourner, mais de montrer toujours une fidélité parfaite, afin de faire honneur en toutes choses à la doctrine de Dieu, notre Sauveur.
Tt II 9-10
Les auteurs de référence :
Car c’est avec justice que le joug de la servitude a été imposé au pécheur. Aussi ne voyons-nous point que l’Ecriture sainte parle d’esclaves avant que le patriarche Noé n’eût flétri le péché de son fils de ce titre honteux.
Si l’on en juge par l’étymologie latine, les esclaves étaient des prisonniers de guerre à qui les vainqueurs conservaient la vie, alors qu’ils pouvaient les tuer par le droit de guerre : or, cela même fait voir dans l’esclavage une peine du péché. Car on ne saurait faire une guerre juste que les ennemis n’en fassent une injuste; et toute victoire, même celle que remportent les méchants, est un effet des justes jugements de Dieu, qui humilie par là les vaincus, soit qu’il veuille les amender, soit qu’il veuille les punir. Témoin ce grand serviteur de Dieu, Daniel, qui, dans la captivité, confesse ses péchés et ceux de son peuple, et y reconnaît avec une juste douleur l’unique raison de toutes leurs infortunes. La première cause de la servitude est donc le péché, qui assujétit un homme à un homme ; ce qui n’arrive que par le jugement de Dieu, qui n’est point capable d’injustice et qui sait imposer des peines différentes selon la différence des coupables. Et certes il vaut mieux être l’esclave d’un homme que d’une passion .
Aussi bien, dans cet ordre de choses qui soumet quelques hommes à d’autres hommes, l’humilité est aussi avantageuse à l’esclave que l’orgueil est funeste au maître. Mais dans l’ordre naturel où Dieu a créé l’homme, nul n’est esclave de l’homme ni du péché ; l’esclavage est donc une peine, et elle a été imposée par cette loi qui commande de conserver l’ordre naturel et qui défend de le troubler, puisque, si l’on n’avait rien fait contre cette loi, l’esclavage n’aurait rien à punir. C’est pourquoi l’Apôtre avertit les esclaves d’être soumis à leurs maîtres, et de les servir de bon coeur et de bonne volonté.
Augustin d'Hippone, Cité de Dieu, XIX, §15
Les esclaves sont soumis à leurs maîtres pour la totalité de la vie...
Il n'y a pas de raison naturelle pour qu'un individu soit esclave plutôt qu'un autre, si on le considère en lui-même, mais seulement si l'on se place au point de vue de l'utilité qui en dérive, par exemple pour cet individu d'être dirigé par un plus sage, et pour celui-ci d'être aidé par lui, selon Aristote. Voilà pourquoi l'esclavage qui relève du droit des gens est naturel...
Les enfants des esclaves sont esclaves et sous la puissance de leurs maîtres...
Les esclaves sont sous le pouvoir de leurs maîtres, selon cette parole de S. Paul (Tt II, 9): " Que les esclaves soient soumis en tout à leurs maîtres. " Or il leur est bien permis de faire quelque chose dans l'intérêt de leur maître...
L'esclavage, étant un châtiment du péché, prive l'homme de droits qui, autrement, lui appartiendraient. C'est ainsi que l'esclave ne peut plus disposer de sa personne. L'esclave, en tout ce qu'il est, appartient à son maître...
Thomas d'Aquin, Somme Théologique (aperçu...)
Les faits :
- les empereurs chrétiens n'ont jamais pris de mesure contre l'esclavage. Les monastères ont employé des esclaves dans l'antiquité tardive, puis des serfs quand l'esclavage est tombé en désuétude sur le sol européen pour des raisons socio-économiques.
- les païens slaves ont été vendus pendant des siècles comme esclaves aux Sarrasins au haut moyen âge, ce commerce impliquait tous les Etats chrétiens de la Germanie à Venise, qui procédait à la vente. Leur émasculation était la norme.
- l'esclavage fut utilisé par les ordres religieux-militaires catholiques dans les zones de friction avec les musulmans, l'exemple le plus connu est Malte au XVIème siècle, grand fournisseur de galériens mahométans ou juifs aux monarchies chrétiennes.
- les églises chrétiennes se sont largement impliquées dans la traite des Noirs, visant à l'évangélisation des esclaves et à leur bon traitement, sans jamais remettre en question la servitude elle-même. La bulle "sicut dudum" (1435) la condamne pour les seules îles Canaries, n'eut aucun effet et ne fut pas répétée. Le courant abolitionniste chrétien fut extrêmement marginal et en contradiction avec la tradition.