Deux anciennes vidéos réapparues sur Facebook inquiètent l’opposition. Elles montrent le chef d’Ennahda expliquant la stratégie du parti islamiste au pouvoir à des leaders salafistes. «C’est vrai que les laïcs ont perdu les élections, mais ils contrôlent les médias, l’économie et, surtout, l’administration tunisienne. L’armée n’est pas garantie, la police n’est pas garantie», expose Rached Ghannouchi, leader d’Ennahda, s’adressant aux salafistes venus le rencontrer au siège du parti. Il précise même : pour détenir véritablement le pouvoir, «il faut attendre, ce n’est qu’une question de temps».
Dans une seconde vidéo, qui a fuité hier, Rached Ghannouchi explique : «De toute façon, avec l’article 1 , on peut produire et rédiger toutes les lois islamiques que l’on veut si on est assez forts au pouvoir. Mais il faut tout d’abord instaurer une culture islamique dans le peuple.» Cette fois, c’est avec Béchir ben Hassen, chef de file très populaire des salafistes piétistes, de loin les plus nombreux en Tunisie, que s’entretient le leader d’Ennahda. La conversation a lieu par téléphone. Elle est filmée par les proches de Ben Hassen, pourtant connu, malgré quelques critiques, pour son soutien au parti islamiste.
L’opposition y voit la preuve, longtemps attendue, de ce «double discours» des islamistes, qu’elle ne cesse de dénoncer depuis la révolution. «Tout ça, on le savait d’avance, on le soupçonnait, explique Chokri Yaich, député du parti d’opposition Al Joumhouri. Mais cette vidéo a dévoilé le véritable d’Ennahda : faire un putsch au goutte-à-goutte.»
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