Erdogan contre l'armée turque, c'était un relent d'ottomanisme contre le kémalisme.
Dans la foulée des Jeunes Turcs, qui ont renversé l'empire ottoman, Kemal a purifié la Turquie de ses composantes ethniques non turques, régions kurdes exceptées. Il ainsi ou par ailleurs renforcé la puissance de l'armée turque, alors que celle de l'armée ottomane était décatie : ses dirigeants turcs se méfiaient des soldats non-turcs sans laquelle elle ne valait plus rien.
L'armée kémaliste était suffisamment puissante pour dissuader les agressions soviétiques, pour s'emparer de la moitié de Chypre ou pour envahir le nord de l'Irak quand les Kurdes de Turquie s'y repliaient.
Mais les Turcs ont élu Erdogan. Ce dernier caresse des rêves de sultanat, voire de califat, rencontrant les fantasmes des extrémistes sunnites qui aspirent à une oumma (sous-entendu, sunnite) sans frontières. Ce qu'Erdogan cache, c'est que cet empire serait nécessairement dirigé par les Turcs, ce qui lui vaut les accusations de néo-ottomanisme.
Pour conduire sa politique, Erdogan a châtré l'armée turque, grande partisane du kémalisme. Conclusion, la Turquie n'a plus de muscle et quand Erdogan prétend s'impliquer dans la guerre civile syrienne ou que l'armée syrienne tire et tue en Turquie, cette dernière n'a même plus la volonté ou les capacités de riposter !
Drôle de politique !