Les Libyens tentés par les discours extrémistes
"Cette volonté d'accuser le dictateur déchu est compréhensible: les dirigeants libyens ont souffert pendant de longues années sous Kadhafi, et ils ont conquis le pouvoir en le défiant, puis en le déposant.
Ces accusations sont plausibles —mais peu d'éléments viennent les appuyer. Elles semblent avoir pour principal but de préserver l'esprit de la révolution, avec l'espoir de faire oublier la lenteur des progrès accomplis dans divers domaines, ainsi que le manque d'autorité du gouvernement actuel.
L'implication de groupes armés de l'est de la Libye, proches d'al-Qaida, semble bien plus probable.
Voilà déjà longtemps que Groupe armé combattant en Libye (GACL), qui a joué un rôle important dans la libération du pays, suscite des inquiétudes.
La présence de ce type de groupuscules dans la région avait conduit plusieurs responsables américains à remettre en question le projet d'intervention.
Certes, le GACL semble aujourd'hui soutenir l'Etat libyen —mais ces préoccupations demeurent. La ville de Derna, située à l'est du pays, est un foyer d'extrémisme notoire et un vivier de recrutement pour les insurrections irakiennes et afghanes. Cet été, les autorités libyennes auraient arrêté vingt membres présumés d'AQMI sur leur territoire.
La détérioration de l'appareil de sécurité pourrait par ailleurs initier une nouvelle dynamique. Plus l'Etat libyen s'avérera incapable de protéger ses citoyens, plus ces citoyens se tourneront vers d'autres formes de protection —et plus la légitimité du nouvel Etat et de ses représentants en pâtira.
Dans ces conditions, les arguments des extrémistes pourraient séduire de plus en plus de Libyens.