Chevaline : le premier témoin du drame se confie
Il ne voulait pas s'exprimer. Ce jeudi matin, William Brett Martin a fini par s'y résoudre, accordant une interview exclusive à la BBC. Jusqu'alors, dans l'affaire de la tuerie de Chevaline, il restait le mystérieux «cycliste britannique», arrivé le premier sur les lieux. Aujourd'hui, l'ancien pilote de la Royal Air Force, ex-commandant de bord de la compagnie British Airways, raconte ces minutes surréalistes où il a découvert les quatre corps de la famille Al-Hilli et du cycliste français Sylvain Mollier, mercredi dernier en Haute-Savoie.
«Il y avait du sang partout. Et la petite était allongée là, devant la voiture», décrit William Brett, 53 ans. Se pose alors à lui un cas de conscience : doit-il secourir l'enfant, ou prendre la fuite ? Car à ce moment là, le cycliste l'assure, la tuerie vient de se produire. En montant, «J'avais croisé un véhicule 4X4 et une moto», explique ce témoin primordial. Surtout, «le moteur de la BMW tournait toujours, et les roues continuaient à patiner.» Juste devant la voiture, qui risque donc de lui rouler dessus à chaque instant, se trouve Zainab, sept ans, grièvement blessée.
«Ca ne pouvait pas être un accident de chasse»
William Brett Martin, constatant que les quatre adultes sont décédés, fait de petite fille sa priorité. Il l’éloigne du véhicule, et la place en position latérale de sécurité. «Comme j'avais mes gants de cycliste, et que de toute façon, les vitres étaient cassées, j'ai passé le bras à travers la vitre et coupé le contact.» Après avoir d'abord pensé à un accident entre le cycliste Sylvain Mollier et la voiture, William Brett Martin se rend rapidement compte qu'il a affaire à des morts par balles. «Tous les corps étaient inanimés. Je me suis dit qu'il y avait un fou qui tournait dans les bois. Ca ne pouvait pas être un accident de chasse. J'ai jeté un coup d'oeil, vu qu'il n'y avait pas de danger immédiat, et tenté d'aider la petite fille.»
En tant qu’ancien pilote, William Brett est formé à «diagnostiquer un problème, analyser les différentes options et prendre la meilleure décision.» Devant l'état des blessures de Zainab, il renonce à la transporter sur son vélo pour tenter de rallier le village. «Je risquais de lui causer une hémorragie interne.»
Problème : le téléphone portable du pilote ne passe pas à cet endroit. Il décide donc de rebrousser chemin pour prévenir les secours, et croise Philippe D., un randonneur français, qui est le premier à alerter les pompiers. Quelques minutes plus tard, ils sont sur place.