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Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi à la cathédrale de Milan pour rendre un dernier hommage au cardinal italien progressiste Carlo Maria Martini qui, dans une interview publiée à titre posthume, a averti l'Eglise qu'elle avait "200 ans de retard".
Une foule solennelle s'est recueillie lors de l'entrée dans la cathédrale du cercueil du cardinal Carlo Maria Martini, ancien archevêque de Milan, qui forçait le respect de tous et défendait une réforme des règles imposées par l'Eglise sur des questions telles que la contraception et les femmes dans l'Église.
"L'Église a 200 ans de retard. Pourquoi ne se réveille-t-elle pas 'Avons-nous peur'?" a-t-il demandé dans sa dernière interview réalisée par un compagnon jésuite en août dernier et publiée samedi dans le journal Corriere della Sera.
Héros des réformateurs de la religion catholique, le cardinal Martini ne s'était jamais lassé de sa quête de modernisation pour cette institution résolument traditionnelle, remettant ouvertement en question l'Eglise sur des sujets controversées tels que les abus sexuels et le divorce.
"L'Église est fatiguée. Notre culture a vieilli, nos églises sont grandes, nos maisons religieuses sont vides... et nos rites, nos costumes sont pompeux", a-t-il dit.
Trop progressiste pour devenir pape
Le cardinal, un temps pressenti comme un possible pape, souffrait de la maladie de Parkinson depuis des années. Il est mort vendredi à l'âge de 85 ans.
Ses positions progressistes sur des sujets hautement sensibles, qui hérissaient le poil de certains membres de l'Eglise malgré son approche diplomatique et mesurée, amincissaient toutefois ses chances d'être un jour élu à la Chaire de Saint-Pierre.
"L'Eglise doit reconnaître ses erreurs et prendre la voie radicale du changement, à commencer par le pape et les évêques", a-t-il encore dit dans cette interview, évoquant notamment les "scandales sur la pédophilie des clercs".
Martini était un réaliste qui voulait avertir l'Église qu'elle devait devenir plus souple à l'égard de ses rites ou prendre le risque de s'aliéner les catholiques.
"C'était un homme de dialogue, un pasteur qui a essayé de faire tomber les murs", a déclaré à l'agence ANSA un pèlerin venu saluer le cardinal italien qui rêvait d'un Concile du Vatican III visant à réviser les dogmes obsolètes et attirerait de nouveaux fidèles.