Comment falsifier la pensée d'un auteur ancien en deux exemples sur le thème du racisme.
Je vous mets d'abord ce qui circule sur le net et est souvent cité, et un passage plus complet - je prends ceux-là parce que je suis récemment tombé dessus, il y en a sans aucun doute des dizaines dans le genre.
Leur nature est semblable à celle des animaux muets, et selon mon opinion, ils n’atteignent pas au rang d’être humains ; parmi les choses existantes, ils sont inférieurs à l’homme mais supérieurs au singe car ils possèdent dans une plus grande mesure que le singe l’image et la ressemblance de l’homme.
Maïmonide, Le Guide des Égarés
En fait :
Quant à tous les hommes qui n'ont aucune croyance religieuse, ni spéculative, ni traditionnelle, comme les derniers des Turcs à l'extrême nord, les Nègres à l'extrême sud et ceux qui leur ressemblent dans nos climats, leur nature est semblable à celle des animaux muets, et selon mon opinion, ils n’atteignent pas au rang d’être humains ; parmi les choses existantes, ils sont inférieurs à l’homme mais supérieurs au singe car ils possèdent dans une plus grande mesure que le singe l’image et la ressemblance de l’homme.
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Je vois des singes, des éléphants, des nègres, qui semblent tous avoir quelque lueur d’une raison imparfaite. Les uns et les autres ont un langage que je n’entends point, et toutes leurs actions paraissent se rapporter également à une certaine fin. J’aurais du penchant à croire que de tous ces êtres c’est l’éléphant qui est l’animal raisonnable.
Voltaire, Traité de métaphysique.
En fait :
Descendu sur ce petit amas de boue, et n’ayant pas plus de notion de l’homme que l’homme n’en a des habitants de Mars ou de Jupiter, je débarque vers les côtes de l’Océan, dans le pays de la Cafrerie, et d’abord je me mets à chercher un homme. Je vois des singes, des éléphants, des nègres, qui semblent tous avoir quelque lueur d’une raison imparfaite. Les uns et les autres ont un langage que je n’entends point, et toutes leurs actions paraissent se rapporter également à une certaine fin. Si je jugeais des choses par le premier effet qu’elles font sur moi, j’aurais du penchant à croire d’abord que de tous ces êtres c’est l’éléphant qui est l’animal raisonnable. Mais, pour ne rien décider trop légèrement, je prends des petits de ces différentes bêtes; j’examine un enfant nègre de six mois, un petit éléphant, un petit singe, un petit lion, un petit chien: je vois, à n’en pouvoir douter, que ces jeunes animaux ont incomparablement plus de force et d’adresse; qu’ils ont plus d’idées, plus de passions, plus de mémoire, que le petit nègre ; qu’ils expriment bien plus sensiblement tous leurs désirs ; mais, au bout de quelque temps, le petit nègre a tout autant d’idées qu’eux tous. Je m’aperçois même que ces animaux nègres ont entre eux un langage bien mieux articulé encore, et bien plus variable que celui des autres bêtes. J’ai eu le temps d’apprendre ce langage, et enfin, à force de considérer le petit degré de supériorité qu’ils ont à la longue sur les singes et sur les éléphants, j’ai hasardé de juger qu’en effet c’est là l’homme; et je me suis fait à moi-même cette définition : l’homme est un animal noir qui a de la laine sur la tête, marchant sur deux pattes, presque aussi adroit qu’un singe, moins fort que les autres animaux de sa taille, ayant un peu plus d’idées qu’eux, et plus de facilité pour les exprimer; sujet d’ailleurs à toutes les mêmes nécessités; naissant, vivant, et mourant tout comme eux.
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Moralité : quand c'est un peu polémique, n'hésitez pas à aller chercher le contexte, aujourd'hui tout est en ligne.