Il est possible qu'au moment des cathédrales une grande joie circulât, muette et naïve, du maître d'oeuvre aux artisans et d'un artisan à l'autre artisan. Il est possible qu'on se comprît alors d'un seul regard, ou simplement à l'attitude. Et peut-être que le message silencieux s'échangeait dans la salutation du matin, à l'heure spirituelle entre toutes.
Mais les mots de maintenant ne conviennent plus à ces choses, car ce sont les mots d'un monde divisé où les meilleurs vont tout seuls et où l'unité n'est concevable que dans la faim, la peur ou la cupidité. L'unité vivante du temps des cathédrales, c'était l'unité sur les sommets, on communiquait par la cime, et pour tout dire, on communiait.
Marius Grout
(In Musique d'Avent, p.135, Gallimard)