Et si on parle de climat:
http://www.les-crises.fr/climat-c-est-pire/
Lorsque j’ai témoigné au Sénat pendant l’été chaud de 1988, j’ai prévenu du type de futur qu’apporterait le changement climatique pour nous et pour notre planète. J’ai dépeint une image sinistre des conséquences d’une augmentation continue des températures, poussée par l’usage des combustibles fossiles par l’homme.
Mais j’ai une confession à vous livrer : j’étais trop optimiste.
Mes projections sur l’augmentation des températures mondiales se sont avérées justes. Mais j’ai échoué à étudier en détail la rapidité avec laquelle cette augmentation moyenne pousserait à une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes.
Dans une nouvelle analyse des dernières six décennies des températures mondiales, qui sera publiée lundi prochain, mes collègues et moi-même révélons une augmentation stupéfiante de la fréquence des étés extrêmement chauds, avec des ramifications troublantes pour non seulement notre futur mais également notre présent.
Il ne s’agit pas d’un modèle climatique ou d’une prédiction, mais des observations réelles des phénomènes météorologiques et des températures qui ont eu lieu. Notre analyse montre qu’il n’est plus suffisant de dire que le réchauffement climatique augmentera la probabilité des événements météorologiques extrêmes et de répéter la mise en garde qu’aucun événement météorologique ne peut être directement lié au changement climatique. Au contraire, notre analyse montre que, pour la chaleur extrême du passé récent, il n’y a quasiment pas d’autre explication que le changement climatique.
La fatale canicule européenne de 2003, la brûlante canicule russe de 2010 et les sècheresses catastrophiques au Texas et en Oklahoma de l’année dernière peuvent toutes êtres attribuées au changement climatique. Et une fois que les données seront recueillies dans quelques semaines, il est probable que la même chose sera vraie pour l’été extrêmement chaud dont souffrent actuellement les Etats-Unis.
Ces événements météorologiques ne sont pas simplement un exemple de ce que le changement climatique pourrait apporter. Ils sont provoqués par le changement climatique. La probabilité que la variabilité naturelle ait provoqué ces événements extrêmes est minuscule, extrêmement faible. Parier sur cette probabilité serait comme démissionner de son boulot et jouer au loto chaque matin pour payer ses factures.
Il y a vingt-quatre ans, j’ai inventé le concept de « dés climatiques » pour aider à distinguer entre la tendance à long-terme du changement climatique et la variabilité naturelle de la météo au fil des jours. Certains étés sont chauds, certain frais. Certains hivers brutaux, d’autres doux. C’est la variabilité naturelle.
Mais avec le réchauffement climatique, la variabilité naturelle est elle aussi altérée. Dans un climat normal sans le réchauffement mondial, deux côtes du dé représentent du temps plus frais que la normale, deux côtes seraient du temps normal, et deux côtés serait du temps plus chaud que la normale. En lançant les dés à répétition, ou saison après saison, on obtient une variation équitable de la météo au cours du temps.
Mais piper les dés avec un réchauffement climatique change les probabilités. On se retrouve qu’avec un côté plus frais que la normale, on côté moyen, et quatre côté plus chauds que la normale. Même avec le changement climatique, on observera de temps en temps des étés plus frais que la normale ou un hiver typiquement froid. Mais ne vous laissez pas tromper.
Notre étude approuvée par comité de lecture , publiée par l’Académie nationale des sciences, montre clairement que si la température mondiale moyenne a augmenté progressivement à cause du réchauffement climatique (jusqu’à 1,5 degrés au cours du siècle passé), les extrêmes sont en fait en train de devenir beaucoup plus fréquents et plus intenses dans le monde entier.
Lorsqu’on a représenté les changements de températures du monde avec une fonction gaussienne, nous avons observé que les extrêmes anormalement frais et, plus encore, les extrêmes anormalement chauds, sont en train d’être modifiés en devenant plus fréquents et plus sévères.
Le changement est tellement dramatique qu’un côté du dé doit maintenant représenter le « climat extrême » pour représenter la plus grande fréquence des événements météorologiques extrêmement chauds.
De tels événements étaient extrêmement rares. Des températures extrêmement chaudes recouvraient à peu près 0,1 % à 0,2 % du globe sur la période initiale de notre étude, de 1951 à 1980. Lors des dernières trois décennies, alors que les températures moyennes ont lentement augmenté, les extrêmes sont montées en flèche et maintenant recouvrent à peu près 10 % du globe.
C’est le monde que nous avons changé, et maintenant nous devons y vivre – le monde qui a provoqué la canicule en Europe qui a tué plus de 50 000 personnes et la sècheresse de 2011 au Texas qui a provoqué plus de 5 milliards de dollars de dégâts. Nos données démontrent que de tels événements deviendront encore plus fréquents et plus sévères.
Il est encore temps d’agir et d’éviter une détérioration du climat, mais nous perdons un temps précieux. Nous pouvons résoudre le défi du changement climatique avec l’augmentation progressive d’une taxe carbone sur les entreprises de combustible fossiles, redistribuée de façon identique à 100 % aux habitants. Ceci stimulerait les innovations et créerait une solide économie d’énergie propre avec des millions de nouveaux emplois. C’est une solution simple, honnête et efficace.
Le futur, c’est maintenant. Et il fait chaud.