Les grandes crises révèlent l’efficacité ou l’inefficacité d’une organisation. L’Union européenne fut défaillante lors de la crise économique de 2008. Elle fut défaillante lors de la crise migratoire de 2015, qui continue. Elle fut encore défaillante au début de cette crise sanitaire. Mais Bruxelles promettait de se rattraper sur les vaccins.
Pour ce faire, la Commission a centralisé les commandes et la répartition des vaccins. Résultat : tous les pays qui se sont organisés hors du cadre de l’UE s’en sortent mieux. Les Britanniques en sont à 12 millions de vaccinés. L’Allemagne a acheté des doses en plus de la commande européenne. La Hongrie s’est fournie auprès de la Russie et de la Chine. Pendant ce temps, de grands pays comme la France, l’Espagne et l’Italie plafonnent à 2 millions de vaccinés, pieds et poings liés par le dispositif de la Commission…
Et, comme toujours, lorsque les institutions européennes sont en échec, les bureaucrates cherchent des coupables : face à la lenteur des livraisons d’AstraZeneca, la Présidente de la Commission Ursula von der Leyen a décidé de rétablir temporairement la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord afin de bloquer les exportations vers le Royaume-Uni. Elle a ainsi rouvert avec une incroyable légèreté les plaies du conflit irlandais, alors même que cette frontière fut l’un des nœuds des négociations sur le Brexit. Mme von der Leyen s’est vite rétractée, essayant piteusement de rejeter la faute sur son commissaire au Commerce.
Soulignons par ailleurs l’absurde position de l’UE à l’égard de la Russie : depuis bientôt 7 ans, Bruxelles maintient un climat de quasi-guerre froide dont la France subit les principales conséquences, avec notamment la perte d’un marché important pour nos produits agricoles en raison des sanctions. En début de crise, nous fûmes obligés de faire appel à des avions russes pour assurer notre approvisionnement en masques. Et maintenant nous allons nous retrouver forcés de quémander un peu du vaccin russe Spoutnik V, après avoir douté de son efficacité.
Que penser alors que la pitoyable prestation du haut représentant de l’UE Josep Borrell à Moscou ces derniers jours ? Quel mélange d’arrogance et d’ignorance de sa part lorsqu’il a réclamé l’indulgence pour Navalny et l’accès au vaccin Spoutnik sans offrir aucune contrepartie ! Il est reparti sans rien obtenir et, pour camoufler cet échec cuisant, demande à présent de nouvelles sanctions. Il ajoute le grotesque à l’humiliation.
Opacité dans les contrats, incapacité à les faire respecter, retard dans les livraisons, diplomatie aussi dangereuse que ridicule… Ces fiascos à répétition montrent qu’il y a d’autant moins de stratégie européenne qu’il n’y a manifestement pas de stratège. Les Européens ne méritaient pas de subir ça en plus de la crise sanitaire.