Qui a dit que la science était affaire de gens ennuyeux? Alors qu'ils se dirigent vers une thèse de physique, trois étudiants anglais ont mis à mal cet adage répandu. Leur sujet d'étude? Le film Armageddon, sorti en 1998.
Ce blockbuster américain met en scène Bruce Willis, qui sauve l'humanité. N'écoutant que son courage, il se sacrifie pour faire exploser un astéroïde tueur sur le point d'entrer en collision avec notre planète bleue. Scénario scientifiquement plausible? Absolument pas selon ces trois étudiants en physique de l'université de Leicester. Dans l'histoire du film, un astéroïde est repéré en approche de la Terre, de la taille du Texas (soit une sphère de 1.000 km de diamètre). Celui-ci avance à une vitesse de 36.000 km/h. Pour éviter la catastrophe, des astronautes sont envoyés poser une charge nucléaire sur le «caillou» stellaire. En explosant, la charge crée deux blocs qui vont diverger et passer de chaque côté de la Terre en évitant l'impact.
Les étudiants ont repris ces données, et calculé l'énergie atomique nécessaire pour le succès de l'opération. Les résultats sont sans appel, même avec les incertitudes, la plus grosse bombe atomique jamais construite, une russe au doux nom de «Gros Ivan» testée en 1961, est 10 milliards de fois trop faible! Pour que la déviation de trajectoire soit suffisante, l'explosion devrait avoir lieu à environ 13 milliards de kilomètres, au lieu des 100.000 du film. Pour situer, cette distance correspond à peu près à la distance parcourue par les satellites Voyager 1 et 2, lancés il y a plus de trente ans… Or les astéroïdes sont des corps célestes très peu lumineux, donc difficiles à détecter dans l'espace. Même avec le télescope spatial Hubble, la tâche semble ardue. Non seulement nous n'avons pas la technologie pour faire exploser l'astéroïde, mais en plus il faudrait pouvoir le détecter bien plus tôt que prévu.
Sommes-nous tous condamnés pour autant?
Un détail du film attire l'attention: la taille de l'objet envisagé dans le film est gigantesque: pour exemple, les missions actuelles menées par la Nasa essaient de repérer les astéroïdes de plus de 100 m de diamètre. En fait plus de 500.000 objets connus circulent dans le système solaire grâce au projet NEAT (Near-Earth Asteroid Tracking), et 1.000 km de diamètre correspond à la limite de taille que les scientifiques se donnent pour différencier un astéroïde d'une planète. Toutefois, même un astéroïde d'une centaine de mètres pourrait ravager une ville ou provoquer un raz de marée.
Si la destruction pure et simple paraît difficilement réalisable, d'autres méthodes sont envisagées à l'heure actuelle. À la suite de l'annonce en 2004 de la menace d'Apophis, un astéroïde de 270 m qui avait une chance sur 5.500 de percuter la Terre en 2036 (mais le risque a été écarté depuis), la plus probable consiste à utiliser des «propulseurs» qui seraient attachés à l'astéroïde pour le faire dévier de sa trajectoire. Plus aléatoire, l'utilisation d'un laser surpuissant pour faire «imploser» l'astéroïde pendant sa course, à l'instar des avions de ligne équipés de laser pour détruire d'éventuels missiles. Les scientifiques ne manquent pas d'imagination, même si aucun système n'existe actuellement. Encore faut-il parvenir jusqu'à lui suffisamment tôt pour installer le petit matériel et réussir à se poser à sa surface.
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