« Je m’en voudrais, en ce 30 Mai 2012, de troubler l’euphorie de votre récent
succès aux élections présidentielles, tout autant que la joie de vos électeurs, et
l’espoir, après tout, des français, maintenant que vous êtes, pour cinq ans, le
Président de la République Française.
Aussi ai-je tenu à vous écouter de bout en bout, hier soir 29 Mai, lors de votre
interview sur TV5. Je nourrissais le vague espoir de voir définitivement tournée, la
politique de cirque de votre burlesque prédécesseur. À vous écouter, je me suis
rapidement surpris à m’interroger sur le bienfondé de mon attente. Il m’a fallu vite
déchanter. Je restais ébahi devant votre visage bon enfant, pendant que vous vous
permettiez de prononcer des jugements péremptoires, sur tout et sur tous, sans la
moindre nuance ni hésitation.
Mais quand je vous ai entendu parler de la Syrie et de son Président, j’ai bien cru
entendre la voix même des Maîtres qui vous ont juché sur ce premier poste de
France, dans l’unique but de mener à bien le projet de destruction de la Syrie, que
votre prédécesseur a été incapable de conduire jusqu’au bout.
Pour une première à la Télévision, c’en était bien une ! Je vous attends de pied
ferme, lors des tout proches désenchantements des français. Pour ma part, vieux
connaisseur de la France et des français, je me suis surpris à me dire: quelle
dégringolade depuis le départ du Général de Gaulle !
M. le Président, Avant de poursuivre, il est une coïncidence historique que je me dois
de vous signaler, et que vous ignoriez sans aucun doute. Sinon vous auriez évité de
vous laisser interviewer un 29 Mai! En effet, il est un autre 29 Mai, au cours duquel la
France s’est misérablement déshonorée.
C’était en 1945. En ce jour même, la France “MANDATAIRE”, s’est permis de
bombarder le Parlement Syrien à Damas, pour ensuite laisser ses soldats noirs,
assassiner les 29 gendarmes en poste dans ce haut-lieu de la démocratie. Le saviezvous
?
M. le Président, N’est-il pas temps pour la France, et donc pour vous-même, de
réfléchir pour de bon sur cette ignoble politique qui, depuis 1916, année des accords
aussi secrets que honteux, appelés depuis “Accords Sykes-Picot”, la conduit sur les
ordres du Sionisme, à détruire la Syrie et le Monde Arabe ? N’y avait-il de clairvoyant
et de noble, dans toute la France d’alors, que Mr Aristide Briand, Ministre des
Affaires Étrangères, pour avoir donné à votre Consul Général à Beyrouth, Mr
Georges Picot, en date du 2 Novembre 1915, en prévision de ces accords, cette
consigne claire et perspicace: “Que la Syrie ne soit pas un pays étriqué… Il lui faut
une large frontière, faisant d’elle une dépendance pouvant se suffire à elle-même” ?
Pour une Syrie “se suffisant à elle-même”, et telle que l’avait déjà tracée en 1910,
une carte géographique émanant de ce même Ministère des Affaires Étrangères,
vous devez savoir ce qu’il en fut, après qu’elle fût amputée, au Nord-Ouest de la
Cilicie, au Nord-Est de la région de Mardine, dans ce qui est l’Irak actuel, de
Mossoul, à l’Ouest du Liban, au Sud de la Jordanie et de la Palestine, pour être
décapitée en 1939, d’Antioche et du Golfe d’Alexandrette, offerts en cadeaux à la
Turquie !
M. le Président, Il est aussi une question capitale, que je me dois, en tant que citoyen
arabe de Syrie, de vous poser, ainsi qu’à tous les “leaders” occidentaux : « Pourquoi
vous faut-il systématiquement assassiner les peuples arabes et musulmans ? »
Vous l’avez déjà fait en dressant, entre 1980-90, l’Irak contre l’Iran, cet Irak, dont le
malheureux Saddam Houssein se faisait traiter de “Grand ami”, tant par Donald
Rumsfeld que par Jacques Chirac ! Ce fut aussitôt après, le guet-apens du Koweït,
entraînant la guerre contre l’Irak, suivi d’un blocus de (13) ans, qui a causé à lui seul,
d’après les rapports américains mêmes, la mort de 1.500.000 enfants irakiens! Ce fut
ensuite la chevaleresque “guerre contre le terrorisme”… en Afghanistan! Aussitôt
suivie d’une nouvelle guerre contre l’Irak.
Quant à l’immortelle épopée de l’Otan en Libye, conduite par “le général-philosophe”
Bernard Henri Lévy, elle vint à nouveau compléter ces horreurs, sous prétexte de
protection des droits de l’homme ! Et voici que depuis 15 mois, tout l’Occident
s’acharne contre la Syrie, oubliant une infinité de problèmes très graves, à
commencer par le Conflit israélo-arabe, qui menacent réellement la survie de
l’humanité !
Or toutes ces tragiques politiques occidentales, vous les pratiquez sans honte et
sans vergogne, sous couvert de tous les mensonges, de toutes les duplicités, de
toutes les lâchetés, de toutes les contorsions aux Lois et Conventions
Internationales. Vous y avez en outre engagé ces Instances Internationales, que sont
les Nations-Unies, le Conseil de Sécurité et le Conseil des droits de l’homme, alors
qu’elles n’ont existé que pour régir le monde entier vers plus de justice et de paix !
Seriez-vous donc, en Occident, en train de nourrir l’espoir stupide de mettre fin de
cette façon à l’Islam ? Vos savants et vos chercheurs ne vous ont-ils pas fait
comprendre que vous ne faites que provoquer un Islam outrancier, que vous vous
obstinez d’ailleurs à financer, à armer et à lâcher avec nombre de vos officiers, un
peu partout dans les pays arabes, et surtout en Syrie ? Ne vous rendez-vous pas
compte que ce faux islam se retournera tôt ou tard contre vous, au coeur de vos
capitales, villes et campagnes ?
Pour tout cela, laissez-moi vous rappeler, moi simple citoyen de Syrie, que cet islam
que vous armez et dressez contre le Monde Arabe en général, et la Syrie en
particulier, n’a rien à voir avec le véritable Islam, celui-là même que la Syrie a connu,
lors de la Conquête arabe, ainsi que l’Égypte et enfin l’Espagne. Faut-il vous
rappeler que les historiens occidentaux, dont des historiens juifs, ont dû reconnaître
que l’Islam conquérant s’est révélé être le plus tolérant des conquérants ?
Ou ne seriez-vous, leaders occidentaux, dans vos différents pays, repus d’opulence
et de “grandeur”, que les vils exécuteurs des projets sionistes, depuis ces fameux
Accords Sykes-Picot, et l’ignominieuse “Promesse Balfour”, jusqu’à ce jour, et pour
longtemps, semble-t-il, toujours empressés d’apporter à Israël, tous les soutiens
possibles, connus et secrets, à tous les niveaux, aussi bien politiques et
diplomatiques, que militaires, financiers et médiatiques?
Oui, pourquoi vous faut-il assassiner et détruire des peuples entiers, pour qu’ISRAËL
SEUL puisse enfin vivre et survivre ? Est-ce de la sorte que vous cherchez à réparer
votre terrible complexe de culpabilité vis-à-vis des juifs, dû à un antisémitisme plus
que millénaire et proprement occidental ? Vous faut-il le faire au prix de l’existence
même de ces peuples arabes et musulmans, au milieu desquels les juifs avaient
mené une vie quasi normale, faite de cordialité, voire de riche collaboration ?
Si mes interrogations vous paraissent exagérées ou outrancières, permettez-moi de
vous prier de lire ce qu’ont écrit sur l’emprise du Sionisme aux États-Unis, des
hommes comme John Kennedy et Jimmy Carter, et des chercheurs courageux et
connus, comme Paul Findley, Robert Dole, David Duke, Edward Tivnan, John
Meirsheimer, Stephen Walt, Franklin Lamb, et surtout Noam Chomsky.
Pour ce qui concerne l’emprise du Sionisme en Europe, je m’en tiens aujourd’hui à la
France seule. Vu la responsabilité qui est la vôtre, vous est-il permis d’oublier ou
d’ignorer ce qu’ont, si courageusement, écrit : Roger Garaudy, Emile Vlajki, Pierre
Leconte, Régis Debray, et surtout les juifs Michel Warshawsky, Stéphane Hessel,
Serge Grossvak et le Professeur André Noushi ?
Si par impossible, tous ces noms ne vous disaient rien, laissez-moi vous rappeler
quelques noms si connus en Israël même, qu’il serait malhonnête de les ignorer et
d’ignorer ce qu’ils ont osé dire depuis quarante, voire cinquante ans, et certains bien
avant la “création” d’Israël : Martin Buber, Albert Einstein, Yshayahou Leibowitz,
Israël Shahak, Susan Nathan, Tanya Rheinhart.
Pour finir, laissez-moi vous rappeler un texte trop connu pour passer inaperçu. Il date
du mois de février 1982. À lui seul, il constitue et condense l’implacable dictat
sioniste, imposé depuis des dizaines d’années, à toute la politique occidentale. Il a
paru dans la revue sioniste “KIVOUNIM”, publiée à Jérusalem. Il s’agit d’un article
intitulé “Stratégie d’Israël dans les années 1980″, et il porte la signature de Mr Oded
Yinon. Je me contente d’en citer un seul paragraphe, reproduit (p. 62) dans un livre
récent, intitulé “Quand la Syrie s’éveillera…”, paru à Paris, chez Perrin, en 2011. Ses
auteurs sont Richard Labévière et Talal El-Atrache. On y lit textuellement:
« La décomposition du Liban en cinq provinces, préfigure le sort qui attend le monde
arabe tout entier, y compris l’Égypte, la Syrie, l’Irak et toute la péninsule Arabe. Au
Liban, c’est un fait accompli. La désintégration de la Syrie et de l’Irak en provinces
ethniquement ou religieusement homogènes, comme au Liban, est l’objectif
prioritaire d’Israël, à long terme, sur son front est ; à court terme, l’objectif est la
dissolution militaire de ces États. La Syrie va se diviser en plusieurs États, suivant les
communautés ethniques, de telle sorte que la côte deviendra un État alaouite chi’ite;
la région d’Alep un État sunnite; à Damas, un autre État sunnite hostile à son voisin
du nord; les druzes constitueront leur propre État, qui s’étendra sur notre Golan peutêtre,
et en tout cas dans le Hourân et en Jordanie du Nord. Cet État garantira la paix
et la sécurité dans la région, à long terme: c’est un objectif qui est maintenant à notre
portée. »
Pr Elias Zahlaoui Eglise Notre Dame de Damas Koussour – Damas.
Source :
www.pressenza.com