Mussolini de gauche? Merci j'ai bien rit.
Parfait, à mon tour de rire alors.
Franco et Pinochet n'ont rien à voir idéologiquement et politiquement avec Mao, Staline ou même Hitler. Les premiers ont dirigé des dictatures à l'ancienne, celles qui veulent maintenir un pouvoir en place en faisant taire les opposants, alors que les seconds ont fondé des régimes totalitaires et voulaient créer "un nouvel homme dans une nouvelle société".
Le seul régime qui peut (éventuellement...) rentrer dans les deux catégories est le régime de Mussolini, mais parce qu'il a évolué au fil du temps. Il n'a jamais été fasciste et totalitaire en même temps, et si totalitaire il a été, ce n'était que de manière éphémère. A t-il été les deux ou a t-il été autre chose ?
Raymond Aron (qui est surement un con hein, comparé aux Lumières du fopo, les markus/gaucho2 et compagnie) affirme lui que "l'Italie mussolinienne n'a jamais été totalitaire car jamais les intellectuels et universités ne furent mis au pas, même si leur liberté d'expression était réduite" (Commentaire, 1979). En effet, la vie culturelle dans l'Italie mussolinienne était relativement libre (architecture moderne, art futuriste, censure cinématographique pas aussi présente qu'on veut nous le faire croire, etc...).
Fin des années 1920, Pierre Milza (surement un autre crétin inculte, pas vrai Ma Référence ?) a prouvé la publication d'écrits antifascites. Bref, si on regarde idéologiquement les régimes fascistes et les régimes totalitaires, on s'aperçoit que les régimes fascistes sont d'essence anticléricale, socialiste, écologiste (c'est Hitler qui a fait les premières lois écologistes, messieurs et dames d'EELV vous devriez y songer), révolutionnaire sur un plan national et basée sur une économie industrielle, alors que des régimes comme ceux de Pinochet, Franco, ou même ceux de Salazar et Pétain (eh oui...) sont cléricaux, réactionnaires, avec une certaine portée monarchiste. Tous les opposent, mais à force de tout vouloir mettre dans le même sac on finit par raconter n'importe quoi.
Emilio Gentile insiste d'ailleurs fortement sur la rupture entre "dictatures du passé" et "nouveau fascisme". Mais passons, lui aussi c'est surement un abruti.
Malraux disait lui-même que de Gaulle avait été sauvé du fascisme par le christianisme. Doit-on rappeler de quoi de Gaulle fût insulté après-guerre, et à qui il fut comparé, tout comme certaines personnes de son entourage ? Malraux était surement une pourriture, pas vrai Dictateur ?
Les communistes, à force de comparer tous leurs adversaires à des fascistes (conseil de Staline), ont détourné l'Histoire, si bien qu'on ne sait plus aujourd'hui ce qu'est un fasciste. Être fasciste est devenu une insulte, le mal absolu, Satan, Lucifer, que sais-je encore, alors qu'à la base c'est une notion historico-politique plus que complexe. Qui, dans ce monde de foufous idéologues sait encore que l'Allemagne nazie a attaqué la Pologne fasciste de Piłsudski ? Qui se rappelle que l'Italie fasciste a attaqué la Grèce totalitariste de Metaxas ? Je rappelle un fait qui hérisse les poils des communistes, mais il faut se souvenir que les communistes et les nazis étaient alliés et ont collaboré ensemble jusqu'en juin 1941 : la publication de l'Humanité en zone occupée était gérée par les nazis. Les communistes et hommes de gauche dans la Collaboration étaient d'ailleurs légions. Petit aparté.
Simon Sabiani (1888-1956).
Il adhère à la SFIO en 1919. Il commande des groupes musclés qui sèment le trouble dans les réunions électorales de la droite, empêchant ainsi Léon Daudet, un des leaders de l'Action française, de prendre la parole à Marseille (). Sabiani passe au Parti communiste en 1920 mais s'en sépare en 1923 pour rejoindre l'éphémère Union socialiste-communiste qui tente de se faire une place entre les deux partis marxistes. Devenu socialiste, il est élu député en 1928.
Il participe en mari 1933 à un grand rassemblement de lutte contre les persécutions hitlériennes. "L'accession des nazis au pouvoir l'inquiète. Afin de protester contre les sévices dont sont victimes, en Allemagne, les juifs, il organise à l'Alcazar un grand meeting contre l'antisémitisme", écrit Jean-Baptiste Nicolaï. Sabiani demande aux dockers de Marseille de ne pas décharger les "navires boches" : il prône le boycott des produits allemands pour lutter contre le nazisme ().
Sabiani passe au PPF et comptera parmi ses dirigeants les plus fidèles.
"Ils ont tué Jeanne d'Arc et torturé Napoléon", clame-t-il contre les Anglais en 1941 (). Il s'illustrera pendant la guerre par un fanatisme que la mort de son fils François, engagé dans la LVF et tué sur le front russe en juin 1942, portera à l'extrême. Ses équipes traquent les résistants et les juifs qui tentent d'échapper aux persécutions. Condamné à mort par contumace à la Libération, Sabiani se réfugiera en Argentine et en Espagne.
Jacques Doriot progresse très vite dans la hiérarchie communiste. Il séjourne plusieurs fois à Moscou, et prend part aux travaux des plus hautes instances du Komintern. Orateur de choc, meneur d'hommes et militant exemplaire, il dirige les Jeunesses du parti depuis 1923. Il s'illustre par son antimilitarisme lors de l'occupation de la Ruhr (1923), par son anticolonialisme lors de la guerre du Maroc (1925). Il est élu député en 1924 et le restera jusqu'en 1937. Il est maire de Saint-Denis depuis 1931. Il est l'une des figures les plus marquantes de cette génération intransigeante et combative issue en droite ligne de la Révolution d'Octobre.
Doriot, en septembre 1940, stipule que "l'Europe qui a subi tant de malheurs de leur fait, décidera sans doute de se séparer des juifs. Elle leur assignera un territoire lointain, où, enfin jetés, ils réfléchiront à loisir sur les inconvénients qu'il y a à provoquer des guerres pour le bon plaisir d'Israël (Jacques Doriot, Il faut régler la question juive, 7 septembre 1940). Il commente avec satisfaction le premier Statut des juifs en octobre 1940 : "Israël n'est pas content. Le gouvernement français vient de le remettre en place. Entre nous, les juifs n'ont pas volé ce qui leur arrive aujourd'hui. La France leur avait généreusement ouvert ses portes. L'affaire Dreyfus avait tourné à leur avantage." (Le statut des juifs, Le Cri du peuple, 21 octobre 1940).
Il durcit le ton dans un discours du 4 mai 1941, devant un congrès PPF, prônant une collaboration active avec l'Allemagne et n'excluant pas que la France prenne part à la guerre contre l'Angleterre. Il revendique le pouvoir pour les "révolutionnaires" devant une salle qui scande "Doriot au pouvoir !".
Dans un discours de la fin mai, il déplore que Marseille et Cannes commencent à ressembler à Tel-Aviv de la belle époque. Il évoque "le retour à la terre des juifs au moyen des camps de concentration", puis insiste sur l'importance des "mesures raciales" qui doivent compléter ces "mesures politiques".
Maurice-Ivan Sicard (1910-2000), le futur Saint-Paulien, est l'un des rares dirigeants du PPF à ne pas avoir été membre du Parti communiste. Il est originaire de l'extrême-gauche antifasciste, certes, mais il n'est pas passé par le communisme. Il jouera un rôle important dans la direction du PPF. Très proche de Jacques Doriot, il le verra même partir, le 22 février 1945, au matin, vers son dernier voyage.
Sicard collabore à divers journaux dans la première moitié des années 1930. Il se fait connaître par l'âpre polémique qui l'oppose à Roland Dorgelès après la non-attribution du Goncourt au Voyage au bout de la nuit de Céline en 1932. Mais c'est en parcourant la petite publication pamphlétaire qu'il anime, le Huron, qu'on recueille les indications les plus significatives sur ses positions politiques initiales. Le Huron est une feuille pacifiste d'ultra-gauche qui, assez confusément, propage un message anti-bourgeois et révolutionnaire.
Sicard est violemment antinazi en 1933. Son journal traite Hitler de "fantoche", dénonce les atrocités des Chemises brunes et condamne "cette odieuse régression de l'antisémitisme". Dans un article sur la Commune de Paris, Sicard tire la leçon des évènements de 1871 : les travailleurs doivent présenter un front uni face à leurs adversaires, faute de quoi la réaction et le fascisme l'emporteront à nouveau, comme dans l'Allemagne de 1933.
C'est que Sicard bascule vite et fort. Il prône en 1936 le rapprochement franco-allemand, attaquant les juifs, lesquels cette fois, selon lui, poussent à la guerre. "Si le juif prend parti pour le gros, tant pis pour lui", menace-t-il après avoir bien précisé qu'il n'était pas antisémite. Sicard suit Doriot quand il crée le PPF en 1936. Il dirige d'abord la presse des jeunesses doriotistes puis devient en 1938 rédacteur en chef de L'Emancipation nationale, l'organe du parti. Il se prononce, en 1939, pour la défense de la "race française", et contre "l'apport d'un sang donné par des créatures appartenant à la pouillerie de l'Europe et aux ghettos de l'Orient".
Outre Doriot, le premier bureau politique du PPF, en 1936, comprend sept membres dont six anciens communistes (Barbé, Marschall, Abremski, Teulade, Arrighi, Marion) et un seul homme de droite, Paringaux, venu des Croix-de-feu. Les proportions vont varier pendant la guerre et la part des gens venus de la droite et de l'extrême-droite tendra à augmenter. Le "directoire" que Doriot laisse derrière lui en 1943 comprend cinq originaires de l'extrême-gauche, communiste ou autre (Barthélémy, Sabiani, Marschall, Lesueur, Sicard) sur un total de neuf membres. L'extrême-droite nationaliste (Action française et Croix-de-feu notamment) occupe une place qui est loin d'être négligeable dans ses sources de recrutement, mais ce sont les ex-communistes, auxquels s'associent divers éléments de gauche et d'extrême-gauche, qui maîtrisent ce parti lequel est, à la fois, le plus nombreux le plus puissant et le plus nazi de tous les mouvements collaborationnistes.
Source : Simon Epstein, Un paradoxe français
Rappelons aussi que les rares communistes à être entrés dans la Résistance dès 1940, comme Charles Tillon et son Appel du 17 juin, étaient recherchés par les communistes collaborateurs qui souhaitaient les tuer. Tillon s'est planqué un an comme ça jusqu'en juin 1941. Le pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne nazie n'en était d'ailleurs pas un : Hitler ne faisait pas confiance à Staline malgré le travail effectué par Ribbentrop, par exemple.
Petit aparté sur la place de l'URSS. Staline disait que "le fascisme et le communisme étaient les deux revers d'une même pièce". Le communisme a tourné au fascisme avec Staline, qui était autant nationaliste qu'Hitler. Rodzaevski, un fasciste russe issu de la dure, a reconnu comme Staline comme un des siens... tout comme Drieu ou même Brasillach.
Je sens que certains vont me sortir une liste de nom de politiques de droite dure qui s'assumaient comme des fascistes, comme Degrelle, mais cela fait-il du fascisme un régime de droite dure ? Non, ça ne prouve rien. Que des personnes de droite et d'ED adhèrent à un régime fasciste ne fait pas du fascisme une idéologie d'ED. Il faut voir dans quelles racines est né et s'est construit le fascisme.
Le fascisme c'est avant tout le socialisme national, la gauche non-marxiste dans ce qu'elle a de plus complexe et de plus abouti. Le fascisme a bien ses racines dans la gauche parlementaire : Crapez l'explique très bien en donnant les exemples de Proudhon et son antisémitisme, Blanqui l'antisémite antichrétien, Malon, Regnard, etc... Hitler et Mussolini (qui était membre du Parti socialiste italien rappelons-le) n'ont pour ainsi dire rien inventer ! D'ailleurs la République sociale italienne est bien un régime de gauche (programme de nationalisation des entreprises, et présence de personnes de gauche dans la haute sphère dirigeante comme Bombacci ou Cione).
D'autres noms ? Oswald Mosley, fondateur du BUF, était au Parti travailliste. Vidkun Quisling était à la base un homme de gauche convaincu, sympathisant du bolchevisme, membre du Parti communiste norvégien, avant de devenir la crapule que l'on sait. Bref... :
Tous les partis fascistes ont pour source la gauche parlementaire. Certains historiens supposent même qu'Hitler ait été, certes, de manière très brève membre du SPD. Faudrait que je retrouve tout ça.
A l'inverse, des régimes comme ceux de Franco ou de Pinochet ont combattu les fascistes, justement. Rappelons que Manuel Hedilla, membre de la Phalange espagnole, a tenté un coup d'Etat contre Franco, et qu'il fut condamné par le régime. Je ne parle pas de Francisco Rolao Preto, des Chemises bleues irlandaises, du Parti des Croix fléchées hongroises, ou du Mouvement de Lapua en Finlande, parce qu'on va pas tous les faire. Pour le fascisme à la française, j'ai déjà parlé plein de fois de Doriot, Déat (qui se voyait comme l'héritier de Jean Jaurès) ou Bergery pour en reparler ici. Pour cela, il y a le très bon livre de Simon Epstein, Un paradoxe français.
Renaud chantait "le fascisme c'est la gangrène à Santiago comme à Paris". Certains ont sans doute pris cette phrase pour un cours d'Histoire, mais il n'en est rien.
Quand supermikou vous prétend que les communistes étaient les seuls résistants en 40, ou quand un type d'EG vous insulte de fasciste car vous êtes plus à droite que lui, balancez lui cette petite liste de noms, ça le calmera... Méthode testée et approuvée.
Et on conclut avec une jolie citation : "Les fascistes demain se feront appelés les anti-fascistes", Churchill
Gareb' vainqueur par ko. Merci au revoir. 8)