Si c'est le cas, ce sera une autre perte de temps. Dans une guerre, les premiers frappes doit viser les dépôts d'armes et de minutions ainsi que les usines qui pourraient en fabriquer. Combattre les Islamistes sans attaquer l'idéologie qui les fabriquent, démontre le manque de sens stratégique des politiciens.
Je pense au contraire qu'AQMI s'est enfermée dans une région très vulnérable.
1. Pour une fois, ses ennemis savent où elle se trouve. Ce groupe échappait aux forces armées en voyageant à travers les frontières des Etats les plus médiocres et les plus faibles de l'Afrique occidentale. Il vient de se baser au coeur du nord malien. C'est une région sans couverture contre l'espionnage aérospatial, les nuages y sont rares et la végétation, peu épaisse. De plus, les locaux les haïssent désormais et ne manqueront pas de dénoncer leurs pistes.
2. Elle dispose de peu de portes de sorties : l'Occident peut aisément lui fermer les frontières libyennes (et jusqu'au-delà, le semblant d'Etat libyen étant naturellement ennemi des anciens obligés de Khadafi, obligé envers l'Occident qui l'a aidé à renversé Khadafi et de toute manière incapable de contrôler ou de vérifier ce qui se passe à ses frontières méridionales), ainsi que celles de tous les petits pays alliés voisins. Seul l'Algérie renâcle à participer à une action conjointe et pouvait laisser les bandits regagner leur pays.
La déclaration gouvernementale française semble indiquer que l'Algérie est désormais prête à participer à la chasse en interdisant ses propres frontières aux émigrés d'AQMI.
3. Enfin, la "plus puissante des organisations d'al-Qaeda encore existantes", selon un chroniqueur d'iTélé la semaine dernière (c'est dire si les autres sont très faibles), présente les mêmes handicaps que sa glorieuse consoeur dirigée par Ben Laden : peu de combattants minés par les rivalités tribales et politiques internes, publiquement déshonorés par un banditisme désavoué par l'islam et dépourvus de toute assise territoriale.
Localisée, acculée comme des rats par vanité (celle de tenter de s'imposer géographiquement alors que sa nature même le lui interdit) et en déni de ses nombreuses faiblesses, je crois qu'AQMI vit ses heures les plus critiques.
De toute manière, ces bandits ont toujours plaidé à contre-temps, depuis que le gouvernement algérien les regroupa contre le FIS et les Algérois durant la seconde guerre civile et jusqu'à leur survie à Ben Laden en passant par leur regain décalé au Maghreb alors que le djihadisme sunnite international se faisait ronger entre les frappes pro-occidentales (Afghanistan, Irak, Pakistan) et la renaissance chiite (Irak, Hezbollah, Ahmadinejad).
De même que les Maghrébins restent méprisés par les Arabes comme leurs ploucs historiquement arriérés ("ils subissent l'évolution du monde arabe avec plusieurs décennies ou siècles de retard et n'ont même pas fini d'apprendre l'arabe"), AQMI poursuivait la lutte d'arrière-garde d'une tendance politique déjà démodée par un décalage de plusieurs années.
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