On n'échappe pas au principe de réalité et preuve en est aujourd'hui du démenti cinglant que le conseil régional d'Île-de-France vous assène en délocalisant son centre d'appels au Maroc après avoir lâché son prestataire Webhelp qui traitait les appels en France. On est toujours trahi par les siens !
Soyez rassuré, car tous les les ministres de l’Emploi qu’ils soient de droite ou de gauche cherchent la poule aux œufs d’or, celle qui pondra ses emplois en France. C’est ainsi que les centres d’appels reviennent régulièrement sur le devant de la scène.
Alors oui, Monsieur le ministre, les entrepreneurs de cette profession ne demandent qu’à relocaliser. Je suppose que votre déclaration d’intention ne constitue pas qu’un vœu pieux et que vous allez enfin prendre conscience de ce qu'il faut pour que ces entreprises soient viables en France.
C 'est une bonne occasion de réfléchir aux impératifs de l’économie de marché dans un monde ouvert. L’occasion de comprendre la complexité de la relation client / fournisseur ; l’occasion de réfléchir à ce que peut l’Etat réellement : ce qu’il peut « imposer » ou quelles conditions favorables il peut créer.
Parlons d’abord des clients « donneurs d’ordre » qui lancent des appels d’offre en imposant souvent eux-mêmes « l’off-shore » à leurs fournisseurs et mettant même parfois les pays de sous-traitance en compétition, le conseil régional d'Île-de-France présidé par un socialiste qui ne recule même pas sa décision de délocaliser totalement apparemment à vos tentatives médiatiques face a cette profession en est l' illustration narquoise.
Un entrepreneur a pour première mission de répondre à la demande de son client, même si ce client veut payer le moins cher possible pour un service d’assistance téléphonique qu’il ne facture pas aux consommateurs (perversité de la loi qui impose de ne pas taxer le temps d’attente dans l’intérêt du consommateur ?). Il faut choisir entre le consommateur et la viabilité du service.
L’Etat est, au-delà de cet exemple malencontreux, l'actionnaire de certains groupes qui utilisent des centres d’appels à l’étranger et c’est pour cela certainement que vous envisagez d’imposer à ces derniers que le service client soit traité dans l’hexagone. Pourquoi pas, c’est votre droit d’actionnaire et peut-être une contrainte du cahier des charges de sous-traitance. Mais il faudra de toutes façons prendre en compte la réalité économique de ce secteur : oui, les centres d'appels vont chercher ailleurs, entre autres la flexibilité que le contexte social français refuse aux entreprises.
Pour les faire revenir, il faut aussi s’arrêter de s’indigner sur le métier lui-même, sur le statut et sur la nature même du travail exercé par les télé-conseillers , sur les effectifs des salariés de ces sociétés de service qui sont par définition non-stables, sur les salaires à peine plus hauts que le SMIC : Oui, il s'agit de « bas salaires » pour des salariés Bac + 2 (en "histoire", "théâtre" (sic), littérature, droit) qui n’ont pas ou peu de débouchés sur le marché du travail…
http://www.atlantico.fr/decryptage/lettre-ouverte-arnaud-montebourg-sophie-menthon-433807.html