Yasser Arafat a-t-il été assassiné ?
Amnon Kapieliouk - Le Monde Diplomatique - novembre 2005
... Empoisonnement ? Les autorités israéliennes qualifient de « stupides » et de « mal intentionnées »de telles accusations. Du côté palestinien, on rappelle la tentative d’assassinat à Amman, le 25 septembre 1997, d’un des dirigeants du Hamas, M. Khaled Meshal : deux agents du Mossad lui avaient injecté, en pleine rue, un poison dans l’oreille. Fou de rage, le roi Hussein exigea qu’Israël fournisse immédiatement le contrepoison, faute de quoi il prendrait la responsabilité d’une crise majeure entre les deux pays. Le premier ministre Benyamin Nétanyahou accepta de livrer l’antidote et, pour calmer le jeu, libéra soixante-dix prisonniers palestiniens, dont Cheikh Yassine.
Comparaison n’est pas raison : les médecins de l’hôpital Percy affirment, dans leur rapport, ne pas avoir trouvé de traces de poison connu. Ils ont, de surcroît, demandé à deux autres laboratoires – ceux de la gendarmerie et des armées – d’en rechercher : en vain. Toutefois, certains experts estiment qu’on peut fabriquer facilement des produits toxiques non répertoriés, dont certains disparaissent après avoir fait leur effet...
Des dirigeants israéliens, dont M. Ehoud Barak, n’envisagent l’élimination physique du président palestinien que si celle-ci ne laisse « aucune empreinte israélienne ». D’où le recours à un poison indétectable : « C’est sans doute ce qui s’est passé », assure-t-il. Un journaliste israélien chevronné, qui préfère lui aussi conserver l’anonymat, a raconté à plusieurs confrères que, à peine la maladie du chef palestinien connue, il était persuadé que le raïs avait été empoisonné. Plus : trois personnalités du secteur de la sécurité auraient discuté avec lui, séparément, de la meilleure méthode à utiliser pour en finir avec Arafat, et seraient arrivées à la même conclusion : le poison. C’était au début de 2004...
Médecin des rois hachémites, le Jordanien Ashraf Al-Kourdi suivait également Abou Ammar, dont il connaissait par cœur le dossier médical. Lui aussi, peu après le décès de son patient, déclara percevoir des indices d’empoisonnement. Il avait examiné Arafat durant la phase critique de sa maladie, avant son transfert en France, et ignorait tout des problèmes sanguins qui l’auraient terrassé. C’est pourquoi il exigea la création d’une commission d’enquête indépendante pour procéder enfin à une autopsie qui déterminerait les causes de sa mort. Douleurs dans les reins et l’estomac, absence totale d’appétit, diminution des plaquettes, perte de poids considérable, taches rouges sur le visage, peau jaune : « N’importe quel médecin vous dira qu’il s’agit là de symptômes d’empoisonnement (7). »Seule une telle commission permettrait, en effet, de savoir si, oui ou non, Arafat est mort assassiné (8).
http://www.pourlapalestine.be/dico/detail.php?r=156