match nul ou défaite: RSA
Victoire: SMIC
avantages en nature: Bus de fonction, hôtel formule 1 offert avec petit déjeuner, tenue de travail offerte, EPI offert (protège tibia, garde du corps, lentilles de contact, CMU, etc...)
Plus simplement leur faire une preparation comme les rugbyman de l'équipe de France :
Avec les Bleus chez les commandos
Valeurs actuelles | 27 juillet 2007
Le XV de France vient de suivre un ministage au Cnec de Mont-Louis. Les méthodes militaires peuvent-elles servir aux sportifs ? Reportage.
Jeudi 19 juillet, 7 h 45. À l’arrière des camions, les visages sont encore couverts de peintures de camouflage. La nuit a été longue et les jeunes militaires sont visiblement épuisés. Les yeux hagards, ils jettent à peine un regard à la vingtaine de bérets rouges qui, ce matin, a pris position à l’entrée nord de la citadelle de Mont-Louis.
C’est ici, au cœur des Pyrénées, qu’est installé le Cnec, le Centre national d’entraînement commando de l’armée française. Ordre a été donné de maintenir à distance les éventuels curieux, mais il n’y a en fait guère plus de trois ou quatre badauds lorsqu’apparaît le bus de l’équipe de France de rugby, précédé d’une voiture de gendarmerie. Léger moment d’effervescence. Il pénètre dans la zone militaire, puis s’immobilise quelques centaines de mètres plus loin, au pied du mur d’enceinte.
Voilà le XV tricolore désormais dans la place. Durant un peu plus de vingt-quatre heures, les joueurs vont se retrouver entre eux, séparés de leur staff technique, accompagnés de leur seul médecin. Objectif : renforcer la cohésion du groupe et permettre à chacun de repousser ses limites.
Ce passage au Cnec, décidé par l’encadrement de l’équipe, vient clore une semaine d’oxygénation et d’entraînement dans la station de Font-Romeu et marque la fin de la première phase de préparation à la Coupe du monde, qui se tient à l’automne en France. Le programme a déjà été expérimenté par le Stade toulousain et le XIII catalan ces derniers mois. Mais rien de ce qui les attend n’a été divulgué aux vingt-sept joueurs de l’équipe de France présents (trois autres sélectionnés ont été contraints de rester à Font-Romeu).
Les premières épreuves sont destinées à les mettre en situation de stress croissant, face à des défis de plus en plus exigeants sur le plan psychologique. C’est ce à quoi servent les “pistes d’audace” qui jalonnent chaque côté de la citadelle. En jargon militaire, elles désignent de longs parcours d’obstacles en hauteur. Il faut appréhender le vide, dominer son vertige.
Les rugbymen se révèlent très vite meilleurs que ce à quoi s’attendaient les militaires. Meilleurs que bien des pensionnaires du Cnec. « Ils sont excellents », reconnaît un instructeur dès la fin de matinée, tandis que la Patrouille de France en exercice lâche ses couleurs au-dessus de la citadelle. Entre soldats et sportifs, la greffe semble prendre à merveille. Une bonne partie des joueurs n’a pas connu le service national et découvre pour la première fois les mœurs de l’armée, mais ils retrouvent un certain nombre de valeurs qu’ils ont l’habitude de mettre en pratique sur les terrains : engagement, effort, résistance, maîtrise de soi…
Plus étonnant encore est ce climat de franche camaraderie qui, au fil des heures, s’installe. Ambiance potache sous le regard amusé des stagiaires militaires, qui en profitent pour se prendre en photo au côté des joueurs. Dans les douves, résonnent les rires de l’ailier Christophe Dominici, l’un des vétérans de la sélection tricolore, bien décidé à chahuter ses camarades. « Ça nous détend », lâche le deuxième ligne Fabien Pelous, qui, avec ses 110 sélections en équipe de France, sait l’importance d’une bonne préparation faite de sérieux et de fous rires.
L’enjeu du stage : renforcer l’esprit d’équipe
Mais ce stage est loin d’être une simple récréation. Dans l’après-midi, les joueurs sont dirigés vers la piste noire, sur la façade est de la citadelle. Deux épreuves ont été préparées pour eux : une tyrolienne depuis le haut des remparts et, surtout, la fameuse poutre, à peine plus large qu’un pied, suspendue à quinze mètres de hauteur. À son extrémité, les stagiaires n’ont pas d’autre solution que de sauter au-dessus du vide pour rejoindre une tourelle d’angle.
C’est au tour de Yannick Nyanga, troisième ligne, de s’élancer. De tous, il est celui qui craint le plus ces acrobaties haut perchées. Durant plusieurs dizaines de secondes, il reste en équilibre, incapable d’avancer, le corps secoué de tremblements. Puis lentement, commence à faire un pas. Au sol, le lieutenant-colonel Duffieux, commandant en second du Cnec, observe attentivement. « Il ne va pas tomber, car plus il y a de danger, moins il y a d’accidents, commente-t-il. C’est l’instinct de survie. » Nyanga finit par atteindre le bout de la poutre et accroche la tourelle, sous les applaudissements de plusieurs dizaines de promeneurs. « Voilà tout l’intérêt symbolique de cet obstacle, poursuit le lieutenant-colonel Duffieux. Il faut imaginer les joueurs dans le dernier quart d’heure du match : ils sont dominés au score, mais rien n’est encore perdu. C’est exactement ce qu’on vient de voir. »
Les prouesses individuelles sont-elles pour autant suffisantes sur un terrain ? Évidemment pas. L’autre enjeu principal du stage est de renforcer l’esprit d’équipe.
La première épreuve de cohésion se déroule sur le lac de Matemale, à une dizaine de kilomètres au nord de Mont-Louis. Les joueurs doivent parcourir quatre kilomètres en kayak. Puis ils sont emmenés au cœur des montagnes, pour des exercices de nuit et une initiation à la survie. « On nous a appris à faire du pain et à allumer un feu, avec des champignons et une sorte de chardon », décrit le deuxième ligne Sébastien Chabal, 1,92 mètre et 106 kilos de muscles, cheveux longs et barbe hirsute, qui lui valent le surnom d’“Attila”. Dans son treillis, il a des allures de mercenaire.
Au Cnec, le spécialiste de la survie est l’adjudant-chef Joël Chassagne. Cette nuit-là, les joueurs sont les derniers à recevoir ses conseils en tant qu’instructeur. À 42 ans, après cinq ans passés à Mont-Louis, lui qui est aussi champion de sauvetage en mer (vingt-sept fois médaillé aux championnats de France) a choisi de raccrocher. « C’était mes derniers élèves et ils m’ont vraiment impressionné », confie-t-il. Mieux, appuie l’adjudant Luc Jaunet, lui aussi instructeur, « ils ont complètement adhéré à notre système ». Alors que le staff avait exclu toute nuit à la belle étoile, les joueurs décident au contraire de vivre l’expérience à fond. « C’est important de se retrouver comme ça entre nous, sans les coaches, ni les journalistes, ni le public », explique l’arrière Clément Poitrenaud. « C’est très bien que cette décision soit venue d’eux, car une fois sur le terrain, c’est aussi eux qui décident », se réjouit Bernard Laporte, le sélectionneur.
Le vendredi matin, après seulement quelques heures de sommeil, les dernières épreuves collectives confirment cet état d’esprit. Les joueurs doivent évoluer à cheval sur des cylindres de métal, sac au dos et fusil en bandoulière. Soudain, le massif pilier de Bourgoin-Jallieu Olivier Milloud, 104 kilos sur la balance, perd l’équilibre et se retrouve suspendu sous la barre. Les militaires s’approchent, prêt à le rattraper. « Ne l’aidez pas, on va y arriver », leur lance le deuxième ligne Jérôme Thion. En quelques minutes, la difficulté est surmontée.
Ce ministage portera-t-il les fruits attendus ? Tous, en tout cas, se disent satisfaits de l’expérience. Il reste maintenant six semaines avant le match d’ouverture entre la France et l’Argentine. Après un week-end de repos, le XV de France est entré lundi dans une nouvelle phase de préparation. Purement sportive, cette fois.
Christophe Plotard
http://plotard.christophe.perso.sfr.fr/ ... mmando.htm