Quel intérêt historique peut bien avoir un poème écrit en période républicaine ?
Pas moins, pas plus que les verbiages royalistes écrits sous notre république.
Dans le présent poème, petit chef d'oeuvre littéraire, il s'agit du roi Louis XI. Puisque vous réclamez plus d'antériorité, en voici un autre fort célèbre :
"Ballade des Pendus.".
Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez les cuers contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous povres avez,
Dieu en aura plus tost de vous mercis .
Vous nous voiez cy attachez cinq, six :
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pieçà dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !
Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir desdaing, quoy que fusmes occis
Par justice. Toutesfois, vous sçavez
Que tous hommes n'ont pas bons sens rassis;
Excusez nous, puisque sommes transsis ,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale fouldre.
Nous sommes morts, ame ne nous harie ;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !
La pluie nous a debuez et lavez,
Et le soleil desséchiez et noircis;
Pies, corbeaulx, nous ont les yeux cavez ,
Et arrachié la barbe et les sourcis.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie ,
Plus becquetez d'oiseaulx que dés à couldre.
Ne soiez donc de nostre confrairie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !
Prince Jhesus, qui sur tous a maistrie ,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A luy n'ayons que faire ne que souldre .
Hommes, icy n'a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !
François VILLON
http://lettres.ac-rouen.fr/francais/mai ... xtes3.html
J'aime bien les poèmes de Théodore de Banville. Voici l'un de mes favoris (un très beau travail sur les sonorités) :
"Le Thé.".
Miss Ellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise,
Où des poissons d’or cherchent noise
Au monstre rose épouvanté.
J’aime la folle cruauté
Des chimères qu’on apprivoise :
Miss Ellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise.
Là, sous un ciel rouge irrité,
Une dame fière et sournoise
Montre en ses longs yeux de turquoise
L’extase et la naïveté :
Miss Ellen, versez-moi le Thé.
Théodore de Banville
http://www.poetica.fr/poeme-392/theodor ... le-le-the/
Retour au sujet, avec plus de modernité : "Strange fruit" par Billie Holyday :
s9FZMHNhJ80
http://www.youtube.com/watch?v=s9FZMHNhJ80