La publication du livre que j’ai écrit avec Daniel Pipes, « Face à l’islam radical », m’a valu des remarques diverses.
Certaines ont porté sur le fait que nous y défendons l’idée, déjà développée par Daniel Pipes dans plusieurs textes, que le problème majeur aujourd’hui tient non pas à l’islam en soi, mais à l’islam radical, et qu’un islam modéré peut émerger.
Le livre répond à cette objection : l’islam radical représente un dogme multiforme des temps modernes, mais n’incarne pas l’islam. Par ailleurs, il a existé, par le passé, des courants modérés au sein l’islam, et il existe aujourd’hui des penseurs musulmans s’interrogeant sur les maux qui rongent l’islam.
Il ne découle pas de cela que l’islam en lui-même ne pose pas de problème, cela va de soi. Mais il en ressort un axe stratégique, qui consiste à ne pas rejeter tous les musulmans et à ne pas les mettre tous dans le sac totalitaire que constitue l’islam radical. Tout cela est expliqué en détail dans notre ouvrage.
D’autres remarques, se situant à l’extrême opposé, ont qualifié le livre d’ « islamophobe ». Elles ont émané de personnes de gauche vivant en Europe. Elles m’ont montré que l’intoxication mentale dont souffre la gauche européenne est décidément bien ancrée.
Faut-il le répéter ? Critiquer l’islam, dénoncer sa dimension totalitaire qu’incarne l’islam radical, consiste simplement à exercer la logique et la rationalité qui sont censées prévaloir dans les sociétés ouvertes depuis le temps des Lumières. Au nom d’un antiracisme fourvoyé, qui a inventé une race musulmane, et au nom d’une tolérance, qui est utilisée comme masque de l’intolérance la plus effroyable, c’est la logique et la rationalité que l’on cherche à abolir, et, avec elles, les principes fondateurs des sociétés ouvertes.
Nous nous trouvons face à une offensive planétaire de l’islam radical, qui doit être considérée en tant que telle, et combattue. Il est consternant que certains se fassent les idiots utiles de cette offensive, et il est navrant de constater qu’ils répètent comme des disques rayés des formules dont ils ne comprennent visiblement pas le sens.
Fourvoyer l’antiracisme, c’est s’interdire de discerner encore ce que signifie effectivement le racisme et, dès lors, se désarmer face à lui. Chercher à abolir l’usage de la logique et de la rationalité, détériorer les sociétés ouvertes, c’est faire le lit de l’inverse de la logique et de la rationalité, et de l’inverse des principes fondateurs des sociétés ouvertes. C’est Daniel Pipes et moi qui nous trouvons du côté de la tolérance et de l’ouverture, attitudes résolument antitotalitaires.
Enfin, l’affirmation de ce que la paix ne pourra survenir au Proche-Orient que lorsqu’il y aura un vainqueur et un vaincu, et l’affirmation d’un plan de paix très simple – Israël gagne, et les tenants de la cause « palestinienne » perdent – ont suscité des propos maintenant qu’il ne fallait pas briser le « processus de paix ».
Que, pour des raisons diplomatiques, des dirigeants politiques israéliens s’efforcent de parler encore de « processus de paix » peut se comprendre.
Que des ennemis d’Israël entendent utiliser le « processus de paix » comme un prétexte pour détruire graduellement Israël peut se comprendre aussi.
Que des gens, parfois des Israéliens, puissent se faire encore la moindre illusion quant à l’existence d’un « processus de paix » est consternant. Ces gens, souvent, se disent généreux. Il n’en est rien. Bien sûr, ils se disent lucides et clairvoyants. Ils ne sont ni l’un ni l’autre.
Ces gens ne sont pas généreux à l’égard du peuple israélien, qui doit vivre depuis plus de soixante ans confronté au risque de guerre et aux dangers du terrorisme, avec l’espoir de pouvoir vivre un jour effectivement en paix. Ils ne sont pas généreux non plus envers les Arabes « palestiniens », que le « processus de paix » condamne à vivre sous le joug d’extrémistes qui les fanatisent et les transforment en monstres racistes.
Ces gens ne sont pas lucides, puisqu’ils apparaissent incapables de déchiffrer ce qu’incarnent le totalitarisme et le fanatisme, et puisqu’ils pensent qu'on peut passer contrat avec des totalitaires et des fanatiques.
Ils ne sont pas clairvoyants puisqu’ils semblent ne pas voir que d’une part, comme je l’ai déjà écrit plusieurs fois, le « processus de paix » en question a surtout été jonché d’actes de terreur et de meurtres, que d’autre part, il s’est accompagné de financements d’incitations à la terreur et aux meurtres au sein de l’Autorité palestinienne et sous l’égide du Hamas, et qu’en troisième lieu les dirigeants « palestiniens » n’y croient pas (ce que montrent leurs manoeuvres diplomatiques), les dirigeants israéliens n’y croient pas non plus (ils ne sont pas aveugles et voient le jeu des dirigeants « palestiniens »), les dirigeants occidentaux n’y croient pas davantage (ils pratiquent l’apaisement vis-à-vis du monde arabe).
Je l’affirme et je signe, et c’est expliqué dans Face à l’islam radical : il n’y aura pas de deuxième Etat palestinien (la Jordanie étant Etat arabe palestinien), et la paix ne viendra que lorsqu’Israël sera délivré du « processus d paix » et se donnera les moyens de gagner. La paix ne viendra que lorsque les Arabes de Judée-Samarie et de Gaza seront confrontés à la défaite et seront délivrés des idées qui les transforment en monstres.
Guy Millière