En creux du débat sur le meilleur aménagement possible des plages horaires, une question récurrente : qui blâmer pour la baisse du niveau d'éducation des jeunes élèves ?
En tout cas, quelque inadaptés que soient nos horaires, ils ne comptent pas : la France a longtemps dominé les comparaisons internationales avec les mêmes rythmes scolaires jusqu'aux années 1970.
Murmure MUTAMUTA liste les problèmes : « Les parents qui laissent veiller trop tard leurs enfants, les entreprises qui ne respectent plus la vie de famille de leurs employés qui sont aussi des parents
Ce dernier problème n'est pas en cause : nos aînés travaillaient après la guerre 60 puis 40 puis 39 heures par semaines et les résultats scolaires (et l'éducation) étaient meilleures qu'aujourd'hui.
les rapports hiérarchiques amenant au non-respect voire au mépris et, donc, à la démotivation des enseignants
?
les programmes trop chargés
Plus on exige, moins on obtient.
et les méthodes inadaptées
Les méthodes comptent très peu, bien moins que le rapport entre enseignants et élèves.
l'iniquité financière
Au Cameroun, on obtient bien mieux dans les petites classes avec bien moins de "moyens".
et l'organisation moyenâgeuse de l'Éducation Nationale
Plutôt marxisante que médiévale. Et qu'aurait-elle à y changer ?
Difficile pour un professeur d’intéresser des élèves incapables de rester concentrés sur un sujet. C’est pourtant devenu une problématique récurrente, comme le constate Michael SPECHT : « Les enfants sont désormais pour la plupart si dissipés, si difficiles à focaliser 5 minutes sur une tâche, que le professeur des écoles semble passer son temps à solliciter leur attention, capter leur intérêt, les récupérer d'une distraction permanente.
Serge Boimare, spécialiste des élèves en rupture scolaire, affirme selon lui que quatre compétences sont nécessaires à un enfants pour un parcours scolaire réussi, dès la maternelle.
Ces quatre compétences sont, notez bien parents :
- savoir affronter le manque ;
- savoir affronter l'attente ;
- savoir affronter la règle ;
- savoir affronter la solitude.
Elles sont toutes éducatives et ce sont les carences familiales qui entravent, après 4 ans, leur acquisition.
Ce curieux phénomène a son explication ; la passivité et l'immédiateté d'une télévision à laquelle nombre d'enfants sont exposés d'office hélas dès le bas-âge altèrent le développement de leur capacité de concentration. Car il faut bien le dire, poser un jeune enfant devant un écran du matin au soir, bombardé d'informations stériles avec des gourmandises, est une manière pratique de ne pas s'en occuper. »
La télé-nounou a bon dos. Ca me rappelle les parents ingrats qui dénonçaient "Le Club Dorothée" quand celui-ci assurait la garde de leurs enfants.
Pour ne rien arranger, les élèves semblent en proie à une fatigue croissante. « Si les enfants sont fatigués », explique Claire LECONTE, « c'est dû à la densité des journées quand ils ont classe et au décalage dans leur rythme veille-sommeil quand ils n'ont pas classe. »
Ca n'arrange rien mais ça pèse si peu.
Mais n’est-ce pas le rôle des parents que de veiller à ce que leurs enfants dorment correctement et ne passent pas trop d’heures devant la télévision ?
Une grande partie des familles ne sont pas compétentes pour assurer l'éducation de leurs enfants.
« Un peu moins d'éducatif et un peu plus d'enseignement et nos enfants seront mieux éduqués » Roger MEUNIER
Nous crevons de ça.
Quand l'école relevait de l' "Instruction publique", elle éduquait les enfants. Depuis qu'elle relève de l' "Education nationale", elle se contente de les instruire. Or l'éducation enfantine est carencée parce qu'elle est abandonnée aux choix de responsables légaux incompétents et irresponsables. Et à mon avis, cette carence s'accroîtra par cercle vicieux, des enfants mal élevés devant des parents inaptes.
Il semblerait que du point du côté des parents, l’on néglige l’éducation des enfants tout en se reposant sur l’école pour s’acquitter de cette tâche. Ce qui pose un problème fondamental : l’enseignant doit alors rogner sur son propre temps de travail pour endosser un rôle qui n’est pas le sien.
Faux et faux :
1. L'éducation doit être une mission prioritaire de tout éducateur, comme elle fut celle des enseignants français jusque dans les années 1970, ce qui favorise l'instruction des enfants.
2. Les enseignants des démocraties libérales sont privés de l'unique moyen d'éduquer, à savoir un large éventail de corrections/punitions/châtiments notamment physiques, pour suivre une funeste mode anglo-saxonne en la matière.
« Ce n'est pas à l'école d'éduquer les enfants », rappelle Fifibrindacier.
Vive le libéralisme éducatif, et que mon éducation fasse la différence entre mes enfants et ceux qui n'en reçoivent pas de décente.
Voilà pourquoi les enfants des classes sociales supérieures et d'enseignants briguent les meilleurs établissements de l'enseignement supérieur. Vers l'oligarchie confortablement assise sur la République.
« Pour une raison simple qui tient à la construction de ce qu'on appelle "le surmoi", cet ensemble de règles, ce qui est permis ou pas, de ce qui est bien ou mal. Cette construction s'oppose forcément aux désirs des enfants, qui ont envie de faire ce qui leur convient quand ils veulent. Elle repose exclusivement sur la relation fusionnelle enfants/parents. C'est pour cela que les enfants n'intègrent des règles que si ce sont les parents qui s'y collent, tous les jours, jusqu'à la puberté. Après c'est trop tard. »
Evangile de psys.
Eh bien, pas d'accord et heureusement ! Nous autres enseignants sommes encore capables de redresser des enfants dans le dos des angélistes et autres magistrats démissionnaires.
Virginie ALBA-SIMM prend la défense des parents : « Il faut reconnaître que l'avenir de l'emploi en France ne simplifie pas leur parentalité. » Et effectivement, les commentaires témoignent de cette difficulté de concilier ces emplois qui demandent de plus en plus d’implication de la part des parents avec les devoirs parentaux eux-mêmes.
Voir plus haut sur l'école au temps des 60 heures par semaine.
Le tout découlant de la nécessité des entreprises à rester compétitives et à engranger un maximum de profit.
Quelle tartufferie !
Pas comme les parents, qui ne cherchent jamais un maximum de profit, ou alors ils auraient, eux, la permission moraliste de le chercher...
Ce cercle vicieux peux-t-il dès lors être brisé sans remettre en cause les fondements du système lui-même ?
Oh que si, mais le traitement varie selon les gens, et tout le monde prétend pouvoir donner le sien en matière d'école et d'éducation.
Libéralisme...
« Il s'agit d'un projet de société, impliquant des choix politiques, mais nos enfants ne le valent-ils pas ? » Claire LECONTE
Le problème n'est pas de diagnostiquer que les écoles des démocraties libérales sont en déroute, mais de trouver des solutions efficaces. Personne ne s'accorde sur ces solutions.
« Les enfants avant tout », voilà un crédo qui fait également la quasi-unanimité dans les commentaires.
C'est aussi une ânerie, pour au moins trois raisons :
1. Quand les enfants passent avant tout, la société dépérit parce qu'ils n'en sont pas les acteurs uniques et parce que leur intérêt mal compris (tel que la suppression des punitions physiques) nuit à la fois à leur éducation (nous parlions de surmoi, or certains enfants ne peuvent le développer sans quelques tapes) et à l'intérêt général (nos sociétés qui s'empirent depuis la fin des années 1990). Surtout, un enfant n'a aucune valeur propre, autre que de constituer les futurs acteurs et reproducteurs d'une société projetée.
2. L'intérêt des familles et des personnels éducatifs, sans parler des intérêts généraux de la société, ne peuvent pas être oubliés.
3. En matière éducative, la priorité est dans le choix des contenus à transmettre, en ce qu'ils fondent les individus en projet. Les enfants doivent se conformer à ce contenu, ainsi que les personnels éducatifs et les méthodes appliquées.
Les Mariannautes sont concernés par le futur de leurs enfants, et considèrent également qu’il n’y a aucun avenir possible pour un pays dont la population n’a pas été éduquée correctement. Les inquiétudes concernant la manière dont fonctionne l’école aujourd’hui sont donc à corréler avec les angoisses de lendemains qui déchantent.
La crise de l'école et liée à notre crise de société : l'école pour quel projet ?
Le libéralisme éducatif a démultiplié les projets parentaux antagonistes. Comment coexisteront les enfants livrés à eux-mêmes, ceux confortés dans des projets libéraux ou antilibéraux (marxisants, collectivistes, nationalistes, racistes...), voir anti-sociaux (hippies, extrémistes musulmans...) ?
Dans cette optique, la France et peut-être l'ensemble des Etats actuels n'ont aucun avenir.
De la même manière que les écoles qui fonctionnent mal sont celles où il n'existe pas de projet éducatif commun entre les adultes de l'école, les familles, les nations et les Etats en dissension éducative sont voués aux échecs collectifs.
Murmure MUTAMUTA interroge : « Pourquoi peut-on sortir de la maternelle sans avoir acquis les bases saines des rapports dans une société qui ne peut être viable et vivable que si tous les êtres vivants sont respectés ?
Profs démissionnaires par idéologie ou nécessité (la menace des magistrats plane sur eux quand ils usent des moyens éducatifs efficaces).
Pourquoi peut-on sortir du primaire sans savoir lire, écrire et compter couramment ?
Pareil, NOS enfants torpillent leur cours.
Peut-on se cultiver et apprendre un métier si on ne sait pas lire couramment ? Peut-on se faire comprendre si on ne sait pas écrire et parler correctement ? Peut-on réfléchir et comprendre si on n'a pas appris la logique et à faire la part des choses ? Peut-on faire tout cela honnêtement si on n'a pas appris la droiture ? »
Chaque famille exige une école à sa sauce.
Les écoles des démocraties libérales sont éparpillées "façon puzzle" (Audiard) par les exigences inconséquentes, irresponsables et antagonistes des parents-électeurs.
Plus que jamais, la réussite (scolaire et professionnelle) de nos enfants relève de la chance de naître dans une famille compétente en éducation alors qu'avant l'Etat français assumait de choisir en lieu et place des familles, et contre certaines familles, un projet éducatif adapté aux individus et à la nation.