Pascal Bernard, physicien et sismologue à l'Institut de physique du globe de Paris pour le journal le monde :
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Des séismes dans le nord de l'Italie, c'est normal ou exceptionnel ?
La série que l'on vient d'observer est plutôt inhabituelle. Certes, on sait, depuis des siècles, que la zone peut générer des séismes de magnitude 6, car des failles ont été identifiées sous la plaine du Pô, mais les séismes en cascade, c'est assez surprenant. Quand une faille casse, elle peut déstabiliser la faille voisine et provoquer - au-delà des répliques -, dans les jours ou les mois suivants, un séisme de la même intensité.
Pourquoi cette région est-elle particulièrement sensible ?
La plaine du Pô est une zone de contact entre différentes plaques sismiques. Dans la région, les roches de la croûte terrestre sont comprimées par la pression qui s'exerce entre ces plaques. Celles-ci se fracturent et provoquent des failles de grandes dimensions, repérées sous la plaine du Pô. Tout ceci est lié à la remontée vers le nord de la péninsule italienne qui vient, en quelque sorte, emboutir les Alpes. D'année en année, la compression augmente et les failles finissent par rompre. Plus au sud, à l'Aquila, les causes étaient un peu différentes. C'est l'étirement de la chaîne de montagnes des Alpenins, qui se fracturent sous leur propre poids, qui est à l'origine du séisme très meurtrier de 2009.
Cette série annonce-t-elle un séisme plus important ?
L'effet "domino" est toujours envisageable. Le risque de réplique est fort dans les mois et les années qui suivent. Mais plus les années passeront, plus ce risque diminuera, jusqu'à redescendre au niveau d'avant le séisme. Néanmoins, on peut dire que le nord de l'Italie va vivre dans les mois qui viennent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Jusqu'ici, l'épicentre était assez loin des villes, à 40-50 km de Ferrare, Bologne ou Modène, mais si lors d'un prochain séisme l'épicentre est à moins de 10 km d'une ville, les destructions seront considérables.
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