Sur un poème d'A. O'Neill
VIDEO
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Mouette (fado)
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Si une mouette venait
m'apporter le ciel de Lisbonne
dans le dessin qu'elle ferait
sur ce ciel-ci où le regard
est une aile privée de vol,
qui s'affaiblit, tombe à la mer,
Quelle aubaine de coeur parfait
dans ma poitrine alors battrait
mon amour, au creux de ta main,
dans cette main où se nichait
quelle aubaine ! mon coeur parfait.
Si un marin de portugais
arpenteur des sept mers était,
car sait-on jamais, le premier
à me conter ses découvertes,
si un regard à l'éclat neuf
à mon regard s'entrelaçait,
Quelle aubaine de coeur parfait
dans ma poitrine alors battrait
mon amour, au creux de ta main,
dans cette main où se nichait
quelle aubaine ! mon coeur parfait.
Si pour mon adieu à la vie
rassemblés, les oiseaux du ciel
m'offraient au moment du départ
ton regard, mais le tout dernier,
ce regard qui n'était qu'à toi,
mon amour qui fut le premier,
Quelle peine, quel coeur parfait
mourrait alors dans ma poitrine,
mon amour, au creux de ta main
dans cette main en qui, parfait,
a tant et tant battu mon coeur.
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Alexandre O'Neill
(In "Anthologie de la poésie portugaise (1935-2000), p.134-135/ NRF/Poésie/Gallimard)