Une courte victoire démographique
Par Laurent Chalard, géographe, European Centre for International Affairs
François Hollande a été élu président à une courte majorité, avec un score de 51,6%. Ce résultat s’explique en partie par un facteur oublié des analystes politiques, la démographie, au rôle pourtant majeur, en France comme aux Etats-Unis.
Le corps électoral évolue en fonction de la croissance démographique. Or, cette dernière est le produit de deux facteurs.
Le premier est la progression de l’espérance de vie . Le vieillissement sensible de la population a mécaniquement tendance à augmenter l’électorat de droite, puisque les études sociologiques montrent qu’en vieillissant les électeurs sont plus tentés par les partis conservateurs, du fait d’une certaine nostalgie pour le passé.
Le second facteur est l’immigration, la France ayant un solde migratoire positif depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce phénomène vient gonfler la croissance démographique du pays, d’autant qu’il agit aussi sur la natalité (sans immigration, le nombre de naissances serait moins élevé). En 2011, le solde migratoire est estimé à + 80 000 personnes. En conséquence, ces deux facteurs jouent un rôle primordial sur le résultat des élections, mais en sens opposé.
Du fait des naturalisations (plus de 100 000 par an) et d’une hausse naturelle sensiblement supérieure aux populations d’ascendance européenne, leur part dans l’électorat s’accroît, faisant plus que compenser le vieillissement de la population, ce que n’ont pas su voir les dirigeants de droite, leur stratégie reposant sur l’espoir que cette population s’abstiendrait.
Sans le vote des immigrés extra-européens naturalisés et de leurs enfants et petits-enfants nés français, le candidat socialiste aurait été difficilement élu président, étant donné le vieillissement de la population.
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