31 mars 1146
Saint Bernard prêche la IIe croisade à Vézelay
Saint Bernard, abbé de Clairvaux et conseiller des souverains, lance sur la colline de Vézelay, en Bourgogne, le jour de Pâques 1146 (31 mars), un appel aux chevaliers et souverains d'Occident. C'est le signal de ce que les historiens considèrent comme la deuxième croisade.
André Larané.
Louis VII prend la croix à Vézelay des mains de Saint Bernard (miniature du XVème siècle, BN)
Menace sur la Palestine franque
L'appel de Saint Bernard survient un demi-siècle après celui du pape Urbain II à Clermont (1095). Il est motivé par la chute d'Édesse aux mains des Turcs, en Syrie franque, suite à l'offensive d'un chef sarrazin nommé Nour el-Dîn.
C'est un premier coup dur pour les États francs de Palestine. L'émotion est grande en Occident, dans l'aristocratie et les milieux lettrés.
Depuis la première croisade, les Francs établis en Palestine n'avaient cessé de recevoir des renforts d'Occident : petites troupes ou chevaliers isolés qui venaient gagner leur salut en combattant les infidèles.
Maintenant, dans l'urgence, ils réclament un surcroît de renforts. Raymond de Poitiers, prince d'Antioche et frère cadet de Guillaume X d'Aquitaine, écrit même à sa nièce, la reine Aliénor d'Aquitaine, épouse du roi de France Louis VII le Jeune, dans ce sens-là.
Petite cause, grande conséquence
Peu avant, le roi de France s'est laissé embarquer dans une guerre contre son vassal le comte de Champagne, pour une banale affaire de coeur. Au cours de l'expédition, ses soldats ont massacré la population d'une petite ville, Vitry-en-Perthois, et brûlé un millier de personnes réfugiées dans l'église ! Pétri de remords, le roi a fait mander l'influent abbé de Clairvaux pour se confesser à lui et prendre conseil.
Se rendant à la rencontre du roi, Bernard de Clairvaux songe à la Palestine et l'idée lui vient de proclamer une nouvelle croisade comme le pape Urbain II, en 1095, avec cette fois-ci la participation des souverains et du plus puissant d'entre eux : le roi capétien. Il fait part de son projet à Louis VII qui l'accepte d'emblée.
À la demande de Bernard, il convoque toute la noblesse de France à Vézelay pour le jour de Pâques 1146. Sur le parvis de l'église, au sommet de la prestigieuse colline, Bernard prononce une vigoureuse allocution puis fixe une croix de drap rouge sur la poitrine du roi. La reine Aliénor se croise également et après elle, dans l'enthousiasme, les grands seigneurs du royaume, y compris le comte de Toulouse Alphonse Jourdain, deuxième fils de Raymond IV, héros de la première croisade, et Thibaut II de Champagne, ancien adversaire du roi.
Départ en fanfare
La préparation de l'expédition prend du temps. Enfin, à la Pentecôte 1147, l'armée royale s'achemine vers Metz. Elle est rejointe à Worms par les Anglais. Au total plusieurs milliers de combattants et leurs suites. Français et Anglais s'engagent sur les traces de l'armée allemande, conduite par l'empereur Conrad III. Au pied des murailles de Constantinople, les croisés apprennent avec déception que le basileus (l'empereur byzantin), sur le concours duquel ils comptaient, vient de conclure une paix de douze ans avec les Turcs !
Le basileus les reçoit avec courtoisie mais s'empresse de les faire passer sur la rive asiatique du Bosphore. Bon débarras.
Fiasco de la croisade
Nouvelle déconvenue : les Francs apprennent que les Allemands, qui avaient coupé au plus court à travers les montagnes d'Asie mineure, ont été assaillis et en bonne partie massacrés par les Turcs. L'empereur et les débris de son armée rejoignent les Francs à Nicée en ayant perdu le quart de ses effectifs.
Les croisés, dès lors réunis, suivent avec prudence la côte. Le voyage est long et éprouvant : soif, faim, typhus et embuscades déciment les croisés. Finalement, après avoir été battus par les Turcs à Pisidie le 8 janvier 1148, ils trouvent à s'embarquer et gagnent par mer la citadelle d'Antioche, à l'embouchure de l'Oronte, en Syrie, où ils sont accueillis le 19 mars 1148 par le flamboyant Raymond de Poitiers, oncle de la reine Aliénor d'Aquitaine...
Raymond compte sur le roi pour attaquer l'ennemi turc en son coeur, Alep. Mais Louis VII préfère nuitamment quitter Antioche pour gagner Jérusalem. Officiellement, le roi veut conquérir le Saint Sépulcre, objectif de son voyage. Mais on sussurre qu'il est jaloux de Raymond et soupçonne Aliénor d'être (trop) sensible aux charmes et à l'énergie de son oncle.
À Jérusalem, Louis VII et Conrad III cèdent aux sollicitations de la reine Mélisende et décident de mettre le siège devant Damas ! Le siège échoue, n'ayant d'autre effet que de resserrer les liens entre les frères ennemis de l'islam, la principauté de Damas et celle de Mossoul, pour le plus grand malheur des croisés.
Dépité, l'empereur abandonne la partie. Le roi s'en va faire ses dévotions à Jérusalem, puis reprend la mer pour la France au grand dépit des Francs de Terre sainte, qui ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes pour contenir la poussée turque... La deuxième croisade débouche sur un fiasco.
Les croisades en Terre Sainte
En deux siècles, de l'appel d'Urbain II à la chute de Saint-Jean d'Acre, les croisades vont mettre en branle plusieurs centaines de milliers de personnes. Avec un bilan en demi-teinte...
http://www.herodote.net/31_mars_1146-ev ... 460331.php
_Appel à la croisade de Saint Bernard
Un demi-siècle après la première croisade, voilà que les Turcs s'emparent de la ville d'Édesse, en Syrie franque. Saint Bernard, abbé de Clairvaux et conseiller des souverains, lance sur la colline de Vézelay, en Bourgogne, le jour de Pâques 1146 (31 mars), un appel aux chevaliers. C'est le signal de ce que les historiens considèrent comme la deuxième croisade.
Il nous reste de l'appel de Saint Bernard une lettre, dite lettre 363, adressée au clergé d'Occident. On y lit un vibrant appel à la guerre sainte mais aussi à la tempérance et à la tolérance à l'égard des juifs.
L'appel à la croisade de Saint Bernard de Clairvaux (lettre 363, Vézelay, 1147)
À ses très-chers seigneurs et pères les Évêques et Archevêques, à tout le clergé et au peuple de la France orientale et de la Bavière, Bernard, dit abbé de Clairvaux : qu'ils aient en abondance l'esprit de force.
1. La Parole que je vous adresse concerne une affaire du Christ, en qui est assurément notre salut. Je vous dis cela, pour couvrir de l'autorité du Seigneur et de la considération de votre propre intérêt l'indignité de la personne qui vous parle. Sans doute je suis peu de chose, mais je ne suis pas peu attaché à vous tous dans le coeur de Jésus-Christ. C'est pour cela que je vous écris aujourd'hui, c'est là ce qui me donne la hardiesse de m'adresser à vous tous par cette lettre. J'aimerais mieux le faire de vive voix, si j'en avais le pouvoir comme la volonté.
Voici maintenant, frères, le. temps favorable, voici le jour où le salut abonde. La terre s'est émue et a tremblé, parce que le Dieu du ciel commence à perdre sa propre terre. Sa propre terre, dis-je, celle où, pendant plus de trente ans, il a été vu, enseignant et vivant avec les hommes, la terre qu'il a illustrée par ses miracles, qu'il a consacrée par son propre sang, et sur laquelle les premières fleurs de la résurrection ont paru. Maintenant nos péchés font que les adversaires de la croix ont relevé leur tête sacrilège et ravagent de la pointe de leur épée la terre bénie, la terre de promesse. S'ils ne trouvent personne qui leur résiste, ils vont sous peu fondre sur la cité du Dieu vivant, renverser le berceau de notre rédemption, et profaner les Lieux saints, empourprés du sang de l'Agneau sans tache. Déjà, ô douleur !, le sacrilège à la bouche, ils brûlent de s'emparer du sanctuaire de la religion chrétienne et s'efforcent, d'envahir et de fouler aux pieds la couche même sur laquelle, pour nous, notre Vie s'est endormie dans la mort.
2. Que faites-vous, hommes vaillants, que faites-vous, serviteurs de la croix ? Abandonnerez-vous ainsi les choses saintes aux chiens, et les perles aux pourceaux ? Combien de pécheurs, confessant leurs péchés dans les larmes, en ont obtenu le pardon en ces lieux, depuis que l'épée de nos pères en a chassé les abominations des païens ! Le Méchant le voit et en est jaloux, il grince des dents et il sèche de fureur; il excite ceux qui servent son iniquité, et il ne laissera ni traces ni vestiges d'une si grande piété, si, ce qu'à Dieu ne plaise, il arrive à reconquérir ce lieu. Mais, ce serait là, pour tous les siècles à venir, la cause d'une douleur inconsolable, car la perte en serait irréparable, et ce serait particulièrement, pour cette gènération impie, une confusion infinie et un opprobre éternel !
3. Qu'allons-nous donc penser, mes frères ? La main du Seigneur s'est-elle raccourcie ? Est-elle devenue impuissante pour sauver, alors qu'elle appelle de misérables vers à défendre son héritage et à le lui faire restituer? Ne peut-elle pas envoyer plus de douze légions d'anges, ou dire seulement une parole pour que cette terre soit dé livrée ? Certes, Dieu peut le faire, dès qu'il voudra. Mais je vous le déclare, le Seigneur votre Dieu vous met à l'épreuve ; il jette les yeux sur les enfants des hommes, pour voir s'il se trouvera quelqu'un qui le comprenne, qui le cherche et qui pleure sur son sort. Car le Seigneur a pitié de son peuple, et il prépare un remède pour sauver ceux qui sont gravement tombés.
4. Considérez de quel art il se sert pour vous sauver, et soyez stupéfaits ! Sondez l'abîme de sa tendresse, et prenez confiance, pécheurs. Il ne veut pas votre mort, mais votre conversion et votre vie, car il cherche ainsi une occasion, non pour vous nuire, mais pour vous faire du bien. N'est-ce pas, en effet, un moyen de salut tout à fait extraordinaire, et que Dieu seul pouvait inventer, que le Tout-Puissant daigne appeler à son service un peuple d'homicides, de ravisseurs, d'adultères, de parjures, des hommes enchaînés dans toutes sortes de crimes, comme s'ils avaient accompli la justice ? Ne perdez pas confiance, pécheurs : le Seigneur est bon. S'il voulait vous punir, non seulement il ne demanderait pas vos services, mais il n'en n'accepterait même pas l'offre. Je vous le répète, pensez aux trésors de bonté du Dieu Très-Haut, considérez son très haut dessein de miséricorde. Il se fait une nécessité d'avoir besoin devous, ou il le feint, pour donner pour solde à ceux qui combattent pour lui, le pardon de leurs péchés et une gloire éternelle. J'appellerai donc bienheureuse une génération qu'un temps si fécond en pardon a vue naître, et que cette année d'indulgence de la part du Seigneur et de vrai jubilé trouve encore debout. Cette bénédiction se répand sur le monde entier, et tous les hommes volent ensemble vers le signe de la vie.
5. Puisque votre terre est féconde en hommes de courage, et qu'elle est connue pour être remplie d'une jeunesse robuste, suivant l'éloge qu'on fait de vous dans le monde entier et la réputation de valeur dont vous remplissez la terre, ceignez-vous courageusement, et prenez ces armes bénies par zèle pour le nom chrétien. Que cesse cette vieille habitude que je n'appelle pas service des armes, mais service de parfaite méchanceté, par laquelle vous avez coutume de combattre entre vous et de vous détruire les uns les autres jusqu'à une entière extermination. Quel malheur qu'un si farouche penchant ! Chacun perce de son épée le corps de leur prochain, dont peut-être l'âme aussi périt. Celui même qui triomphe n'échappe pas; son propre glaive traverse son âme : il n'a pas à réjouir que son ennemi seul ait succombé ! S'adonner à de tels hasards, c'est de la folie, et non du courage, et il faut y voir non de l'audace, mais de la démence !
Vous avez maintenant, braves soldats, vous avez vaillants guerriers, une occasion de combattre sans péril ; vous trouverez là de la gloire à vaincre et du profit à mourir. Si vous êtes un commerçant habile, un conquérant de ce monde, je vous indique un grand jour de marché; ne le laissez point passer. Prenez le signe de la croix, et vous obtiendrez le pardon de toutes les fautes que vous aurez confessées avec la contrition dans le ceeur. La matière de cette croix, si on l'achète, coûte peu ; si quelqu'un la met avec empressement sur son épaule, elle lui vaut le Royaume de Dieu. Ceux qui ont déjà pris ce signe céleste ont donc bien fait ; les autres feront bien également et il sera sage à eux de se hâter de prendre aussi ce qui sera pour leur salut.
6. Au reste, frères, je vous en avertis, et je ne suis pas seul à le faire, mais l'apôtre de Dieu parle avec moi : «il ne faut pas ajouter foi à tout esprit» ! Nous avons appris avec joie que l'amour de Dieu brûle en vous, mais il ne faut pas que le frein de la science vous fasse défaut. Les Juifs ne doivent point être persécutés, ni mis à mort, ni même bannis. Interrogez ceux qui connaissent la divine Écriture. Qu'y lit-on de prophétisé dans le Psaume, au sujet des Juifs. Dieu, dit l'Église, m'a donné une leçon au sujet de mes ennemis : «ne les tuez pas, de crainte que mes peuples ne m'oublient». Ils sont pour nous des traits vivants qui nous représentent la passion du Seigneur. C'est pour cela qu'ils ont été dispersés dans tous les pays, afin qu'en subissant le juste châtiment d'un si grand forfait, ils servent de témoignage à notre rédemption. Aussi l'Église ajoute-t-elle dans le même psaume : «Dispersez- les par votre puissance et faites-les tomber, Seigneur qui êtes mon protecteur!». C'est ce qui a été fait : ils ont été dispersés, ils sont tombés ; ils subissent sous les princes chrétiens une dure servitude; cependant, vers le soir ils se convertiront, et le temps viendra où le regard se reportera sur eux. «De fait, dit l'Apôtre, quand la multitude des païens sera entrée dans l'Église, alors tout Israël sera sauvé». En attendant, il est bon que celui qui est mort, reste dans la mort.
7. Je passe sous silence, que, là où il n'y a pas de Juifs, nous avons la douleur de voir des usuriers chrétiens, plus juifs que les Juifs, si toutefois on peut les appeler Chrétiens et non pas plutôt Juifs baptisés. Si les Juifs sont complètement exterminés, comment s'accomplira la promesse de leur salut ou de leur conversion ? Assurément, les païens aussi, s'ils étaient comme eux, à soumettrre, lors de la fin à venir, ils devraient comme eux s'attendre à être recherchés par le glaive Sans doute, si les Juifs se mettent à exercer contre nous des violences, il faut repousser la force par la force : c'est l'affaire de ceux qui ne portent pas en vain le glaive. Mais il convient à la piété chrétienne, si elle abaisse les superbes, d'épargner au contraire les vaincus, ceux surtout qui ont reçu les promesses de la loi, de qui sont descendus nos pères, et au nombre desquels était, selon la chair, le Christ béni dans tous les siècles. Cependant, selon la teneur de la décision apostolique, il faut exiger d'eux qu'ils laissent libres de tout recouvrement d'intérêt ceux qui auront pris la croix.
8. Je dois également, frères bien-aimés, vous donner un avis : si parmi vous, quelqu'un, aimant à exercer le commandement voulait devancer l'armée du royaume par une expédition privée, qu'il n'en n'ait point l'audace. S'il se prétend envoyé par nous, il n'en est rien ; s'il montre des lettres que nous lui aurions données, considérez-les comme fausses, pour ne pas dire volées. Il faut choisir pour chefs des hommes de guerre, ayant l'expérience de ces entreprises ; il faut que l'armée du Seigneur parte avec ensemble, afin d'être partout en force et de n'avoir à craindre les violences de personne. Avant que Jérusalem fût prise, dans la première expédition, il y eut un homme nommé Pierre, dont vous aussi, si je ne me trompe, avez souvent entendu parler. Cet homme, marchant seul avec les siens, a exposé à tant de périls le peuple qui avait eu confiance en lui, que personne n'a échappé, ou qu'il n'y en a qu'un très-petit nombre qui n'ait pas péri par le fer ou par la faim. C'est pourquoi, si vous agissiez de la même façon, vous auriez à craindre vous aussi, de périr de même.
Que Dieu, qui est béni dans tous les siècles, éloigne de vous ce malheur ! Ainsi soit-il
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___________31 mars 1889
La Tour Eiffel domine Paris
La Tour Eiffel est inaugurée le 31 mars 1889, en avant-première de l'Exposition universelle de Paris qui commémore le centenaire de la Révolution française (33 millions de visiteurs). Elle deviendra contre toute attente le symbole universel de la capitale française.
Alban Dignat.
Un ingénieur de son temps
Le «père» de la Tour Eiffel est un ingénieur centralien très représentatif de son temps, qui est aussi celui de Ferdinand de Lesseps et de Jules Verne.
Gustave Eiffel (portrait par Nadar, 1888)
Passionné par les progrès de la sidérurgie, il voit dans le fer le matériau de l'architecture du futur. Il crée sa propre société en 1867, à 35 ans, et met au point des structures métalliques en forme de treillis, qui allient légèreté, souplesse et résistance.
Il réalise le viaduc Maria Pia, sur le Douro, au Portugal, à l'occasion d'une exposition universelle, puis le viaduc de Garabit, en Auvergne, en 1882. On lui doit aussi la gare de Budapest, en Hongrie, les charpentes métalliques du Bon Marché et du Crédit Lyonnais, à Paris, la coupole de l'observatoire de Nice mais aussi la structure de la statue de la Liberté !
Gustave Eiffel est donc déjà un ingénieur de grand prestige quand Jules Ferry, Président du Conseil, décide de célébrer le prochain centenaire de la prise de la Bastille avec faste, par le biais d'une Exposition universelle sur la vaste esplanade du Champ-de-Mars, au cœur de la capitale, au bord de la Seine.
Les organisateurs lancent dès 1884 l'idée d'une tour de 1000 pieds, soit environ 300 mètres, symbole de la grandeur retrouvée de la France et de la bonne santé des institutions républicaines, à peine troublées par le «boulangisme».
Un symbole républicain
Le projet de la société Eiffel & Cie est retenu à l'issue d'un concours au cours duquel s'affrontent une centaine de projets. Il est en fait l'œuvre de deux ingénieurs du bureau d'études : Maurice Koechlin et Émile Nouguier. L'architecte Stephen Sauvestre lui donne la forme qu'on lui connaît, avec ses arches qui font le lien avec l'architecture traditionnelle.
Indifférent dans un premier temps, Gustave Eiffel commence à s'intéresser au projet lorsqu'il en mesure la portée symbolique et médiatique. Il rachète alors à ses ingénieurs leurs droits sur le brevet déposé en commun, concernant la structure métallique. Devenu seul propriétaire du projet, il est assuré de lui donner son nom !
D'emblée, les détracteurs sont légion. Le 14 février 1887, Le Temps publie un manifeste de protestation signé par des personnalités du monde des arts et des lettres parmi lesquelles Leconte de Lille, Guy de Maupassant, Alexandre Dumas fils, Charles Garnier, Sully Prudhomme, Paul Verlaine.....
En dépit de ces oppositions, la tour est construite en 2 ans, 2 mois et 5 jours... sans aucun accident mortel ce dont Gustave Eiffel a tout lieu d'être fier (si ce n'est un ouvrier qui fait une chute en vaquant sur la Tour en-dehors des horaires de travail).
Elle mesure 318 mètres et pèse 10.100 tonnes, avec 18.000 pièces de structure en fer puddlé (un type de fer presque sans carbone, aujourd'hui délaissé, dont Gustave Eiffel appréciait la facilité de façonnage). Les pièces de la structure sont assemblées par 2.500.000 rivets. Il s'agit de gros clous chauffés à blanc et enfoncés dans un trou à travers deux pièces. L'assemblage se fait en aplatissant d'un coup de masse l'extrémité de la tige opposée à la tête.
Le succès populaire est immédiat. Pas moins de deux millions de visiteurs en font l'ascension pendant la durée de l'exposition, soit à pied soit en empruntant les ascenseurs eux-mêmes révolutionnaires pour gagner les deuxième et troisième étages.
Opportune radio
Prévue pour être détruite après l'exposition, la Tour Eiffel devra sa survie à l'installation à son sommet, par Gustave Eiffel lui-même, d'un laboratoire de recherche et surtout d'une antenne destinée à relayer les premières émissions de radio vers les Parisiens. Cette fonction permettra à la Tour de durer assez longtemps pour devenir un élément incontournable du paysage parisien.
Si elle n'est plus depuis longtemps le plus haut édifice du monde, la «vieille dame» conserve les faveurs du public et l'amour des Parisiens. À preuve les illuminations et le feu d'artifice qui ont salué l'entrée dans le troisième millénaire.
Toilettage
En 2009, pour ses 120 ans, la Tour Eiffel se refait une beauté qui va nécessiter 60 tonnes de peinture, 1500 brosses, 5000 disques abrasifs... et le travail de 25 artisans. C'est son dix-septième lifting.
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