Benoît XVI a envoyé un premier message au président de la République. Il en publiera un second, plus détaillé et plus personnel, vendredi.
C'est un rituel: le Pape écrit systématiquement une courte lettre à tout nouvel élu de premier rang national pour le féliciter. François Hollande - malgré la vigilance de l'Église catholique sur ses projets en matière de laïcité, d'euthanasie et de mariage homosexuel - a donc reçu, mardi après-midi, un message de «vœux cordiaux» de la part de Benoît XVI pour l'exercice de sa haute fonction «au service de tous vos compatriotes». Et mardi matin, le nonce apostolique en France, Mgr Luigi Ventura, était effectivement présent à l'Élysée, au titre des corps constitués.
Difficile, à ce titre, de déduire, d'un document aussi formel, un positionnement du Saint-Siège. Un texte beaucoup plus personnel et plus articulé de Benoît XVI sera publié vendredi matin. Le Pape recevra alors les lettres de créances du nouvel ambassadeur près le Saint-Siège, Bruno Joubert, qui remplace à ce poste Stanislas de Laboulay. Benoît XVI ne reçoit plus individuellement les nouveaux ambassadeurs mais plutôt en groupe. Pour la France, nation chère au cœur de l'Église catholique, il va marquer là, semble-t-il, une exception. Et ce discours aura tout son poids dans ce contexte électoral.
«Recherche du bien commun»
Dans ce premier message remis à l'Élysée, mardi 15 mai, après la passation de pouvoir, le Pape dit à François Hollande: «Je demande à Dieu de vous assister pour que, dans le respect de ses nobles traditions morales et spirituelles, votre pays poursuive avec courage ses efforts en vue de l'édification d'une société toujours plus juste et fraternelle, ouverte sur le monde et solidaire des nations les plus pauvres.»
Benoît XVI ajoute, dans cette veine internationale: «Puisse la France, au sein de l'Europe et de la communauté internationale, demeurer un facteur de paix et de solidarité active, dans la recherche du bien commun, du respect de la vie ainsi que de la dignité de chaque personne et de tous les peuples.» Il conclut: «Sur votre personne et sur tous les habitants de la France, j'invoque de grand cœur l'abondance des bénédictions divines.»
À la suite d'une fuite de quelques phrases de ce texte destiné à rester discret, le Saint-Siège l'a finalement rendu public. La Conférence des évêques de France l'a aussitôt publié en une de son site Internet - ce qu'elle n'avait pas fait en 2007 -, accompagné d'un commentaire du porte-parole, le père Bernard Podvin: «Les gens demandent souvent: “Comment allez-vous vous situer par rapport à l'action de la nouvelle équipe gouvernante?” Comme si des critères émanaient de je ne sais quel subjectivisme! La réponse est simple: le message de Benoît XVI au nouveau président de la République sera notre boussole. L'essentiel y est exprimé. Édifier une société toujours plus juste. Servir la paix entre les nations. Respecter la vie et la dignité. Honorer le bien commun. Enraciner le service politique dans les valeurs. Aucun catholique ne peut défendre un seul de ces points à l'exclusion des autres. La valeur éminente de ces critères réside dans leur cohérence.»
Il précise que «le catholique» ne défend pas «un communautarisme». Qu'il est «au service» et en «veille permanente». Il garde donc «toute sa liberté d'intervention, liberté qui ne date pas d'aujourd'hui, et exercée envers quelque pouvoir que ce soit!» assure le père Podvin qui invite à faire «chorus à ce qui grandit l'homme» et à «refuser ce qui le dégrade».
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