Le sacrilège de Jeanne d'Arc et Saint-Remi interné en psychiatrie
Reims (Marne). La garde à vue de l'étudiant impliqué dans les vols et dégradations commis à la cathédrale et à la basilique Saint-Remi a tourné court. Atteint de schizophrénie, il a dû être interné en psychiatrie.
Le sacrilège de Reims sera-t-il jugé un jour ? Rien n'est moins sûr. L'étudiant de Cormontreuil qui a reconnu les dégradations à la basilique Saint-Remi et le vol de l'épée de Jeanne d'Arc à la cathédrale (nos précédentes éditions) pourrait se voir exonéré de toute responsabilité pénale en raison de son « altération mentale » au moment des faits.
Sa garde à vue a été levée mardi soir, suivie de son hospitalisation d'office en milieu psychiatrique. Ainsi en a décidé l'expert venu l'examiner à la demande des policiers, confrontés lors des auditions à un discours délirant.
Ange démoniaque
Ils devront attendre une amélioration de son état de santé pour reprendre l'interrogatoire, mais les quelques heures passées en sa compagnie leur ont quand même permis de recueillir ses aveux. Multipliant les références mystiques à Dieu, avec lequel il déclare dialoguer régulièrement, le jeune homme explique avoir voulu « venger le peuple celte » et « nos ancêtres victimes de l'attitude de l'Église catholique romaine ».
Inscrit à la faculté de lettres de Reims, l'étudiant est atteint de schizophrénie. Une douloureuse épreuve pour ses proches qui n'ont pu l'empêcher, vendredi midi, d'aller commettre des dégradations à la basilique Saint-Remi.
De passage devant le tombeau, il déclare avoir été saisi d'une « pulsion » à la vue de l'« ange masqué » qui orne la porte du reliquaire (il s'agit d'une tête d'ange qui se tient le visage dans les mains). Il l'a empoigné dans un « réflexe protecteur », arrachant du même coup une partie du montant de la porte. Il a brisé un crucifix et deux vases de fleurs dans la chapelle axiale, puis renversé sur l'autel principal un chandelier en bois de 2 m 50 de haut, avant de s'enfuir en courant.
Le déséquilibré s'est tout de suite rendu à la cathédrale de Reims. Là-bas, pris d'un accès de rage, il a cassé en deux le montant de la porte arraché au tombeau de saint Remi, ne gardant que le morceau décoré de l'ange. Le vol de l'épée sur la statue de « Jehanne au sacre » a suivi. Surpris par un agent d'accueil, l'étudiant s'est enfui en passant par la porte donnant directement sur la cour du palais du Tau.
Remords et pardon
Le lendemain, c'est lui-même qui est revenu à la cathédrale pour restituer l'épée. Interrogé sur cet épisode, il explique qu'il a été pris de remords et qu'il venait demander pardon. Les renseignements laissés à l'accueil ont permis de l'identifier et d'aller le chercher mardi au domicile familial. Les policiers y ont retrouvé la statue de l'ange.
Le jeune homme était inconnu des services de police. Confié aux médecins, il va faire l'objet d'expertises psychiatriques complémentaires pour confirmer son éventuelle irresponsabilité pénale, ce qui ne serait pas une première dans ce genre d'affaire.
Le SDF qui avait tordu l'épée de la statue équestre de Jeanne-d'Arc sur le parvis de la cathédrale, en mai 1996, au motif qu'elle représentait un « symbole phallique », n'a jamais été jugé pour cause de folie, de même que les auteurs d'un des vols de cette même épée en juin 2006. Il s'agissait de quatre personnes suivies en psychiatrie.
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