Madame Trierweiler, calmez-vous !
Dans le dernier numéro du Canard Enchaîné, je lis ceci :
Valérie ne badine pas
« Thomas, l’aîné des quatre enfants du couple Royal-Hollande. » Pour avoir écrit ces mots, la semaine dernière dans un article de Paris Match, la journaliste Mariana Grépinet a reçu un SMS incendiaire de sa consœur Valérie Trierweiler :
« Thomas, c’est le fils de l’ex-couple Royal-Hollande. À quoi joues-tu ? »
Désolé, Madame Trierweiler, et c’est un divorcé qui a des enfants de – comme on disait autrefois – deux lits, qui vous le précise, Thomas Hollande est bel et bien le fils du couple Royal-Hollande. Pour Thomas, comme pour les trois autres enfants Hollande, ce couple a existé, existe et existera toujours. Il en va de même pour les enfants que vous eûtes avec M. Trierweiler.
Vous êtes actuellement entre deux eaux et vous ne savez trop – ce que chacun comprend – quelle posture adopter. Il est difficile de passer, en quelques semaines, du statut de journaliste de Paris Match (Paris Match !) à celui de compagne du président de la République française. Je ne vous souhaite pas d’imiter Madame Giscard d’Estaing, avec ses lèvres pincées, sa voix flûtée et sa règle en acier, coincée entre ses deux omoplates. Je ne vous souhaite pas d’imiter Madame Chodron de Courcel, épouse Chirac, avec son air de chaisière pour films de patronage des années cinquante. Je ne vous souhaite pas de vous inspirer de la Terminator aux implants dentaires qui mouilla de partager sa vie avec quelqu’un qui possédait le « feu nucléaire ». Moi qui me souviens de Madame Coty, qui ramassait les petits gâteaux qu’un serveur de l’Élysée avait fait tomber par terre en présence d’un photographe de Paris Match (déjà !), moi qui me souviens de Tante Yvonne De Gaulle, modèle de plon-plonitude et de grenouillisme de bénitier, je vous conseillerais plutôt de vous rapprocher de l’exemple de Danièle Mitterrand. Le hic, c’est que cette fille d’un proviseur proche d’Henri Frenay qui avait refusé en 1940 de recenser des élèves et des professeurs juifs, cette adolescente qui s’engagea dans la Résistance à l’âge de 17 ans, fut, sa vie durant, pétrie d’idéaux admirables. Je sais bien qu’il faut manger, mais, à cet exemple, vous ne pouvez opposer que votre carte de visite de salariée de Lagardère et de Bolloré.
Ces dernières semaines, pendant que votre compagnon battait la campagne, et depuis qu’il a remporté la victoire, vous fûtes constamment sur la photo. Je me dis, bien sûr, que ce fut pas sans son accord. Mais n’oubliez pas que la qualité de Première Dame de France n’existe pas. Dans le paysage politique, vous n’êtes, officiellement, rien. Dans l’esprit des institutions, vous existez, mais à la marge. Si bien que vous me surprîtes lorsque vous éconduisîtes l’envahissant Julien Dray lors d’une petite fête organisée par votre compagnon pour remercier ses amis politiques. Vous outrepassâtes votre rôle en vous prenant pour un janissaire de la bienséance.
Il faut vous calmer car nous finirons par vous croire en insécurité, jalouse de la vie passée de votre compagnon, toute tendue vers une revanche à prendre. Ce qui ne pourra que nuire à celui pour qui moi et de nombreux autres avons voté au second tour.
Le facétieux Macé-Scarron vient de retrouver un de vos twits de janvier dernier :
« Non vraiment, j’ai essayé @nadine__morano , mais c’est au dessus de mes forces. Je me désabonne, bon courage à ses followers. Adieu Nadine ! »
À votre niveau, le problème n’est pas de quitter les followers de Nadine Morano (dont le calme n’est pas la vertu première). Le problème est d’avoir appartenu à cette horde !
Bernard GENSANE