Port du niqab, outrage et rebellion à Toulouse: deux mois avec sursis
COMPARUTION IMMEDIATE. Dans le box des prévenus, Linda ne bouge pas. Habillée d’un petit blouson à fleurs, elle répond poliment aux questions de la Présidente. Son attitude contraste avec les faits qui lui sont reprochés.
Cette jeune femme de 27 ans, aide-soignante à mi-temps dans une maison de retraite, est jugée ce mercredi 16 janvier en comparution immédiate au TGI de Toulouse pour outrages à agents et rébellion.
Devant le Palais de justice, un important dispositif policier est mobilisé pour filtrer les entrées.
Il était midi trente hier mardi 15 janvier à la station de métro Jean-Jaurès quand Linda qui portait le niqab, le voile islamique couvrant le visage à l’exception des yeux, croise une patrouille de police. Le port du voile intégral est interdit dans les lieux publics. Linda le sait (la suite):
Dessin : Mig
Ce qu'elle ne conteste pas, ce sont les noms d’oiseaux qu’elle adresse sans attendre aux quatre policiers qui entreprennent de la contrôler. «Elle a elevé la voix comme si elle voulait rameuter du monde à cette heure de grande influence», raconte le brigadier.
Lequel policier lui demande de retirer le voile en question. Linda refuse d’obtempérer. «Elle n’a même pas stoppé, comme si elle nous ignorait», poursuit-il à la barre.
Pour ne pas risquer d’éventuels débordement, la patrouille invite la jeune femme à les suivre, sans la menotter. Conduite au poste de la station Jean-Jaurès, elle est soumise à une fouille à corps par une fonctionnaire de police.
C'est là que l’affaire se corse. Linda se débat et gifle l’agente de police. Un geste «réflexe», se défend-t-elle. «J’ai été surprise. Je n’ai pas l’habitude qu’on me touche», dit-elle. «Elle m’a giflée volontairement», rétorque la fonctionnaire. Linda est alors conduite, cette fois avec des menottes, au commissariat central où elle est auditionnée. Puis placée en garde pour la nuit avant sa convocation en comparution immédiate, ce jour à 14 heures.
Retour dans la salle d’audience. Sommée de s’expliquer, la jeune femme présente d’abord ses excuses aux policiers. «Pourquoi portiez-vous le niqab?» l’interroge la présidente. «Je ne le porte pas d’habitude. Je suis seulement voilée, mais ce jour la j’étais déprimée, je n’avais pas envie que les gens me voient», lui répond la jeune femme. La présidente insiste: «vous savez bien que c’est un voile particulier…» Linda ne conteste pas. Elle inspire profondément et finit par parler d’un viol dont elle aurait été victime, mais qu’elle ne peut prouver car l’acte aurait été commis alors qu’elle était sous l’emprise de somnifères. Le port du voile intégrale aurait été pour elle une façon de se protéger.
Sa réaction violente lors du contrôle policier? Un mouvement d’humeur, explique-t-elle: «Les policiers ne sont jamais venus quand je me faisais insulter par les jeunes dans mon quartier. Mais ils sont là quand je mets un niqab dans le métro. J’ai pris ça pour du racisme», argumente-t-elle.
Le procureur réclame trois mois de prison avec sursis «en raison des excuses sincères manifestés par la prévenue». Après délibéré, la peine est ramenée à deux mois de sursis et assortie d’une amende de 1500 euros.
Linda pleure et demande s’il elle peut payer en plusieurs fois, compte tenu de son salaire mensuel de 500 euros. Devant le tribunal les 15 policiers en tenue anti-émeute mobilisés pour l’affaire repartent dans leurs cars. Linda rentre chez elle.
http://www.libetoulouse.fr/2007/2013/01 ... ursis.html