Inquisitions religieuses
par Sami A. Aldeeb Abu-Sahlieh
Texte complet de la conférence donnée à Paris le 26 septembre 2011
(* Le titre est de la rédaction. Voir note biogaphique en fin d'article)
L’inquisition n’est pas le monopole du christianisme
Si vous lisez l’article sur l’inquisition de wikipedia, vous verrez qu’il ne s’agit que de l’inquisition chrétienne. Les auteurs de cet article ignorent-ils que l’inquisition a régné dans les trois religions monothéistes: le judaïsme, le christianisme et l’islam, pour ne citer que ces trois religions dites célestes… donc voulues par Dieu? Et comme vous le savez le Bon Dieu a bon dos. Je vous donne deux événements par religion tirés du passé:
Pour le judaïsme: Lorsque Moïse a vu son peuple adorer le veau d’or, il dit aux fils de Lévi: “Ainsi parle Yahvé: ceignez chacun votre épée sur votre hanche, allez et venez dans le camp, de porte en porte, et tuez qui son frère, qui son ami, qui son proche.” Et il tomba ce jour-là environ trois mille hommes (Ex 32-29). Il y a ensuite la crucifixion de Jésus à la demande des autorités juives de son temps.
Du côté musulman, je citerai deux événements: Ibn-al-Muqaffa’, l’un des premiers traducteurs d’ouvrages perses et indiens en arabe; ses membres ont été coupés l’un après l’autre et jetés au feu en 757. Le mystique Mansur Al-Hallaj a été condamné à mort et supplicié à Bagdad en 922. Et je ne vous parlerai pas des guerres contre les apostats qui ont éclaté à peine Mahomet enterré et qui ont duré presque une année.
Concernant les chrétiens je laisserai de côté l’inquisition médiévale bien connue, et je vous signale deux faits: En 1536, William Tyndale, premier traducteur de la Bible en anglais, a été étranglé et brûlé. En 1553, le médecin Michel Servet est brûlé vif à Genève dominé alors par Calvin. Aujourd’hui, Michel Servet a sa rue à Genève, ainsi que son monument expiatoire érigé en 1903 près de l’emplacement de son bûcher. Ce menhir porte une inscription où le calvinisme genevois condamne cette erreur de Calvin qui fut aussi celle de son siècle.
L’inquisition continue dans les pays musulmans
Si toutes les religions ont connu l’inquisition, les autorités politiques et religieuses musulmanes sont pratiquement les seules ou presque les seules qui prônent et pratiquent l’inquisition en interdisant tout abandon de l’islam. Si l’abandon de l’islam définit pour l’essentiel l’apostasie, plusieurs autres actes peuvent également en tenir lieu: professer des dogmes hétérodoxes, critiquer (= insulter) Mahomet ou les autres prophètes reconnus par les musulmans ou encore adopter une attitude opposée au pouvoir politique, etc. Et si ces autorités ne tolèrent pas la critique de la part de musulmans, elles tolèrent encore moins cette critique lorsqu’elle provient d’un non-musulman. Attardons nous sur ces deux questions.
Le Coran semble garantir la liberté religieuse:
Si ton Seigneur avait souhaité, ceux qui sont sur la terre auraient tous ensemble cru. Est-ce toi qui contrains les humains pour qu’ils soient croyants? (10).
Dis: “La vérité de votre Seigneur. Celui qui souhaite, qu’il croie; et celui qui souhaite, qu’il mécroie” (18).
Nulle contrainte dans la religion! (2).
Mais en fait le Coran dit souvent une chose et son contraire. En effet, ailleurs le Coran dit:
La religion auprès de Dieu est l’Islam (3)
Quiconque recherche une religion autre que l’Islam, elle ne sera pas acceptée de lui, et il sera, dans la vie dernière, au nombre des perdants (3).
Les premiers versets n’ont pas empêché les légistes musulmans classiques, à l’instar de leurs collègues juifs et chrétiens, de prévoir la peine de mort contre toute personne qui quitte leur religion ou la critique. On distingue dans l’islam entre l’entrée et la sortie.
a) Entrée libre
Le droit musulman proscrit la contrainte physique comme moyen d’inciter les gens à devenir musulmans. Cette liberté d’adhésion est cependant limitée:
1. Le droit musulman permet aux Gens du Livre (juifs, chrétiens, sabéens et zoroastriens), de vivre dans la Terre de l’islam et de pratiquer leur religion tout en les soumettant à certaines restrictions visant à accélérer leur conversion à l’islam. À titre d’exemples, les musulmans peuvent épouser leurs femmes, mais le contraire est interdit. Il leur est interdit de critiquer l’islam ou de convertir un musulman alors que les musulmans peuvent critiquer leur religion et les convertir. D’autre part, aucun chrétien ne peut séjourner en Arabie de façon permanente. Quant à ceux qui ne font pas partie des gens du Livre, ils devaient soit se convertir à l’islam, soit combattre jusqu’à la mort.
2. Le non-musulman qui accepte de se convertir pourra jouir de nombreux avantages sociaux et économiques du fait que seul un musulman constitue un sujet de droit à part entière dans la cité musulmane. Un de ces avantages est le non paiement du tribut (jizyah) prévu par le verset 9. Je signale ici que les habitants de Gaza et d’Hébron étaient pratiquement tous des chrétiens, et ils se sont convertis à l’islam pour échapper à ce tribut.
b) Sortie interdite: l’apostasie
Le droit musulman ne permet pas à un musulman de quitter sa religion. Celui qui est musulman une fois, doit le rester pour toujours.
Le Coran ne prévoit pas de châtiment précis contre l’apostat bien qu’il évoque ce sujet à plusieurs reprises. Seuls des châtiments dans l’autre vie y sont prévus si l’on excepte le verset 9 qui parle d’un châtiment douloureux en ce monde, sans préciser en quoi il consiste. Les récits de Mahomet sont en revanche plus explicites:
Celui qui change de religion, tuez-le.
Il n’est pas permis d’attenter à la vie du musulman sauf dans les trois cas suivants: la mécréance après la foi, l’adultère après le mariage et l’homicide sans motif.
Sur la base des versets coraniques et des récits de Mahomet, les légistes prévoient la mise à mort de l’apostat après lui avoir accordé, selon certains d’entre eux, un délai de réflexion de trois jours. S’il s’agit d’une femme, certains légistes préconisent de la mettre en prison jusqu’à sa mort ou son retour à l’islam. Il faut y ajouter des mesures d’ordre civil: dissolution de son mariage, séparation forcée d’avec ses enfants, ouverture de sa succession, privation du droit successoral. L’apostasie collective donne lieu à des guerres. Le sort réservé aux apostats est alors pire que celui réservé aux polythéistes, aucune trêve n’étant permise avec eux.
Réception des normes islamiques dans les lois des pays arabes et musulmans
Dans la plupart des pays musulmans, l’islam est religion d’État, et le droit musulman est une source principale du droit, voire la source principale du droit. Ceci a des implications sur le plan de la liberté religieuse. Tous ces pays prévoient des sanctions civiles contre l’apostat dans leurs lois, et dans deux pays (La Mauritanie et le Soudan) il est expressément dit que l’apostat est puni de mort. Les pays qui ne prévoient pas une telle sanction dans les lois, l’appliquent en vertu du droit musulman classique comme c’est le cas en Arabie saoudite ou au Yémen pour ne citer que ceux-ci. D’autres ferment les yeux lorsque l’apostat est tué par un membre de sa famille ou quelqu’un d’autre. Tout prosélytisme est interdit et fortement sanctionné.
Les mouvements islamistes en vogue ne cachent pas leur volonté de réintroduire expressément une telle sanction dans les lois en vigueur. Ainsi l’Égypte a connu plusieurs projets soutenus par l’Azhar. Un projet de 1982 prévoit la mise à mort de l’apostat si le coupable est âgé de 18 ans révolus (article 178). La preuve de l’apostasie est faite devant une autorité judiciaire, soit par l’aveu écrit ou oral du coupable, soit par le témoignage de deux hommes ou d’un homme et de deux femmes, ou de quatre femmes, majeurs, raisonnables, équitables (donc musulmans), voyants, capables de s’exprimer oralement ou par écrit (article 179). Le procureur décide, après enquête, d’emprisonner l’apostat et remet l’affaire au tribunal pénal (article 180). Si l’apostat se repent ou revient sur son aveu, la peine n’est pas exécutée; il est condamné à dix ans de prison au plus s’il récidive et se repent (article 181-182). Le mémorandum du projet fonde ce délit sur le verset coranique 2:
Quiconque parmi vous abjure sa religion et meurt en étant mécréant, ceux-là leurs œuvres ont échoué dans la ici-bas et la dernière. Ceux-là sont les gens du feu. Ils y seront éternellement.
Il cite le récit de Mahomet: “Celui qui change sa religion tuez-le”. Sa justification de la sanction de l’apostasie peut être résumée comme suit:
L’État musulman est basé sur la religion musulmane. La sanction de l’apostasie vise à contrer ceux qui s’opposent à l’ordre public de l’État. Ceci n’est pas contraire au verset coranique qui dit: “Nulle contrainte dans la religion!” (2). La contrainte dont il est question dans ce verset est celle qui s’exerce pour convertir quelqu’un à l’islam. Celui qui quitte l’islam ne le fait que s’il suit ses propres désirs, recherche des intérêts matériels ou vise à répandre l’erreur. L’islam punit celui qui joue des religions, afin de protéger la liberté de pensée. La liberté, dans n’importe quel domaine, n’est pas du badinage, mais un choix réfléchi qui ne vise ni à tromper ni à ridiculiser. Cette sanction doit mener ceux qui adoptent l’islam à bien réfléchir avant de le faire. L’État a le droit de se protéger; certains États, afin de protéger des idées pourtant humaines, punissent de mort celui qui les abjure.
La personne qui incite autrui à apostasier, même sans résultat, est punie de la peine prévue pour l’apostasie (article 185). Le mémorandum explique qu’il s’agit ici d’une peine discrétionnaire qui peut être modifiée ou tout simplement abandonnée, contrairement à la peine prévue pour l’apostasie.
L’apostat n’a pas le droit de disposer de ses biens ou de les gérer. La validité des actes accomplis après l’apostasie dépend de la suite du procès. Un tuteur est nommé pour gérer ses biens durant la période précédant la sentence (article 188). Le projet ne dit rien de ce qu’il faut faire de ses biens s’il est exécuté.
D’après ce projet, l’apostasie consiste dans le fait de nier verbalement ou par un acte clair ce qui est reconnu comme élément nécessaire de la religion. Le mémorandum précise le sens de l’élément nécessaire. Il s’agit de ce que le commun du peuple reconnaît comme tel, à savoir la croyance en l’unicité d’Allah; dans les anges en tant qu’ambassadeurs de la révélation entre Allah et ses messagers; dans les Livres sacrés en tant que messages d’Allah à ses créatures; dans tous les messagers d’Allah mentionnés dans le Coran; dans le contenu de ces messages relatif à la résurrection, à la rétribution, aux principes législatifs et institutionnels qu’Allah a voulus pour ses fidèles.
Plus grave encore, le Conseil des ministres arabes de la justice, organe de la Ligue arabe, a adopté en 1996 un projet de code pénal arabe unifié qui prévoit aussi la peine de mort contre l’apostat. Voyons ces articles:
Article 162 – L’apostat est le musulman, homme ou femme, qui abandonne la religion islamique par une parole explicite ou un fait dont le sens est indiscutable, insulte Dieu, ses apôtres ou la religion musulmane, ou falsifie sciemment le Coran.
Article 163 – L’apostat est puni de la peine de mort s’il est prouvé qu’il a apostasié volontairement et s’y maintient après avoir été invité à se repentir dans un délai de trois jours.
Article 164 – Le repentir de l’apostat se réalise par le renoncement à ce qui a constitué sa mécréance; son repentir est inacceptable s’il apostasie plus de deux fois.
Article 165 – Tous les actes de l’apostat après son apostasie sont considérés comme nuls de nullité absolue, et tous ses biens acquis par ces actes reviennent à la caisse de l’État.
Pour fonder ces articles, le mémorandum de ce projet cite, en plus des deux récits de Mahomet prévoyant la peine de mort contre l’apostat, le verset coranique 3: “Quiconque recherche une religion autre que l’islam, elle ne sera pas acceptée de lui”.
Refus des documents internationaux
L’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) énonce:
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion: ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.
La clause qui parle de la liberté de changer de religion ou de conviction a provoqué une réaction très vive des pays musulmans.
Lors des discussions sur l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, le problème fut posé à nouveau. L’Arabie saoudite et l’Égypte ont proposé d’amender le texte en supprimant la mention de la liberté de changer de religion ou de conviction. Mais c’est un amendement du Brésil et des Philippines qui fut adopté comme texte de compromis pour satisfaire les pays arabes et musulmans. Ainsi, la liberté de changer de religion ou de conviction fut remplacée par la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix.
Le même problème a été posé lors de la discussion de la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction de 1981. Le représentant de l’Iran dit que les musulmans ne sont pas autorisés à choisir une autre religion et que s’ils le font malgré cette interdiction expresse, ils sont passibles de la peine de mort. Le représentant de l’Irak, parlant au nom de l’OCI, dit que les pays membres de cette Organisation “expriment des réserves à l’égard de toute disposition ou terme qui contreviendrait au droit islamique (shari’ah) ou à toute législation ou loi fondée sur ce droit”.
Signalons ici que la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg affirme dans sa décision du 31 juillet 2001 que la loi islamique est incompatible avec la démocratie et les droits de l’homme. Cet arrêt a été confirmé par la grande chambre de cette cours le 13 février 2003.
Volonté des pays musulmans d’imposer l’inquisition sur le plan international
Non contents d’appliquer l’inquisition sur le plan interne et de rejeter les normes internationales, les pays musulmans veulent maintenant que les Nations Unies adoptent leur système et le voir appliqué même dans les pays occidentaux.
C’est ainsi que l’Organisation de coopération islamique (OCI) qui comprend 57 pays membres tente continuellement à faire adopter par l’ONU une résolution visant à interdire la critique des religions, notamment la religion musulmane.
Ainsi, la Troisième Commission des Nations Unies a adopté le 12 novembre 2009 une résolution contre “le dénigrement des religions” dans laquelle l’Assemblée générale se déclare profondément préoccupée par les représentations stéréotypées négatives des religions et les manifestations d’intolérance et de discrimination à leur égard. Toutefois, l’ONU a pu résister à la pression des pays musulmans dans sa résolution adoptée par Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU le 21 mars 2011. Cette résolution est perçue comme une tentative d’abandonner le concept de “dénigrement des religions”. Elle réaffirme le droit à liberté de religion ou de croyance, y compris le droit d’adopter la religion de son choix, ainsi que le droit à la liberté d’opinion et d’expression. Alors qu’elle condamne l’incitation à la haine religieuse, la résolution reconnaît que débattre publiquement et ouvertement des idées peut être une piste pour lutter contre l’intolérance religieuse.
L’Université McGill entre dans la danse en proposant un remplacement de la Déclaration universelle des droits de l’homme par une autre déclaration intitulée Déclaration universelle des droits de la personne par les religions dont l’article 12 qui dit la chose suivante:
4) Chacun a le droit que sa religion ne soit pas dénigrée dans les médias ou dans les maisons d’enseignement
5) Il est du devoir de l’adepte de chaque religion de s’assurer qu’aucune religion n’est dénigrée dans les médias ou dans les maisons d’enseignement.
Cette déclaration a été promue par la Conférence mondiale sur les religions qui s’est déroulée à Montréal le 7 septembre 2011. Elle incorpore les prétentions de l’Organisation de coopération islamique (OCI). Gregory Baum, théologien de l’absurde de l’Université McGill, durant la conférence de presse dit: “Dans certains pays, la religion fait partie de la culture. Se convertir, c’est renier la culture, se couper du reste de la société. L’ONU reconnaît le droit des peuples de défendre leur culture. On peut considérer que ça peut amener à interdire les conversions. Il existe aussi des droits collectifs, un peu comme le Québec qui réglemente la langue”. Le Dalai Lama a souscrit à la résolution de cette conférence soutenant l’adoption de cette nouvelle déclaration conjointement avec Tariq Ramadan alors qu’il a déclaré à la presse qu’il était contre la censure en Chine. Pourquoi s’est-il laissé manipuler à ce point? Est-ce par ignorance? A-t-il été payé? Ou a-t-il été emporté par le flot de la sénilité? Mystère! Durant cette conférence, le Dalai Lama dit qu’il faut cesser d’associer une religion avec certains fidèles. “Si vous critiquez l’islam en raison des gestes posés par une poignée de musulmans, il vous faudra aussi, en toute logique, dénoncer toutes les religions”.
Est-ce que les religions, dont l’islam, sont irréprochables ?
Nous l’avons dit, les trois religions monothéistes ont connu l’inquisition, et aujourd’hui l’islam continue une telle inquisition. Sur la base du droit musulman classique, les pays musulmans ont des lois qui discriminent les femmes et les non-musulmans et prévoient des châtiments cruels qui sont en violation du droit international. Cela ne semble pas gêner les autorités politiques et religieuses dans les pays musulmans. D’où provient cette assurance?
Comme nous l’avons dit, la plupart des pays musulmans prévoient dans leurs constitutions que l’islam est la religion d’État et le droit musulman est une source principale, voire la source principale du droit. Et en fait les deux sont liés. En Islam, la foi et la loi sont intimement liées. L’islam n’est pas simplement des rituels, mais comporte des normes réglant pratiquement tous les aspects de la vie. C’est ce qu’on appelle la shariah. La shariah est définie comme étant d’origine divine. Elle est considérée comme supérieure à toute autre loi, même internationale.
On pense que l’islam serait une religion instituée par Dieu. Dieu étant parfait, l’islam est une religion parfaite. On estime aussi que le Coran est la parole de Dieu… et donc sacré et au-dessus de toute critique. On estime enfin que Mahomet est le messager de Dieu, et donc intouchable.
On se fait ainsi une image idyllique de la shariah. Mais c’est quoi la shariah? Sans doute il y a des éléments positifs… mais il y a aussi des éléments négatifs. Ce que les musulmans ne peuvent pas admettre. On vous vend un package sous un label religieux:
- couper les mains et les pieds.
- lapider les adultères.
- appliquer la loi du talion: œil pour œil et dent pour dent.
- mettre à mort les apostats et ceux qui critiquent l’islam.
- forcer les gens à prier et à jeûner.
- transformer les femmes en tentes ambulantes et en sacs de poubelles.
- rétablir l’esclavage et le marché aux esclaves.
- reprendre le jihad pour élargir les territoires soumis à l’autorité musulmane.
- rétablir la jizya (tribut des vaincus) contre les non-musulmans.
- exclure tout non-musulman de la fonction publique.
- exclure les non-musulmans des parlements des pays musulmans.
- maintenir les non-musulmans dans un statut d’humiliation pour les pousser à se convertir à l’islam afin d’échapper à ce statut.
- détruire les églises construites après l’arrivée de l’islam et interdire la réparation de celles qui existaient avant afin qu’elles tombent en ruines.
Comme ces normes proviennent de Dieu, et que Dieu connaît mieux les affaires, ces normes ne sauraient être abrogées, tout au plus mises de côté jusqu’à ce que leur application soit possible lorsque les musulmans ont le pouvoir de le faire.
Je souhaite poser les questions suivantes au Dalaï Lama
1) Est-ce qu’il est au courant de ces normes?
2) S’il est courant, est-il d’accord avec ces normes?
3) Et s’il n’est pas au courant, quelle crédibilité lui reste-t-il lorsqu’il parle de ce qu’il ignore?
4) Estime-il qu’on doive accepter ces normes?
5) Estime-t-il qu’on n’ait pas le droit de les critiquer?
6) Estime-t-il qu’il rend service à ceux parmi les musulmans qui luttent pour faire avancer la cause des droits de l’homme parmi les musulmans?
On dit en arabe: “L’erreur du sage équivaut à mille erreurs”. Par une telle erreur il est en train d’aller contre les principes qu’il prétend défendre. Ce qui démontre que le vrai ennemi des musulmans ce sont ces ignorants mis sur un piédestal. En arabe on dit: “Un ennemi sage vaut mieux qu’un ami bête”. Et vous connaissez tous la fable de l’ours et de la mouche de la Fontaine: “L’Ours et l’amateur des jardins” dont j’extrais ces passages:
Beaucoup mieux seul qu’avec des sots
Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ;
Mieux vaudrait un sage ennemi.
Sous le règne des islamistes, le Dalaï Lama passerait à la moulinette. A-t-il oublié ce qui s’est passé avec les statues de Bouddha en Afghanistan et aux massacres de ses frères bouddhistes en Thaïlande?
J’ai parlé du projet de code pénal égyptien jamais entré en vigueur. Il semble que les Frères musulmans pensent actuellement à ce projet. Si ce projet entrait en vigueur l’Égypte tomberait dans la barbarie. Ce projet prévoit l’amputation des mains pour vol, la lapidation pour adultère, la peine de mort pour apostasie, la loi du talion (œil pour œil dent pour dent), etc. Il a été préparé par une commission composée des juges, des juristes et des religieux les plus importants d’Égypte dont la liste se trouve au début du projet. Leur importance prouve à quel point la conception musulmane a gangréné l’élite intellectuelle dans ce pays.
La Ligue arabe a préparé un projet de code pénal arabe unifié similaire approuvé par le Conseil des ministres arabes de la justice, dont le texte est disponible sur le site de la Ligue arabe. Un autre projet similaire a été préparé et approuvé par le Conseil de coopération des pays arabes du Golfe, dont le texte est aussi disponible sur son site.
Ces trois projets ne sont pas préparés par des “intégristes”, mais par des institutions étatiques. Ils reflètent la conception que les musulmans en général ont du droit musulman en tant que meilleur droit pouvant régir les rapports humains. Et c’est ce que toutes les universités du monde arabo-musulman enseignent année après année. L’intégrisme religieux musulman n’est que le produit de cette conception.
On est en droit de se demander jusqu’où voudraient aller les musulmans (ou certains parmi eux). Je signale que l’esclavage a des nostalgiques dans le monde musulman, tel qu’Al-Mawdoudi ou le parlementaire égyptien Abu Salah. Le Professeur Ahmad Hamad Ahmad a rédigé un ouvrage: “Pour une loi unifiée régissant les armées islamiques”. L’auteur, de nationalité égyptienne, docteur en droit de la Sorbonne, voudrait que son projet remplace les conventions de Genève. Ce projet prévoit l’asservissement des prisonniers ennemis, hommes et femmes, comme prescrit par le droit musulman classique. Ce qui signifie le retour de l’esclavage. Plusieurs vidéos d’ailleurs circulent à ce sujet.
1ère erreur dans les prémisses: la révélation
Partir de l’idée qu’un tel ou tel autre livre est descendu du ciel, et dire qu’une telle ou telle autre religion est instituée par Dieu relève de l’enfantillage, un peu comme croire au Père Noël. Il y a décidément des gens qui restent toujours au stade de l’enfance. Cette croyance infantile ne poserait pas de problème si elle n’avait pas des conséquences tragiques lorsque le livre sacré en question prescrit des normes juridiques dépassées. Si aujourd’hui on met en application les livres sacrés, notamment l’Ancien Testament et le Coran, on aboutira à la société la plus barbare qui puisse exister… et ce serait la faillite totale du bon Dieu. Si j’écarte le Nouveau Testament, au moins en grande partie, c’est parce qu’il ne s’agit pas d’un système juridique. Le Christ était un hippie, ou si vous voulez un SDF. C’est un moraliste qui n’a pas établi des lois juridiques, ou très peu de lois. Heureusement pour lui et pour nous.
En fait, tous les livres sacrés, toutes les religions et toutes les idéologies sont des inventions humaines servant à gérer les sociétés. Ces livres et ces religions ont les qualités et les défauts des humains qui les ont créés. Le Coran et tous les autres livres sacrés sont des ouvrages écrits par des humains. Il n’y rien qui tombe du ciel à part la pluie ou les météorites. Et si un livre est descendu du ciel, c’est probablement parce que quelqu’un l’a jeté de la fenêtre d’un avion pour s’en débarrasser.
Si vous commencez par dire que l’Ancien Testament et le Coran sont des paroles de Dieu, vous allez vous lier les mains et les pieds… et vous serez obligés chercher des subterfuges pour vous en échapper à travers des interprétations plus ou moins fantaisistes. Hani Ramadan, pour ne citer que lui vivant à Genève hantée par l’esprit de Calvin, refuse de condamner la lapidation parce qu’elle est dictée par Dieu… le Dieu des musulmans et celui de la Bible. Mais si vous dites que l’Ancien Testament et le Coran ne sont pas la parole de Dieu à l’homme mais la parole de l’homme sur Dieu, vous avez pratiquement résolu le problème. Vous aurez alors un autre regard sur ces textes sacrés… ou sacrés textes… comme vous le voulez. Ce qui signifie qu’il faut une révision totale du concept de la révélation.
Une des aberrations chez les musulmans découlant de cette idée que le Coran est parole divine est l’impossibilité d’examiner le Coran même sur le plan linguistique ou stylistique. Ils affirment que le Coran est parfait… puisque Dieu est parfait, alors que de toute évidence il est plein de fautes grammaticales et d’incohérences. Et je parle en connaissance de cause puisque je l’ai traduit en français et je prépare actuellement une traduction italienne et anglaise. Le Coran, à en regarder de près, est en fait un brouillon mal ficelé écrit par un rabbin dont 90% est plagié sur les livres précédents.
2e erreur dans les prémisses: un islam ou plusieurs islams?
Nous avons déjà cité le Coran:
La religion auprès de Dieu est l’Islam (3)
Quiconque recherche une religion autre que l’Islam, elle ne sera pas acceptée de lui, et il sera, dans la vie dernière, au nombre des perdants (3).
L’Islam est présenté comme s’il s’agissait d’une boule de cristal pur. Mais de toute évidence on remarque que cette boule semble bien défectueuse, au moins sur le plan de ses fruits. Alors on parle d’Islam modéré, par opposition à l’islam intégriste. Dans une vidéo, Wafa Sultan dit qu’il n’y pas un islam modéré… Pour elle l’islam tout court est le problème… et veut combattre l’islam en tant que tel! Elle dit qu’elle veut changer un milliard et demi de musulmans. Mais dans quel sens? Elle ne nous le dit pas. Le premier ministre turc Erdogan dit aussi “L’expression ‘islam modéré’ est laide et offensante, il n’y a pas d’islam modéré. L’Islam est l’Islam”. Et évidemment contrairement à Wafa Sultan il n’y voit aucun problème, et donc il n’y a rien à changer.
Pour moi, il n’y a pas un islam, mais autant d’islams que de musulmans. Il y a l’islam de Ben Laden, l’islam de l’iranien Khomeiny, l’islam de l’égyptien Moubarak, l’islam du Marocain Mohammed VI, l’islam wahhabite saoudien, l’islam de certains de mes amis musulmans libéraux. Si Erdogan ne reconnaît qu’un seul islam, il faudrait qu’il nous dise en quoi consiste cet islam, et que fait-il avec les normes islamiques susmentionnées. On sait à cet égard que les Frères musulmans d’Égypte viennent de le désavouer parce qu’il plaide pour une constitution laïque en Égypte.
Le fait de considérer l’islam un et indivisible aboutit à des généralisations erronées et contradictoires. Ainsi certains disent que l’islam est une religion terroriste, d’autre disent que le vrai islam est une religion de paix. Il est autant faux de dire que le christianisme ou le judaïsme sont des religions terroristes ou des religions de paix. L’Islam de Ben Laden est pour lui le vrai islam. De même l’islam de mes amis musulmans libéraux opposés à Ben Laden est pour eux le vrai islam. Il existe donc au moins deux islams.
Des déclarations qui idéalisent l’islam dans la période actuelle sont des plus nocives. Les révolutions arabes ont abouti ou risquent d’aboutir au remplacement d’un cheval borgne contre un cheval aveugle. On s’est débarrassé de dictateurs mais d’autres se bousculent au portillon… surtout au nom de la religion musulmane, avec son lot de barbarie sur le plan pénal et de discrimination contre les femmes et les non-musulmans. De telles déclarations flatteuses donnent des ailes aux intégristes musulmans et les réconfortent dans leurs convictions. Et l’unique moyen pour ne pas sombrer dans la barbarie est de faire fonctionner l’esprit critique.
Museler les critiques externes pour avoir les coudées franches sur le plan interne
Les musulmans réclament que l’on cesse de critiquer leur religion. Mais ouvrez le Coran et voyez comment le Coran traite les autres. Si l’on excepte quelques versets tolérants appartenant surtout à la période mecquoise (avant l’hégire), de nombreux versets qualifient les non-musulmans de mécréants voués à l’enfer, qu’il faut combattre et ne les admettre que s’ils acceptent de se soumettre en état d’humiliation, payant le tribut des vaincus: al-jizya. Et je ne parlerai pas des récits de Mahomet qui prônent la violence. Écoutez les prêches dans les mosquées, lisez les livres à deux sous qui se vendent sur les trottoirs.
Les pays musulmans veulent que l’Occident ait une bonne idée d’eux pour différentes raisons. Ils peuvent acheter les dirigeants politiques en Occident et tentent aussi d’acheter le silence des intellectuels. Ils financent les centres islamiques en Occident qui servent de relais à leur politique internationale. Ils savent que ces centres vont générer des intégristes qui menacent les intellectuels qui osent critiquer l’islam. Faire voter des textes internationaux aux Nations Unies sert à renforcer leur arsenal. Ce faisant, ces pays peuvent mâter toute contestation sur le front interne. Tous ces pays disposent de lois contre le blasphème avec des sanctions allant jusqu’à la peine de mort, voire le meurtre. On sait qu’au Pakistan, des chrétiens sont persécutés en vertu de cette loi, et ceux qui critiquent cette loi, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, sont éliminés physiquement ou sont menacés de procès. Les pays musulmans savent d’ailleurs que le véritable ennemi se trouve à l’intérieur, et leur principale ligne de défense est la religion musulmane: ne touche pas à ma religion. Ils savent que si jamais les langues commencent à se délier, ce sera la débandade. La liberté d’expression est pire que toutes les bombes atomiques réunies.
Manœuvres des libres penseurs musulmans
Comment font les libéraux musulmans pour manœuvrer dans ce milieu hostile? Ces libéraux ont développé plusieurs stratégies afin d’éviter le courroux des autorités religieuses et politiques de leurs pays, mais n’ont pas toujours réussi à sauver leurs têtes. Je veux ici vous résumer ces stratégies:
1) On coupe le Coran en deux, partie mecquoise et partie médinoise. Mais le Coran en fait mélange les deux parties. Raison pour laquelle j’ai édité le Coran par ordre chronologique pour pouvoir distinguer entre les deux. Le principal représentant de ce courant est le soudanais Mahmoud Muhammad Taha, fondateur des Frères républicains, par opposition aux Frères musulmans. Mais il a été pendu en 1985.
2) On essaie de distinguer entre le Coran et la Sunnah cherchant à rejeter cette dernière. En fait, la Sunnah comporte des normes qui n’existent pas dans le Coran: la lapidation et la mise â mort de l’apostat. On invoque contre la Sunnah le fait qu’elle a été rédigée 200 ans après la mort de Mahomet, et donc non fiable, et qu’elle comporte beaucoup d’incohérences et de non-sens: comme boire l’urine du chameau, ou l’histoire de la mouche, ou l’allaitement de l’adulte… Ceux qui s’opposent à la Sunnah (appelés les coranistes) sont soit tués (comme Rahdad Khalifa en 1990), soit exilés (comme Ahmad Subhi Mansour, actuellement aux Etats-Unis, soient censurés (comme Jamal al-Banna).
3) On essaie de distinguer entre la shariah et le fiqh: Les deux termes arabes Shari’ah et Fiqh sont utilisés indistinctement pour désigner le droit musulman. Certains libéraux, cependant, font une distinction entre les deux termes. Ainsi, le juge égyptien Muhammad Sa’id Al-’Ashmawi indique que le terme Shari’ah, n’a été utilisé comme tel qu’une seule fois dans le Coran (45) et trois fois sous forme dérivée (42; 5; 42). Elle signifie non pas la loi mais la voie à suivre telle que révélée par Dieu dans le Coran; l’infaillibilité ne concerne que les normes qui s’y trouvent. Quant au Fiqh, il constitue l’ensemble des écrits des juristes basés sur le texte coranique et la Sunnah: commentaires, opinions de la doctrine, fatwas, etc. Ces écrits, à tort, ont été considérés comme formant la Shari’ah. Or, le Coran met en garde de suivre une autorité religieuse quelconque (9; 2; 3) ou d’octroyer une sainteté à une norme en dehors du texte révélé. Muhammad Sa’id Al-’Ashmawi est la bête noire des islamistes.
4) Pour le juriste tunisien Muhammad Charfi, décédé en juin 2008, les règles coraniques concernent seulement l’époque dans laquelle elles ont été établies. Elles ne peuvent pas être appliquées en tout temps et en tout lieu. Muhammad Ahmad Khalaf-Allah va encore plus loin: selon lui, en déclarant que Mahomet est le dernier des prophètes (33), le Coran accorde à la raison humaine la liberté et l’indépendance pour décider des problèmes de cette vie, en conformité avec l’intérêt général. Pour illustrer cette idée, on peut considérer que Mahomet est le dernier biberon suivi de sevrage. L’enfant n’a plus besoin de biberon et peut manger librement. On ne peut imaginer un adulte nourri au biberon. Ces deux penseurs sont considérés par les islamistes comme apostats.
5) Husayn Fawzi (d. 1988) est un libre penseur égyptien, savant, auteur de nombreux ouvrages. Il a occupé de nombreuses fonctions académiques et culturelles. Il présentait la musique classique à la Radio du Caire. Selon lui, “Dieu a créé le monde en six jours, et puis il est allé en vacances à Rimini pour bronzer, et il n’est plus revenu. Tous les prophètes venus pendant que Dieu était en vacances voyagent pour leur propre compte, et ils n’ont pas été envoyés par Dieu”. Husayn Fawzi est mort dans son lit. Il était trop vieux et il a rarement exposé en public ses positions religieuses.
6) Le double langage: je me rappelle une discussion avec un intellectuel nord-africain dont je tairai le nom. Il m’a affirmé que tant que les musulmans croient au Coran comme parole de Dieu, aucun progrès n’est possible. Et lorsque je lui ai demandé où est-ce qu’il a écrit cela, il m’a dit: “Tu veux ma mort? Personne n’oserait le faire dans les prochaines cinquante années. Qui va nourrir ma femme et mes enfants?”
7) Recours à ceux qui peuvent s’exprimer, notamment des non-musulmans. C’est la liberté d’expression par délégation. J’ai été invité dans un colloque au Maroc il y a une dizaine d’années pour parler des droits de l’homme dans l’islam. J’ai envoyé le texte pour que mes hôtes ne soient pas surpris, en leur demandant si je pouvais venir malgré le contenu de ce texte. Ils m’ont dit que si. Arrivé au Maroc j’ai interpelé le responsable du colloque pour m’assurer qu’il avait lu mon texte. Il m’a répondu que oui. Je lui ai demandé comment il osait m’inviter malgré tout ce que j’y disais (je demandais en fait l’abandon du concept de la révélation). Il m’a répondu: “Sami, tes idées sont connues sur internet et on est d’accord avec toi, mais tu es le seul fou qui ose les dire. Alors on te fait venir pour les dire ici… en lieu et place de nous. Le président de la séance était un ministre, et mon intervention devait durer 20 minutes suivies de dix minutes de discussion. Mais à la fin mon intervention et la discussion ont duré deux heures, avec une salle agitée: la moitié contre moi et l’autre moitié m’applaudissait.
Les intégristes cependant ne sont pas dupes. Al-Qaradawi écrit concernant ces laïcs:
Le laïc qui refuse le principe de l’application du droit musulman n’a de l’islam que le nom. Il est un apostat sans aucun doute. Il doit être invité à se repentir, en lui exposant, preuves à l’appui, les points dont il doute. S’il ne se repent pas, il est jugé comme apostat, privé de son appartenance à l’islam – ou pour ainsi dire de sa “nationalité musulmane”, il est séparé de sa femme et de ses enfants, et on lui applique les normes relatives aux apostats récalcitrants, dans cette vie et après sa mort.
Pour comprendre la dernière phrase, il faut savoir que selon les juristes musulmans l’apostat ne sera ni lavé, ni mis dans un linceul, ni donné aux gens de sa nouvelle religion, car le faire signifie qu’on lui rend honneur alors qu’il n’en est pas digne. Il sera jeté dans une fosse comme on jette un chien (animal impur chez les musulmans). Et s’il a un parent musulman, il serait préférable de le lui remettre pour le laver comme on lave une robe impure et l’enrouler dans un habit usé. Cette attitude s’étend aux adeptes des sectes non admises au sein de la communauté musulmane. Ainsi les chiites refusent de laver et d’enterrer un sunnite
Il va de soi que tous ces intellectuels seraient condamnés pour dénigrement de l’islam et donc passibles de la peine de mort… avec la complicité des Nations Unies!
Devoir de vigilance
Un proverbe égyptien dit: “On demanda à Pharaon qui t’a rendu Pharaon? Et il répondit: “Je n’ai trouvé personne qui s’est opposé à moi”. Un autre proverbe arabe dit: “Celui qui fait le mur bas, tout le monde le saute”.
Aujourd’hui les intellectuels et les politiciens en Occident recourent souvent à la langue de bois et adoptent la position du politiquement correct. Mais en réalité la neutralité ne sert à rien dans ce domaine parce qu’elle profite aux intégristes. Ne pas prendre position est déjà une prise de position. Et attendre que le feu dévore toute votre maison avant de réagir est une attitude qui ne promet rien de bon. Il y a le feu dans la demeure. Plus vous attendez, et plus cela empirera.
Prenez le cas par exemple de la prière dans les rues ou la burqa. Si les autorités étaient fermes dès le premier jour et prenaient des mesures implacables comme le renvoi de ceux qui s’amusent à violer la loi, la France ne serait pas dans l’état actuel. Le laxisme des autorités françaises encourage les abus. Ce n’est donc pas de la faute des musulmans, mais de la faute des autorités françaises. Et ce laxisme nuit à tous et expose le pays à des guerres civiles fauchant le sec et le vert… et les musulmans en seront les premiers perdants. Un proverbe arabe dit: “Vaut mieux se fâcher au début que regretter à la fin”. Si on avait montré les dents dès le premier jour, on ne serait pas arrivé aux empoignades actuelles.
Ceux qui osent critiquer l’islam sont souvent taxés d’islamophobie comprise dans le sens du racisme. Or, l’islamophobie signifie la peur de l’islam… et non la haine pour les musulmans. Et on a le droit, voire le devoir d’avoir peur face à une religion véhiculant des normes toxiques. Ceux qui n’ont pas peur de l’islam ou fustigent les sceptiques face à l’islam sont des ignorants, des lâches, des téméraires, des idiots utiles, des vendus ou des auxiliaires de la justice islamique qui veut la condamnation pénale des critiques de l’islam. Je vous laisse l’embarras du choix. Et en tant que chrétien, j’ai le devoir d’aimer les Allemands mais pas le nazisme, les Italiens mais pas le fascisme, les Japonais mais pas la chasse à la baleine, les Espagnoles mais pas la corrida, les musulmans mais pas l’islam. Jésus dit qu’il faut aimer les ennemis, mais pas de se faire aimer par les ennemis. Sans cela on devrait accepter tous les défauts des ennemis pour ne pas les fâcher.
Si j’avais un conseil amical aux musulmans, ce serait celui-ci: toute critique contre votre religion doit être prise au sérieux et mérite réflexion. Œuvrez pour la transformation de votre religion et mettez fin à des concepts qui portent préjudice à vous comme au reste de l’humanité. L’Islam, comme les autres religions, doit changer ou disparaître. Et l’élément essentiel est d’en finir avec cette conception qui estime que le Coran est parole de Dieu. Non, le Coran, tout comme le Nouveau Testament et l’Ancien Testament, n’est pas la parole de Dieu à l’homme, mais la parole de l’homme sur Dieu avec ce que cela implique comme imperfection humaine. Ceci n’est pas un dénigrement de l’islam, mais un retour à la raison. N’écoutez pas ceux qui vous flattent, mais plutôt ceux qui vous critiquent. Relisez la fable de la Fontaine: Le Corbeau et Le Renard de Jean de la Fontaine. Sachez que tout flatteur vit aux dépens de ceux qu’il flatte. Et c’est tellement plus agréable de flatter, surtout si on veut se remplir les poches. Mais si je me livrais à la flatterie, je trahirais mes amis musulmans et je rendrais un mauvais service à l’humanité.
Lorsque deux voleurs se disputent on trouve l’objet volé
En tant que chrétien, ayant vécu dans un milieu musulman, spécialiste du droit arabe et musulman, matière que j’enseigne, et traducteur du Coran, c’est mon devoir d’expliquer aux musulmans ce que je ressens et ce qui me gêne chez eux. Je ne le fais pas par haine, mais par devoir de charité, comme fait le médecin avec son patient. Certes, les musulmans n’aiment pas qu’on leur dise quels sont leurs défauts, et j’aurais pu m’en passer si nous ne partagions pas la même planète. Mais les musulmans doivent comprendre que nous ne pouvons pas faire autrement. Sans cela ils abuseraient. Qui ne dit mot consent, et qui accepte de se faire abuser en porte une part de la responsabilité. Je répète: Qui fait son mur bat, tout le monde le saute.
On me reproche de ne pas critiquer le christianisme, le judaïsme ou les autres religions. Mais personnellement j’estime que l’islam (tout au moins dans la forme prônée par les Frères musulmans et consorts) est la religion la plus dangereuse pour l’humanité et pour les musulmans. C’est une idéologie toxique. Si elle n’est pas freinée, elle est capable de faire beaucoup de dégâts aussi bien pour les musulmans que pour les non-musulmans.
En même temps, je ne nie pas que les autres religions ou idéologies aient des défauts, et je ne me fâcherais pas du fait que ma religion soit critiquée comme je le fais avec l’islam. Ceci peut être bénéfique pour les chrétiens. Imaginez qu’on se taise devant la pédophilie à l’intérieur de l’église catholique. Ceci serait une attitude coupable dont sont victimes des enfants innocents. Je dénonce la pédophilie à l’intérieur de l’islam autant que je peux, et j’encourage les musulmans à dénoncer la pédophilie à l’intérieur de l’église catholique. C’est nettement mieux que les dialogues interreligieux qui ne servent souvent qu’à voyager et manger aux frais de la princesse … sans aucun résultat. Prenons aussi le cas de l’esclavage. Je dénonce l’esclavage tel que pratiqué par les musulmans, et j’encourage ces derniers à dénoncer l’esclavage tel que pratiqué par les juifs et les chrétiens. Il en va de la dignité humaine.
Il est évident qu’il n’est pas facile pour un musulman de dénoncer la pédophilie ou l’esclavage à l’intérieur de sa propre communauté parce qu’il risque d’être tué. C’est donc à un chrétien comme moi que revient la douloureuse tâche de dénoncer ces deux pratiques chez les musulmans parce que je suis moins exposé que le musulman. Je le fais, à mon corps défendant, par esprit de charité, et je souhaite que les musulmans le voient ainsi. Retenez bien ce proverbe irakien: lorsque deux voleurs se disputent on trouve l’objet volé.
Critiquer en connaissance de cause
Si je reproche à ceux qui interdisent le dénigrement des religions leur ignorance ou leur mauvaise foi, j’exige en même temps que la critique de l’islam soit fondée, en connaissance de cause. Pour cela il faut former nos universitaires face au danger que représente l’islam. Mais si on interdit de dénigrer l’islam ou les autres religions, comment on peut s’informer de façon impartiale sans verser dans la flatterie?
D’autre part, il faudrait que ceux qui veulent interdire le dénigrement des religions le définissent en indiquant ce qui serait permis et ce qui ne le serait pas, et il faut que la définition soit acceptable par tous … sans cela on sera à leur merci. L’ONU en tout cas n’a pas fourni de définition. On laisse le terme vague … un peu comme un fantôme pour faire taire les gens. Et pourtant ce terme se trouve dans le titre de la résolution de l’ONU: Lutte contre le dénigrement des religions. Ce faisant, l’ONU est en train de donner raison à Calvin et d’encourager à brûler les livres de Voltaire.
Sans doute il y a de bonnes choses dans la Bible comme dans le Coran, mais il n’y a pas que de bonnes choses dans ces livres. Il faut donc pouvoir dire l’une et l’autre chose sans craindre de se faire accuser de dénigrement ou de diffamation par les adeptes de ces livres. Le contraire serait imposer aux autres les convictions et les agissements de ces adeptes même s’ils sont contraires aux droits de l’homme. D’ailleurs, à regarder de près, on constate que les documents des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme sont un formidable camouflet aux religions. Faut-il alors interdire ces documents parce qu’ils vont contre les normes prévues par les religions? Les Nations Unies ne sont-elles pas en train de se tirer une balle dans les pieds en soutenant des revendications de pays musulmans moyenâgeux qui veulent préserver de toute critique des normes contraires aux droits de l’homme?
Sami A. Aldeeb Abu-Sahlieh
Chrétien d’origine palestinienne, de nationalité suisse, licence et doctorat en droit (Fribourg), diplôme en sciences politiques (Genève), habilitation à diriger des recherches (Bordeaux), professeur des universités (CNU France, sections 1 et 15), responsable du droit arabe et musulman à l’Institut suisse de droit comparé (1980-2009), directeur du Centre de droit arabe et musulman, Professeur invité aux universités d’Aix-en-Provence, Cergy-Pontoise, Grenoble, Palerme, Trente et Lugano. Auteur de nombreux ouvrages et articles sur le droit arabe et musulman, dont une traduction du Coran par ordre chronologique en français (et prochainement en italien et en anglais), et une traduction arabe de la constitution suisse pour la Confédération.