"Surprenante" et "ahurissante" conversion de , le wotaniste néonazi, au christianisme orthodoxe. Tout le petit web francophone néopaïen est en crise.
Ce mec est le plus grand troll que j'ai jamais lu. , je ne vous ai pas rencontré mais vous avez toute mon admiration.
http://freredavid.blogspot.fr
Échantillon à savourer :
http://freredavid.blogspot.fr/2013/04/m ... sis_5.html
« Une fois pour toutes t’est donc donné ce commandement concis : aime, et fais ce que tu veux. » – Saint Augustin
L’Humour Divin, parfois borderline, a voulu qu’au terme d’une moitié de vie joyeusement gâchée – dans les derniers égarements du libertinage, la flambe pour la flambe, le dandysme à outrance, sans parler de travaux littéraires « polémiques » n'ayant guère d'autre objet que faire subir un maximum de souffrance morale à un maximum de gens –, l’Humour Divin a voulu, dis-je, que je réintègre l'Église « qui a réjoui ma jeunesse » le deuxième dimanche de Carême, soit le jour où se médite le Retour du Fils Prodigue.
J’y ai vu un synchronisme intéressant, comme disent les Jungiens, ou un Signe Grandiose, d’autant que mon absence de repentir était au moins égale à celle du héros de la Parabole – je n’étais là que parce que les Mystères sont ma marotte, et qu’ayant eu, jadis, un très vibrant désir de devenir prêtre, certains symptômes de midlife crisis m'entrainaient à renouer avec la théologie orthodoxe... La vie est un rondeau : on termine à la place où l'on a commencé...
En fait, – viveur quadra ayant poussé le goût de la fête, l’étude des religions comparées et la provocation pamphlétaire jusque dans leurs plus ultimes retranchements, – j’éprouvais un genre d’accès Qohelet – une « mélancolie lointaine, celle des mercredi après-midi, sourde et mystérieuse...» – quelque chose comme : Salomon le Magnifique prenant brusquement conscience des Quatre Sceaux du Dharma, et que, nipponophile vaseux, j’intitulai : Salomono-no-aware... Vous voyez le genre... Hélas ! pour parler internaute : Celui qui a fait l'univers afin d’en éprouver du lulz est aussi Le plus grand des IRL trolls, et je suis aujourd’hui sur le point de me faire moine.
Selah
Je dois l’éveil de cette vocation – et donc, une reconnaissance éternelle – à notre sage évêque, qui, prenant, dans l’histoire, le rôle du Père très-bon, daigna, – bien qu’il connût mon parcours, en comparaison duquel celui d'une rock-star particulièrement ivre un soir de Spring Break à la Playboy Mansion fait figure d'édifiante bluette – daigna, dis-je, m’accueillir à la Sainte Table – puis me donner à lire Saint Jean Cassien – puis m’éclairer avec patience – hey presto ! trois jours plus tard, je le priai d’accepter que je terminasse mes jours dans le cénobitisme hard core !
I. Mashal de l’Enfant Prodigue
En ce temps-là, le Maître dit : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : « Père, donne-moi la part de la fortune qui me revient » et il leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout rassemblé, s’en alla vers un pays lointain, et il y dissipa toute sa fortune, vivant en prodigue.
« Comme il avait tout dépensé survint une grande famine dans ce pays-là, et il commença à ressentir le besoin. Il alla se mettre au service d’un citoyen de ce pays qui l’envoya dans ses champs pour garder les cochons. Et il aurait bien voulu remplir son ventre des caroubes que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait. Alors, rentrant en lui-même, il se dit : « Combien de salariés de mon père ont du pain de reste, et moi ici je meurs de faim. Je me lèverai et j’irai vers mon père, et je lui dirai : - Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes salariés ! » Et se levant, il alla vers son père.
« Alors qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion, et courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Alors le fils lui dit : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ». Mais le père dit à ses serviteurs : « Vitre, apportez la robe la plus belle, et habillez-le, mettez-lui un anneau à la main et des souliers aux pieds, amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et faisons la fête, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voici retrouvé », et ils commencèrent à faire la fête.
« Or, son fils ainé était aux champs, et lorsqu’à son tour il approcha de la maison, il entendit musique et danses et, appelant un des serviteurs, il demanda ce que c’était ; il lui dit : « Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras parce qu’il l’a retrouvé en bonne santé », alors, il se mit en colère et ne voulut pas entrer. Son père, étant sorti, le suppliait. Mais il répondit à son père en disant : « Voici des années que je te sers, et jamais je n’ai désobéi à ton commandement, et à moi tu n’as jamais donné même un chevreau pour faire la fête avec mes amis ; mais, quand ton fils que voilà, qui a mangé ton bien avec des filles, est revenu, tu as tué le veau gras pour lui ! » Mais le père lui dit : « Mon enfant, toi, tu es toujours avec moi, et ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait faire la fête et se réjouir parce que ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voici retrouvé. » (Lc 15, 11-52)
Notre évêque choisit de centrer son sermon sur le personnage du frère aîné (non sans nous avoir, pour l’anecdote, rappelé la jobardise des pèlerins catholiques médiévaux, à qui certains marchands culottés vendaient à prix d'or des « caroubes de l’authentique caroubier du Fils Prodigue » LOL)
« On parle toujours du retour du frère cadet, plus rarement de la réaction du frère aîné.
« Historiquement, il faut replacer les choses dans leur contexte : ce discours était destiné à des Juifs, qui voyaient d’un mauvais œil que Jésus enseignât indifféremment Juifs et non-Juifs. Ce sont eux que représente le frère aîné.
« Après Constantin, lorsque le Christianisme sera devenu, en Gaule, la religion de l’élite sociale, les évêques utiliseront abondamment cette parabole pour corriger, chez les fidèles d’extraction patricienne, une certaine tendance à regarder de haut les catéchumènes « païens ».
« C’était une façon de leur rappeler : eux aussi sont Enfants de DIEU.
« Et cette mise en garde servira encore pendant l’évangélisation des contrées non-européennes, afin de prévenir toute tentation de racisme chez les Chrétiens blancs. En fait, le véritable sujet de la parabole de l’Enfant Prodigue est l’universalisme de la foi. »
II. Le Coeur du Problème
L’universalisme ?!?...
Par les Saintes Icônes ! l’Universalisme n’est-il pas, au contraire, très précisément l’Abomination de la Désolation ?... N’est-il pas le lit de Procuste itself ?... Le vecteur ultime de nivellement spirituel, culturel et biologique ?... l’Apocalypse zombie ?... entendez : l’abâtardissement programmé des peuples, des cultures, des nations, en une masse brunâtre hybride uniforme d’esclaves sans racines, un Brésil à l'échelle planétaire ?... N’est-il pas le poison de base, par lequel nous furent inoculés communisme, métissage, nouvel ordre mondial, demain tout 1984 à la virgule ?... Est-ce à dire que Big Brother procède de l’Évangile ?...
J’ai, pour ma part, un peu de mal à concevoir quelque chose comme une « religion universelle »… En fait, seul le Paganisme en est une, puisque toutes ses mythologies procèdent de la même structure essentielle, adaptée au génie propre, à l’imagerie collective et aux conditions géo-climatiques des peuples qui les conçoivent… Ma question est : peut-on imaginer une religion « révélée » qui soit, au plan scriptural, philosophique, rituel et mystique, indifféremment valable pour tous les peuples ? Et, si oui, le Christianisme, dont la base – l’eucharistie – suppose un pays où poussent le blé et la vigne, n’est-il pas le choix le plus calamiteux ?
De deux choses l’une : soit l’ « universalisme de la foi » consiste à faire cadrer de force tous les peuples et tous les individus (du jockey nain au lutteur sumo) avec un standard arbitraire, considéré une fois pour toutes comme « idéal » – auquel cas DIEU, béni soit-Il, qui a créé le Monde dans toute sa fabuleuse diversité, assigné à chaque être vivant une fonction unique dans l’ordre des choses, sans souffrir qu’il pût jamais exister ne serait-ce que deux flocons de neige identiques – DIEU, béni soit-Il, veut que nous apostasions dare-dare !...
Soit le Christianisme est réellement le cœur du problème, i.e. son corpus doctrinal résume la Voie spirituelle éternelle, pure, quintessentielle – la Voie dont toutes les autres voies, partout et toujours, ne furent et ne sont que des adaptations locales, partielles ou dégradées – ce que le Maître semble bien, du reste, vouloir affirmer lorsqu’il déclare : < Je suis le Chemin, la Vérité, et la Vie > (Jn 14,6).
Nous nous retrouvons donc à demander, avec Pilate : < Qu’est-ce que la vérité ? > (Jn 18,38) – car s’il y a bien une chose que l’observation du monde phénoménal nous enseigne, c’est qu’il n’existe, a priori, que des vérités relatives. Aucun point-de-vue n’est le même qu’un autre. Si A et B se trouvent chacun à un bout de la table, leurs visions respectives du homard diffèrent totalement (et sont aussi « correctes » l’une que l’autre). Même dans le cas d’objets très éloignés et de sujets très rapprochés – mettons : deux amoureux contemplant la lune joue contre joue, par exemple – la différence, quoique imperceptible, existe bel et bien...
Alors ? Quid juris ? Soit <Je suis la Vérité > signifie qu'il y a effectivement une vérité absolue derrière la multiplicité des lectures relatives que nous faisons d'elle, soit il ne signifie rien du tout et n’est qu'un meme d’auto-conditionnement, un slogan pour prosélytes, un prétexte à brûler les gens... L'ennui, c'est qu'une vérité absolue ne peut, par définition, être exprimée au moyen du langage (partiel), ni de la pensée (partiale). Elle n’est transmissible (pardon de ressasser l'évidence) qu'au moyen du nombre. Exemple : 2 + 2 = 4 est une vérité absolue.
Tous les Sages de l'histoire connue depuis, au bas mot, Enoch, premier d'entre eux, qui vit DIEU, béni soit-Il, face à face et mourut (Gn 5,24), tous les Sages, dis-je, le proclament : « Celui qui connait le secret des Nombres commande à l’univers entier ». C'était l’enseignement primordial des initiations pythagoriciennes, des anciennes Écoles de Mystères (où nul ne pouvait entrer qu’il ne fût géomètre), des filiations spirituelles antiques, bref, de la doctrine des Mages dont l’Évangile nous dit qu'ils furent les premiers à reconnaître et honorer le Maître (Mt II-12), c'est-à-dire à voir DIEU, béni soit-Il, face à face et vivre.
D’où l’importance accordée par l’herméneutique à la science nommée isopséphie en Occident et guématrie en Orient, laquelle consiste à faire correspondre Lettres et Nombres afin de déterminer la valeur numérique d’un mot et, partant, son sens véritable. < C'est ici qu'est la Sagesse : que celui qui a de l'intelligence calcule le Nombre de la Bête > (Ap 13,18), car si le Mot lui-même entraine des associations d’idées très différentes chez ceux qui l’entendent, et se situe donc au niveau du Discours, son Nombre, lui, en révèle l'identité-force, et se situe, donc, au niveau du Verbe – le principe de base étant, bien sûr, que deux mots ayant la même valeur numérique ont, mystérieusement, la même nature.
Parlant de nature : les lois physiques du rapport énergie-matière, que nous appelons « lois de la nature », et qui sont, pour le coup, des vérités absolues, se définissent toujours par des formules mathématiques – or que sont les lois de la nature, sinon les lois divines elles-même ? Quelle que soit l'idée que les hommes se font de DIEU, béni soit-Il, ou des dieux, ou de la Force qui a créé l'univers, ils ne peuvent nier que les lois de la nature sont l’œuvre, donc l'intention de cette Force, ainsi que nous le confirme, justement, la guématrie : en hébreu, le Nom Elohim אלהים (DIEU) et le mot hateva הטבע (nature), ont la même valeur numérique (86, qui est, au passage, également la valeur de Alléluia הללויה).
Ce qui nous permet encore une digression : Elohim est le premier Nom que l’Écriture donne à DIEU, béni soit-Il. Ce Nom désigne donc la Divinité sous sa forme primordiale (=« qui vient en premier »), i.e. sous sa forme la plus pure. Or, comme ne l'ignore aucun de ceux qui ont épluché d'un peu près le Verset d'ouverture de la Genèse, Elohim se compose, très curieusement, d’un féminin singulier accolé à un masculin pluriel, et signifie littéralement « Elle-les-Dieux »… Méditons bien cela ! < Dans principe essentiel > (traduction de Berashith בראשית, premier mot de la Sainte Bible), DIEU, béni soit-Il, est un féminin singulier accolé à un masculin pluriel !!! De quoi faire sursauter les tenants de l'Unitarisme et des monolâtries patriarcales ! – mais non pas les Orthodoxes qui, tels les Mages à Bethléem, vénèrent quotidiennement DIEU, béni soit-Il, en se prosternant devant une Mère qui tient un Enfant dans Ses bras.
Selah.
Résumons-nous.
Ainsi donc, lorsque je contemple l'Icône de la Très Sainte Mère de DIEU, béni soit-Il, présentant l’Enfant, je vois DIEU, béni soit-Il, face à face...
Ainsi donc, lorsque je contemple la Nature, je vois DIEU, béni soit-Il, face à face...
Ainsi donc, lorsque, après ma mort, je verrai DIEU, béni soit-Il (Job, 19,26-27), je verrai Sa Très Sainte Mère présentant l'Enfant...
Etc.
Les trois parties de cette équation sont permutables en tous sens, comme au jeu de bonneteau. Rendons grâce pour le vertige, l’Émerveillement (sens littéral de l'hébreu irat יראת traduit, dans l’Écriture, par « crainte » de DIEU, béni soit-Il, et correspondant très exactement au grec thauma θαῦμα ), l’Émerveillement, dis-je, qui s'empare de nous !
On découvre un Mystère analogue dans le titre originel du Pentateuque : le mot Torah תורה (qui a précisément la même valeur numérique que irat יראת, et dont les permutations qabalistiques renvoient, faut-il le rappeler, à des spéculations ésotériques sans fin ), le mot Torah תורה, dis-je, que l’on traduit par « Loi » (suite à un glissement dû à sa version grecque Νόμοϛ), signifie, en réalité, « Instructions », dans, très exactement, le sens de « mode d’emploi » - la « Loi » reçue de DIEU, béni soit-Il, par Moïse (Ex 34,28), lequel était, rappelons-le, < instruit dans toute la Sagesse des Égyptiens > (Ac 7,22), cette Loi, dis-je, n'est pas l'énoncé d'un simple règlement à observer, mais le mode d’emploi de l'univers, ou mieux : sa Formule.
Or, cette Formule se présentant comme un ensemble de récits sacrés et de prescriptions/proscriptions collectives, le <Peuple à la nuque raide> (Ex 32, 9 ; 33, 3 ; 33, 5, etc.) doit tôt ou tard en oublier la profondeur, et n'en plus percevoir que l’écorce, i.e. une longue énumération de contraintes arbitraires, à la limite de l'ubuesque et de la superstition tribale : l’horizontalisation progressive de la Torah est toute l’histoire d’Israël – c'est-à-dire l’histoire individuelle de chacun d’entre nous, qui recevons de DIEU, béni soit-Il, un Talent unique à la naissance, et qui, en <serviteurs méchants et paresseux> (Mt 25, 14-30), l'enterrons, progressivement, sous les conventions médiocres, l'instinct grégaire, le désir de norme, jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un violon d’Ingres, ou une sale manie...
Lorsqu'au bout de ce processus, la Loi, aplatie, devient strictement horizontale, DIEU, béni soit-Il, qui en est l'Origine spirituelle, S’incarne, i.e. descend aux tréfonds de cette horizontalité, non pour l'abolir (Mt 5,17), mais pour lui redonner sa dimension verticale et spirituelle. « La Torah, dit le Maître en substance, est la Formule de l'univers et celle du développement personnel, une histoire temporelle et un chemin vers les cieux, une Loi horizontale et une Voie verticale – ces deux dimensions, ces deux directions, forment la Croisée des Chemin, c'est-à-dire la Croix, au centre de laquelle doit se tenir l'homme, ou plutôt ὁ υἱὸς τοὺ ἀνθρώπου, le Fils de l'Homme, i.e. l'Être humain digne de ce nom...»
Mais enfin, when all is said and done, la réception « historique » de la Torah fait bien du peuple juif le frère aîné des peuples évangélisés par les Apôtres (Cf Épître aux Romains), et cela nous ramène à la parabole de l'Enfant prodigue. Voyons ce qu'en disent les Pères.
III. Nous sommes des porcs
Sans les Juifs, nous sommes des porcs, c’est la conclusion de Pacien de Barcelone : le péché et la mort (AKA le Paganisme) faisaient de nous des cochons :
« Comprenez donc, mes très chers fils, la mort où se trouve l'homme avant le baptême. Vous n'ignorez certes pas cette vieille histoire du retour d'Adam à son origine terrestre, ni la condamnation qui l'a soumis à la loi d'une mort éternelle. Et, depuis, tous ses descendants, soumis à la même loi, ont été assujettis à cette mort qui a régné sur toute la race humaine, depuis Adam jusqu'à Moïse.
« Mais sous Moïse un peuple unique a été choisi, de la race d'Abraham. Il lui a été demandé de se montrer capable d'observer la loi de justice.
« Entre-temps nous étions tous retenus sous l'emprise du péché pour devenir la proie de la mort. Nous étions destinés à nous nourrir de gousses et à garder les troupeaux, c'est-à-dire à accomplir des actes immondes, sous l'influence de mauvais anges. Sous leur règne il n'était permis ni de pratiquer ni de connaître la justice. La nature même des choses imposait la soumission à de tels maîtres.
« Comment avons-nous été libérés de ce pouvoir tyrannique et de cette mort ? »
Pacien confirme donc : Israël est le « peuple choisi », le frère aîné qui, du coup, se comporte, à l’occasion, comme celui de la parabole – Saint Cyrille d’Alexandrie dit :
« Examinons avec soin le motif pour lequel la parabole a été racontée; c’est ainsi que nous saurons la vérité. Ce bienheureux Luc dit, dans ce qu'il écrivait un peu plus haut au sujet du Christ, notre Sauveur à tous : < Les publicains et les pécheurs s'approchaient tous de lui pour l'écouter. Et les pharisiens et les scribes de murmurer : Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux > (Lc 15, 1-2).
« Donc, puisque les scribes et les pharisiens vitupéraient contre la mansuétude et l'amour des hommes qui appartenaient à sa nature, et lui reprochaient de faire bon accueil à des gens dont la vie était souillée et de les instruire, c'est à eux, nécessairement, que le Christ a fait l'application de la parabole qu'il leur proposait.
« Grâce à elle, nous pouvons le voir clairement : ce que veut DIEU, Lequel est le DIEU de tous, c'est que l'homme qui ne s'est jamais éloigné de Lui, qui reste vraiment fidèle, qui sait mener une vie honorable et qui s'est acquis la réputation d'une honnêteté parfaite, s'applique à suivre pour sa part la volonté du Père. Et quand des pécheurs ont été appelés à faire pénitence (même s'ils étaient peut-être de ceux qui méritaient les plus fortes condamnations), Il s'en réjouit plutôt que d'entretenir contre eux une hostilité chagrine.
« En effet, il nous arrive, à nous aussi, de faire une expérience analogue. Certains mènent une vie très belle, parfaite à tous égards; un autre, lui, est sans force, vaincu pour s'être abandonné à toutes sortes de dérèglements. Au temps de la vieillesse, souvent, il se tourne vers DIEU et demande le pardon pour les fautes commises dans le passé, épris qu'il est maintenant de choses meilleures. Il se peut que, sur le point de quitter le stade qu'est la vie humaine, il soit jugé digne du divin Baptême et lavé des motifs d'accusation, DIEU ayant pitié de lui.
« Mais alors, il y a des gens pour s'en irriter et dire : "Cet individu a fait ceci, a dit cela, et il n'a pas été obligé de s'acquitter complètement auprès du juge des peines que lui valaient les actes commis au cours de sa vie; on l'a trouvé digne d'une grâce aussi magnifique, aussi précieuse ! Il est enrôlé parmi les fils de DIEU et honoré de la gloire des saints !" Voilà ce que crachent parfois certaines gens, par une petitesse d’âme malencontreuse, sans se conformer à la volonté du Père de tous.
« DIEU, Lui, éprouve une grande joie lorsqu'Il voit sauvés ceux qui étaient perdus; Il les rétablit dans leur dignité primitive en leur donnant la liberté; Il les pare de la robe première et passe un anneau à leur doigt. Voilà la parure qui convient à des hommes libres et qui est agréable à DIEU. »
Saint Jérôme enfonce le clou :
« Notre Seigneur et Sauveur ne s'est pas <donné de mal> (Jon 4,10) pour Israël comme il s'est donné du mal pour le peuple des Nations. En effet, Israël déclare avec assurance : <Voici tant d'années que je te sers sans jamais avoir enfreint tes ordres et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais maintenant que revient ton fils que voici, qui a dévoré ton bien avec les filles, tu as tué pour lui le veau gras> (Lc 15, 29-30).
« Malgré tout, il n'est pas repris par son père qui, au contraire, lui dit avec bonté : <Mon fils, toi, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et te réjouir, puisque ton frère que voici était mort et qu'il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé >(Lc 15,32). C'est pour le peuple des Nations que le veau gras a été immolé et qu'a été versé le sang précieux dont Paul parle très longuement aux Hébreux.
« De même David déclare-t-il dans le psaume : <Le frère n'a pas racheté ? C’est l’Homme qui rachètera> (Hé 9,10, Ps 49,1). Le Christ a décidé que ce peuple grandirait. Il est mort pour que ce peuple vive; il est descendu aux Enfers pour que ce peuple monte aux cieux.
« En revanche, (le Christ) ne s'est pas donné si grand mal pour Israël. C'est pourquoi celui-ci est jaloux de son frère cadet, en voyant qu'après avoir dissipé son bien avec les filles et les souteneurs, il reçoit anneau et robe et qu'il jouit de sa dignité d'autrefois. »
Certes ! rien ne révèle une « petitesse d’âme » plus « malencontreuse » que la jalousie !... Et la jalousie spirituelle est, à mon sens, le fond du tonneau... Saint Ambroise de Milan dit :
« Qui donc êtes-vous pour contester au Seigneur le droit de remettre sa faute à qui bon Lui semble, quand vous pardonnez à qui vous voulez ? Il veut être prié, Il veut être imploré. Si tous sont justes, où sera la grâce de DIEU ? Qui êtes-vous, pour en vouloir à DIEU ? Et c'est pourquoi le frère est ici censuré, au point qu'il est dit venir de la ferme, c'est-à-dire occupé des œuvres de la terre, ignorant ce qui est de l'Esprit de DIEU (1 Cor 2,11), et finalement se plaignant qu'on n'ait jamais tué pour lui-même un chevreau : car ce n'est pas pour l'envie, mais pour le pardon du monde, que l'Agneau a été immolé.
« L'envieux réclame un chevreau; l'innocent désire que l'Agneau soit immolé pour lui. On dit qu'il était plus âgé : c'est que l'envie fait vieillir vite. S'il reste au-dehors, c'est que la malveillance de son âme jalouse l'exclut. Il ne peut pas entendre le chœur et la symphonie, non pas de celles qui excitent les passions au théâtre, ni le son des flûtes accordées, mais l'harmonie du peuple qui chante et fait retentir sa douce et suave allégresse de voir le pécheur sauvé. Donnez-moi un de ceux qui se croient justes, qui ne voient pas la poutre dans leur œil et ne peuvent supporter la paille du défaut d'autrui : comme il s'indigne, lorsque ayant avoué sa faute et longtemps imploré son pardon, quelqu'un obtient grâce comme ses oreilles ne peuvent supporter le concert spirituel du peuple ! Car il y a concert, lorsque dans l'église l'accord sans dissonance des âges et vertus diverses, telles des cordes variées, alterne le psaume, dit Amen. C'est le concert que connaissait également Paul; aussi dit-il : <Je chanterai en esprit, je chanterai par mon intelligence> (1 Cor 14,15).
« Tel est l'exposé que nous avons cru devoir faire de la parabole présente. Mais nous ne trouvons pas mauvais que tel veuille reconnaître dans ces deux frères les deux peuples, le plus jeune étant le peuple des Gentils, autre Israël à qui le frère aîné envie le bienfait de la bénédiction paternelle. C'est ce que faisaient les Juifs, en se plaignant que le Christ prît son repas avec les Gentils (Lc 5,50); aussi réclamaient-ils le chevreau, sacrifice de mauvaise odeur. Le Juif réclame le chevreau, le chrétien l'Agneau; aussi on leur délivre Barabbas, pour nous l'Agneau est immolé (…).
« Or il (l'aîné) est impudent et semblable à ce Pharisien qui se rendait justice en sa prière présomptueuse, qui pensait n'avoir jamais manqué au commandement de DIEU parce qu'il observait littéralement la Loi (Lc 18,11ss); sans cœur, en accusant son frère d'avoir gaspillé la fortune paternelle avec des courtisanes il aurait dû prendre garde qu'il fut dit à son intention. <Les courtisanes et les publicains passeront avant vous dans le Royaume des cieux> (Mt 21,31). Il demeure à la porte il n'est pas exclu, mais il n'entre pas, méconnaissant la volonté de DIEU d'appeler les Gentils, de fils devenu maintenant serviteur; car < le serviteur ne sait pas ce que fait son maître> (Jn 15,14). Lorsqu'il l'apprend, il jalouse, il est torturé par le bonheur de l’Église, et il demeure au dehors. Du dehors, en effet, Israël entend le chant et la symphonie, et il s'irrite de l'accord réalisé par la grâce du peuple, le joyeux concert de la foule. Mais le père, qui est bon, eût voulu le sauver. <Tu as toujours été avec moi >, disait-il : soit en tant que Juif sous la Loi, soit comme juste par notre commun accord; mais de plus, si tu cesses d'envier, < tout ce que j'ai est à toi > : comme Juif vous possédez les mystères de l'Ancien Testament, comme baptisé ceux également du Nouveau. »
IV. Vous êtes des dieux
Mais tout cela reste, dirais-je, très apostoliquement correct et finalement superficiel... Il en va du sens de la parabole de l’Enfant prodigue, archi-rabachée depuis deux millénaires, comme du reste de l’Écriture, et nous pouvons dire avec Origène : « Ce n'est pas ici seulement, c'est presque dans tous les écrits prophétiques que les expressions sont enveloppées et obscures. Car le Saint-Esprit, qui a voulu écrire sur ces objets, n'a pas voulu qu'ils soient publiés et piétinés pour ainsi dire par les profanes; mais il a pris ses précautions pour que, sous les apparences d'un discours public, ils soient enfouis dans les arcanes et tenus dans le secret grâce à l'obscurité de l'expression. » Façon merveilleusement élégante de nous dire : le sens profond a été codé, afin de ne pas jeter de < perles devant les porcs> (Mt 7, 6), ni <de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens> (Mt 15, 26), mais de rester fidèle au Serment que nous renouvelons chaque dimanche : « Je ne manifesterai pas Tes Secrets à Tes ennemis »...
Tout de même, quelques pistes... En termes, dirais-je, techniquement mystiques, la parabole décrit comment la personne spirituelle subit la contamination de l’illusion matérielle et phénoménale. Lorsqu’à la fin de sa dégringolade, elle atteint au matérialisme ultime, à la cristallisation terminale, qu'elle peut donc se poser un instant sur du solide pour réfléchir (lorsqu'elle mesure, donc, ce que nous appelons son « péché » i.e. chata חטא littéralement « déviation », « non-atteinte de la cible »), et regrette sincèrement le temps où elle avait « les mains innocentes et le cœur pur » (Ps 24,4), elle réalise que son Saint Ange Gardien, neschama (le « souffle de vie » par lequel DIEU, béni soit-Il, l’a créée (Gn 2,7), c'est-à-dire la partie divine de son âme) n’a jamais cessé d’habiter son être – sans même qu’elle en eût conscience, où qu’elle eût à « nourrir » ce rapport (comme on dit : si le Père a vu de loin l'Enfant prodigue, c’est qu’il guettait son retour tous les jours, et : descendre dans une marmite d'excréments n'empêche pas votre cœur de battre...).
Mais reprenons les choses à la base : < DIEU forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant. > (Gn 2,7)
Ainsi, dessinons notre « cible » : trois cercles concentriques : un cercle blanc, entouré d’un cercle rouge, entouré d’un cercle noir.
Appelons ce schéma Ecce homo.
Le cercle extérieur noir est la « poussière de la terre », la nephesh, la partie animale de l’âme (bonne servante mais mauvaise maîtresse, dont la devise est : « manger, boire et dormir »).
Le cercle intérieur blanc, le cœur-de-cible, est neshamah, le « souffle de vie », la partie divine de l’âme (elle-même trichotomique, mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui).
Entre les deux, le cercle rouge, « l’être vivant », ruach, la partie humaine, psycho-sentimentale, de l’âme, qui a son fondement dans la libido (<soyez féconds, multipliez-vous> est le premier Commandement adressé par DIEU, béni soit-Il, à l'homme : tous les autres Commandements sont donc subordonnés à celui-là : il est amusant que Freud ait eu l'air de renverser les tables en affirmant que la libido détermine toute la psychologie humaine, alors qu'il suffit de lire le premier chapitre du premier livre de la Sainte Bible pour le savoir !) et culmine, ou plutôt plafonne, depuis le Péché Originel, dans l’Ego.
Les relations de l’homme avec neshamah sont indépendantes de ses actes en tant qu’homme, i.e. de son rapport à la terre, à la matière : sa nephesch n’a pas de relation directe avec neshama, elle ne peut donc interférer entre neshamah et ruach. Le profane, s'il intègre ce point de doctrine (qui est, au passage, la véritable raison pour laquelle l'Eglise doit condamner toutes les formes de Donatisme), acquiert une vision correcte de l’humanité. Il réalise (par exemple) que les « vices » de Rimbaud et de Verlaine n’enlèvent rien à leur génie. Ainsi purifié, il est à même de bénéficier de l’Accomplissement de la personne spirituelle (= le frère aîné, après l’explication de son Père, peut prendre part à la fête).
Plus profondément encore, nous pouvons voir dans le parcours de l’Enfant Prodigue une description du mystère individuel de l'incarnation, et donc, la réponse aux questions éternelles : "Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ?", etc. Prenons une analogie simple : les lois de la physique démontrent que tous les atomes ont nécessairement été séparés à un moment donné – comme ils se séparent, par exemple, lorsqu’ils sont soumis à une chaleur intense. S’ils approchent du soleil, si nous approchons du Soleil, nous sommes soumis à cette extrême, à cette immense chaleur, et chacun des éléments dont la combinaison forme notre être se sépare, i.e. redevient autonome, i.e. redevient parfait.
Imaginons que chaque atome de chaque élément possède le souvenir de toutes ses aventures combinées. De cette manière, cet atome, fortifié par cette mémoire, ne serait pas le "même" atome - tout en l'étant, puisqu'il n'aurait rien gagné que cette mémoire. Par conséquent, à mesure que le temps passerait, et en vertu de la mémoire, une chose (bien qu'originellement d'une Absolue Perfection) pourrait devenir quelque chose de plus qu'elle-même : un vrai développement serait donc possible.
On voit donc la raison pour laquelle un élément donné décide de traverser ces séries d'incarnations, car ainsi, et ainsi seulement, peut-il aller ; et s'il supporte de perdre le souvenir de Sa Perfection Réelle pendant son incarnation, c'est qu'il sait qu'il en sortira inchangé. Tel est le sens profond de la plus mystérieuse parole de l’Écriture : <J'ai dit : vous êtes des dieux...>, reçue par le saint roi et prophète David (Ps 82,6) et confirmée par le Maître (Jn 10,33) : nous ne pouvons logiquement expliquer comment un ÊTRE a créé un monde dans lequel existent les Guerres, le "Mal", etc. que si nous concluons à un nombre infini de dieux, individuels et égaux, quoique divers, chacun suprême et totalement indestructible, et, en ce qui nous concerne, provisoirement incarnés.
Le "Mal" n'est qu'une apparence, car (tout comme le "Bien") il ne peut affecter la substance elle-même, et ne fait qu'en multiplier les combinaisons. (Je sais bien que cela sonne terriblement moniste, à cette différence près : le Monisme affirme que DIEU, béni soit-Il, crée des choses qui sont toutes des parties de Lui-même, et que donc les conflits n'existent pas vraiment. Si nous supposons plusieurs éléments (<j'ai dit : vous êtes des dieux...>), les conflits sont naturels.
Mais baste ! Parlant de conflits : celui qui oppose les deux frères est bel et bien l'Enseignement central de notre parabole – en ce qu’il distingue les deux types humains éternels et inconciliables sur la terre : le Héros et l’homme du commun, l’Exception et la norme, celui qui accomplit son Vouloir coute que coute, et devient semblable à une chandelle qui se consume en éclairant les autres (il « prodigue ses talents »), et l’homme du troupeau, le lambda, le monsieur-tout-le-monde, qui s’efforce de mener une vie attentivement conforme à l’ordre moral établi sans chercher en lui-même sa propre Loi, i.e en oubliant que <vous êtes des dieux>.
En clair, le frère cadet et le frère aîné incarnent respectivement ce que Nietzsche appelait la « morale du maître » et la « morale de l’esclave » – jusque dans leur défauts : le Héros souffre de ne pouvoir être normal (< il aurait bien voulu remplir son ventre des caroubes que mangeaient les cochons mais personne ne lui en donnait >) et le Lambda, bien que jouissant de tout le confort animal possible (< ce qui est à moi est à toi >), devient fou à l'idée que l'homme sorti du rang puisse être plus heureux que lui...
Notons au passage cette « suprême iniquité » qui veut que la distinction de ces deux catégories d’hommes – appelons-les « Jacob » et « Esaü » –, établies par DIEU, béni soit-Il, de toute éternité, soit définitive, amorale, et indépendante des contingences terrestres : Jacob ne peut déchoir, Esaü ne peut s’élever : même devenu socialement inférieur à un porc, l’Enfant prodigue reste un être spirituel, digne de la <plus belle robe> et tendant vers le haut (< Je me lèverai et j'irai chez mon père >) ; au lieu qu’en toute sécurité émotionnelle et matérielle, son frère reste un petit crétin jaloux, envieux, égoïste, qui ennuie le monde et plombe la fête…
Jusque dans ses « vices », Jacob demeure noble (ici : vivre en prodigue est, au moins, signe de générosité) – jusque dans ses « vertus », Esaü est méprisable (ici : hypocrite indignation de chaisière outragée pour exprimer sa haine du bonheur d’autrui…). Cette notion capitale est ainsi résumée par l'Apôtre : <Tout est pur pour les purs, mais pour ceux qui sont souillés et qui n'ont pas la foi rien n'est pur, leur esprit même et leur conscience sont souillés. Ils font profession de connaître DIEU mais Le renient par leurs actes : ce sont des gens abominables, rebelles et incapables d'aucun bien.> (Tt 1, 15-16)
C'est pourquoi il est indispensable que <tout Edom> soit <assujetti à David>(2 Sa 8,14) (i.e. que les âmes serviles et égoïstes soient, dans l'organisation sociale, soumises aux âmes nobles et spirituelles), et la raison profonde du décret divin : <qu'Edom bâtisse, Je renverserai, et on l'appellera pays de la méchanceté>(Ma 1,4) : car < Edom, c'est Esaü> (Gn 36,8), et (nous en avons tous fait l'expérience au moins une fois) rien n'est plus néfaste, plus tyrannique, plus insupportable ici-bas qu'une âme « Esaü » mise par les circonstances et/ou l'intrigue en position d'autorité : <La terre tremble pour trois choses, même pour quatre, et elle ne peut les porter : un serviteur qui règne ; une brute rassasiée de nourriture ; une femme dédaignée qui se marie ; une servante qui hérite de sa maîtresse>(Pr 30, 21-23).
Si nous transposons la chose au plan spirituel, nous trouvons, dans les deux frères, les deux types de Chemins. Le cadet symbolise ce qu'il est convenu d'appeler « voie de la main gauche », i.e. la voie du Quêteur, percevant la spiritualité comme une Initiation de type expérimental, jusqu’au-boutiste, et parcourant joyeusement le monde à la recherche de la Vérité et de l’Accomplissement – L’aîné symbolise la « voie de la main droite », celle du fidèle (ou du clerc) installé dans la conviction que le Salut dépend de l’appartenance formelle à telle ou telle église, secte, communauté, etc. que la spiritualité se résume à « croire » en des « dogmes », et que l’ascèse consiste à observer, ni trop, ni trop peu, un ensemble arbitraire de prescriptions morales collectives.
L'Initié recevra (au prix de quelles blessures !) la <plus belle robe> (caste sacerdotale), l’anneau (dignité seigneuriale), les souliers (marque de l'Accomplissement parachevé, Cf Ankh égyptien) – il sera béni aux plans matériel (veau gras) et spirituel (la fête) – Le Lambda, lui, n’aura rien de particulier (<pas même un chevreau pour faire la fête>) que la satisfaction de se savoir normal, socialement inclus et à l’abri du besoin. La voilà, la bonne nouvelle ! Le voilà, l’Évangile : chacun de nous obtient, au bout du compte, ce qu’il a voulu.
Tant il est vrai, pour reprendre notre antienne inlassable et celle de notre bienheureux père Augustin, que la Loi divine, en dernière analyse, se résume à : aime, et fais ce que tu veux. Le Mystère est toujours, au bout du compte, celui de la consubstantialité de l'Amour et du Vouloir.
« Car l'amour est fort comme la Mort, la passion inflexible comme le Shéol ; ses traits sont des traits de feu, une flamme divine. » – Ct 8, 6