Bruno Chaudret, chimiste et membre de l’Académie des sciences, élu par ses pairs, est Président du Conseil scientifique du Cnrs. Il répond aux questions de {Sciences²} sur la politique de recherche de Nicolas Sarkozy et ses attentes en perspective d'une alternance politique en 2012.
Quel bilan tirez-vous du quinquennat de Nicolas Sarkozy pour la recherche française ?
Bruno Chaudret: Il en a beaucoup parlé pour faire croire que c’était une priorité de son gouvernement. La réalité est très différente. L’argent ? Les directeurs des laboratoires reçoivent des dotations pour 2012 en chute libre, jusqu’à 80% pour l’INSU - Institut des sciences de l’univers du Cnrs ! Les structures ? Celles qui ont organisé nos succès scientifiques par leurs choix structurants et collectifs, le CNRS en particulier, ont été affaiblies et sous-financées. La mission centrale du Cnrs, l’avancée des connaissances, est soumise à l’objectif de participer à l’économie de la connaissance. Un non-sens puisque l’histoire des sciences montre que ce sont les recherches libres qui ont in fine le plus contribué à l’industrie, recherches libres qui ont le plus diminué sous Sarkozy.
L’emploi scientifique ? Il stagne en terme de postes stables, mais des milliers d’emplois précaires peuplent toujours nos laboratoires. Sarkozy n’a absolument pas redressé la situation, au contraire puisque la France occupe désormais la vingt-sixième position (sur 32 classés par l’OCDE) pour le budget civil de la recherche rapporté au PIB. L’empilement des structures nouvelles, des appels d’offres et compétitions permanents pour le moindre sou épuisent les chercheurs qui gaspillent leur temps et leur énergie à remplir des dossiers dont l’énorme majorité sera refusée au lieu de réaliser des travaux de recherche effectifs. Le sentiment d’humiliation provoqué par le discours de Sarkozy en janvier 2009 est toujours là.
http://sciences.blogs.liberation.fr/hom ... -cnrs.html
Pourrais-tu me dire, Interlope, quelle a vraiment été la priorité de Sarkozy, à part la répression?
La recherche en France est effectivement le dernier de ses soucis, pourtant dans les pays "forts" la recherche contribue en général "fortement" à cette qualification.
Espérons que le "Grand emprunt" de 2010 apporte ses fruits, mais je crains que cela apportera plus aux bureaucrates qu'à la recherche.