Pays-Bas : le gouvernement va remettre sa démission à la reine
Le Monde.fr avec AFP | 23.04.2012 à 13h03
Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, doit se rendre chez la reine Beatrix, lundi 23 avril dans la journée, pour remettre la démission de l'ensemble de son gouvernement, selon la chaîne de télévision RTL, après l'échec des négociations budgétaires avec le Parti de la liberté (Partij voor de Vrijheid, PVV). Le chef du gouvernement, qui a confirmé samedi l'impasse des discussions engagées au début de mars avec la formation xénophobe de Geert Wilders, a réuni ses ministres dans la matinée pour évoquer le sujet et envisager la tenue d'élections anticipées, qui pourraient avoir lieu en septembre ou en octobre.
Interrogés sur sa démission, plusieurs membres du gouvernement ont refusé de la confirmer. Le PVV n'appartient pas au gouvernement, mais le soutenait au Parlement. L'alliance a volé en éclats lors des négociations amorcées au début de mars sur les moyens de dégager 16 milliards d'euros d'économies budgétaires, nécessaires pour réduire le déficit public des Pays-Bas, qui a atteint 4,7 % du produit intérieur brut en 2011, et le ramener sous le plafond des 3 %.
ÉCHEC DE SEPT SEMAINES DE NÉGOCIATIONS
L'accord de gouvernement conclu entre le parti libéral (Volkspartij voor Vrijheid en Democratie, VVD), de Mark Rutte, et le parti chrétien-démocrate (Christen-Democratisch Appèl, CDA) du vice-premier ministre et ministre de l'économie, Maxime Verhagen, aura tenu à peine un an et demi.
Depuis le 5 mars, Mark Rutte, Maxime Verhagen et Geert Wilders s'étaient retrouvés presque chaque jour au Catshuis, la résidence de travail du premier ministre, à La Haye. Le paquet de mesures sur la table des négociations prévoyait notamment une légère hausse de la TVA, un gel du salaire des fonctionnaires et une réduction du budget de la santé et de l'aide aux pays en développement. "Ce projet n'était pas dans l'intérêt des électeurs du PVV", avait commenté Geert Wilders : "Nous ne voulons pas soumettre à une saignée nos pensions à cause du diktat de Bruxelles."
LE TRIPLE A MENACÉ
Durant sept semaines, rien ou presque n'avait filtré sur la teneur des discussions, les négociateurs ayant décidé de garder le silence dans les médias. Geert Wilders, dont le parti assurait au gouvernement une majorité de 76 sièges sur 150 jusqu'à la démission, le 21 mars, de l'un de ses députés, avait créé la surprise samedi en quittant le Catshuis en voiture, sans mot dire. Une heure et demie plus tard, Mark Rutte et Maxime Verhagen annonçaient l'échec de sept semaines de négociations et envisageaient la piste d'élections législatives anticipées.
Selon les analystes, les Pays-Bas risqueraient de perdre le précieux triple A dont ils bénéficient auprès des trois principales agences de notation financière.