D'après le rapport ARIS de 2001, 0.4% des américains se déclarent athées.
Aux Etats-Unis, les athées se sentent pousser des ailes
28 août 2009
Lors de leur première réunion, ils n’étaient que quatre, accoudés à un bar. Quatre ans plus tard, les athées de la région de Miami (sud-est des Etats-Unis) sont plus de 500 et se réunissent une fois par semaine (toujours dans un bar, mais plus grand) pour préparer leur première "Journée de Darwin".
"Dieu n’existe pas, par contre la crème glacée c’est génial", affirme l’un de leurs autocollants, un rien provocateur au pays du créationnisme où la référence au Tout-puissant est omniprésente dans le discours politique.
"L’école a besoin d’un moment de science", proclame un autre de leurs slogans, en référence au débat sur la prière à l’école.
Dans tout le pays, les athées commencent à s’organiser face au danger posé selon eux par l’offensive des chrétiens évangélistes qui ont mis à mal la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
"Nous avançons à pas de géant", assure l’enseignant à la retraite Bob Senatore, un des fondateurs de l’association "Humanistes athées et laïques de Floride" ("Flash", selon l’acronyme anglais). "L’idée qui nous réunit c’est de dire que si l’on n’agit pas maintenant, nous allons nous retrouver en théocratie".
Sur le terrain, les "sans-Dieu" de Floride ont récemment manifesté à l’entrée d’une réunion de prière organisée dans un immeuble administratif aux frais du contribuable. L’événement n’est pas passé inaperçu dans un Etat "où il y a une église à chaque coin de rue", comme l’observe M. Senatore.
Selon une étude récente sur l’appartenance religieuse, 15% des Américains se déclarent "sans religion", soit deux fois plus qu’il y a 18 ans. Certains attribuent cette hausse à un rejet de l’ex-président George W. Bush et de ses avances en direction de la droite religieuse.
Les athées ont eu chaud au coeur lorsque le nouveau président, Barack Obama, a fait référence aux "non-croyants" dans son discours d’investiture, confie Sean Faircloth, directeur de l’association pour la laïcité Secular Coalition for America, qui milite auprès du Congrès sur des thèmes comme la recherche sur les cellules souches embryonnaires.
"Nous sommes passés d’un point où nous ne pouvions communiquer pratiquement qu’avec le Congrès à un autre où nous trouvons porte ouverte même à la Maison Blanche", se réjouit-il.
Mais des résistances se font jour. Lorsque Flash a affiché le mois dernier un slogan assurant que "On n’a pas besoin d’un Dieu pour être bon", une femme du quartier a réuni un groupe d’enfants pour protester. Le gérant d’un institut de beauté voisin a assuré que l’affiche nuisait à son commerce. Dans l’Iowa (centre), la régie des transports a fait retirer de ses autobus des slogans d’une association athée, à la suite de plaintes d’usagers. Les autorités ont finalement réimposé ces affiches et lorsqu’une conductrice chrétienne a refusé de prendre le volant, elle a été suspendue.
La principale faiblesse des athées américains est peut-être leur propre individualisme, qui les empêche d’adhérer à une quelconque chapelle, fût-elle sans Dieu.
"Avoir en commun une non-croyance, c’est peu pour former un groupe social", reconnaît un adhérent de Flash, Jay Berman, qui se présente comme "un juif athée". A l’instar des homosexuels, les athées espèrent que leur démarche publique incitera davantage des leurs à "sortir du placard".
"Si un homme politique se déclarait athée, je serais fier que quelqu’un ait eu enfin le courage de le faire", explique Peter Ragona, un autre membre de l’association. Selon Flash, un seul parlementaire américain se déclare publiquement "non-théiste" : le représentant démocrate de Californie Peter Stark.
De Ruth MORRIS (AFP)
http://www.fairelejour.org/spip.php?breve1967