Moïse (Ex 32 ) et saint Paul (Ro 9 ) se sont en quelque sorte anathématisés eux-mêmes, ou du moins ont souhaité d'être anathèmes pour leurs frères. Moïse dit au Seigneur qu'il le conjure de pardonner aux Israélites, sinon qu'il l'efface de son livre, du livre de vie. Et saint Paul dit qu'il aurait désiré d'être lui-même anathème pour ses frères les Israélites, plutôt que de les voir exclus de l'alliance de Jésus-Christ par leur endurcissement et leur malice. L'excommunication, l'anathème, le retranchement, sont la plus grande peine qu'un homme puisse souffrir en ce monde, soit qu'on l'entende d'une mort violente et honteuse, soit qu'on l'explique de l'excommunication et de l'éloignement de la société des saints et de la participation de leurs prières et des choses saintes; soit enfin qu'on l'entende de la réprobation au malheur éternel ; car les interprètes sont partagés sur ces textes. Mais ils conviennent que Moïse et saint Paul ont donné dans ces occasions les preuves les plus sensibles de la charité la plus grande et la plus parfaite, et qu'ils ont exprimé par l'exagération la plus hardie et la plus forte, l'ardent désir qu'ils avaient de procurer le bonheur de leurs frères, et de les garantir du souverain malheur.
L'excommunication était aussi une espèce d'anathème chez les Hébreux comme chez les Chrétiens. Il y avait divers degrés d'excommunication dont le plus grand était l'anathème, par lequel l'excommunié était privé, non-seulement de la communion des prières et de la participation des choses saintes, mais aussi de l'entrée de l'église et de la compagnie des fidèles. Parmi les Hébreux, ceux qui étaient excommuniés ne pouvaient, plus faire aucune fonction publique de leurs emplois ; ils ne pouvaient être ni juges ni témoins, ni faire les cérémonies des funérailles, ni circoncire leurs propres fils, ni s'asseoir dans la compagnie des autres hommes plus près que de quatre coudées. Ou ne leur rendait pas les devoirs publics des funérailles, et s'ils mouraient dans l'excommunication, on laissait une grosse pierre sur leurs tombeaux, ou même on lapidait leurs sépulcres, et on y amassait une grande quantité de pierres, comme l'on fit sur le corps d'Achan (Jos 7 ) et sur celui d'Absalom (2Sa 17 ).