: qu'est ce que tu en sais? Pas de sources :
Or cette histoire ne nous est accessible qu’à travers
des écritures élaborées en contexte islamique, et tardivement
de surcroît sous cette forme particulière de
consignation que sont les a≈bar, d’où le sous-titre du livre,
entre écriture et histoire
(…)
en l’absence de données épigraphiques
et archéologiques dans le Hijâz des VIe-VIIe siècles.
(…)
On le voit, la
réflexion de l’auteur vise à décaper le vocabulaire des sens
religieux qui lui ont été donnés postérieurement.
(…)
d’une mise en
perspective à partir de l’analyse d’un certain nombre de
récits islamiques traditionnels, des a≈bar à l’aspect souvent
anecdotique, et aussi de quelques passages puisés
dans des sources externes, principalement chrétiennes. Le
dernier texte cité, la biographie de cAmr ibn al-cAs rapportée
par Ibn cAsakir est exemplaire du propos général
développé par A.-L. de Prémare.
(…)
Il écrit , par exemple, p. 302: «Je ne sais quel degré de confiance
nous devons accorder aux récits de la Tradition islamique – notre unique
source en la matière – concernant l’activité des scribes de Médine. Au
moins pouvons-nous les examiner avec un peu d’attention.»
(…)
Avant la venue de leur
prophète, ils étaient misérables et sans loi. Le prophète leur
donna enfin des lois, qu’il fit triompher par les armes. Les
Arabes s’inclinèrent. Devenus un peuple fort, ils viennent
maintenant revendiquer leur place et leur part des richesses
dont jouissent les autres, et ils le font par la conquête»
(…)
Le rôle de Iira, et
des scribes de ses monastères, apparaît capital. Dépassant
le seul problème de l’origine de l’écriture, A.-L. de
Prémare met en relief l’existence d’un vocabulaire arabe,
voire de textes religieux en langue arabe, dont se nourriront
par la suite le Coran et la Tradition. «Aussi pouvons-nous
faire l’hypothèse qu’il existait au début du 7e siècle, sinon
des traductions de livres bibliques entiers, au moins des
florilèges en arabe de citations de la Bible et d’autres textes
parallèles des apocryphes juifs et chrétiens» (p. 269).
Toutes ces pages, qui visent à insérer l’islam et la mise en
écriture de ses textes fondateurs dans l’ensemble des
conditions qui ont présidé à leur élaboration sont parmi les
plus fortes et les plus originales de l’ouvrage.
(…)
Si l’histoire de leur élaboration
reste entourée d’incertitudes, encore que la
communauté croyante ait très vite établi un schéma général
couramment répété par la suite, le jeu même de la transmission
des traditions laisse aisément entrevoir que ces
textes ont été codifiés dans une atmosphère de conflits entre
des courants politiques antagonistes, et que les compilateurs
ont souvent livré, indirectement, les interrogations de la
nouvelle communauté à l’égard des schémas explicatifs
simplificateurs en train de se fixer.
En particulier, A.-L. de Prémare estime que la constitution
du Coran relève, dès l’époque de Yathrib/Médine,
d’un contexte où la proclamation orale n’est pas séparable
de la mise en forme écrite et de la répétition liturgique, ce
qui le conduit à «nuancer sérieusement ce que dit J. Chabbi
de “l’oralité” à propos du Coran» (p. 280, n. 5). «Nous ne
sommes pas ici dans un univers de traditions orales, mais
dans un univers de scribes compositeurs» écrit-il plus loin
(p. 312).
(…)
Relevons, entre autres
exemples, les notices sur les activités des marchands
qurayshites en Syrie; le sermon prononcé par Sophronios,
patriarche de Jérusalem, pour la fête de Noël en 634; des
fragments d’apocalypse juive annonçant les «guerres de
destruction … des enfants d’Ismaël»; la mention de la capitation
(gzîtâ) dans la chronique syriaque de Zuqnîn sous
l’année 691 apr. J.-C.; le récit arménien, rédigé vers 660, de
la prise de Dwin par «l’armée dévastatrice des Ismaélites»;
la légende des trois filles de Yazdagird emmenées captives à
Médine; les inscriptions arabes du Néguev; les récits divergents
de la tradition musulmane sur la collecte du Coran