Ce qui fait un palace, c'est non seulement le luxe et la qualité du service, mais aussi son histoire, le mythe créé par l'établissement, par ceux qui l'on fréquentés, etc.
La plupart des authentiques palaces se trouvent dès lors soit en Europe, soit dans les ex-colonies britanniques ou françaises.
Dans "Hôtels Littéraires, voyage autour de la terre" (éd. du Quai Voltaire, Paris 1993), Nathalie de Saint-Phalle raconte quelques anecdotes savoureuses conncernant ces célébrités.
Ainsi du Norfolk Hotel de Nairobi ( http://www.fairmont.com/fr/norfolkhotel ), un monument historique du temps du ministère des Colonies - ah, le temps bénit des colonies, naguère chanté par Sardou ! - consécutif à la construction de l'Uganda Railway, "the gateway to British East Africa", voyageurs et émigrants débarquant à Mombasa et pénétrant les terres kenyanes grâce au chemin de fer. Ces terres que les tribus guerrières durent céder aux tribus d'agriculteurs. Aujourd'hui, le Norfolk, point de départ d'émigrants qui souvent vécurent au Kenya jusqu'à leur dernier jour aussi bien que des voyageurs venus pour les safaris, reste le symbole d'une Afrique coloniale britannique et des marques de civilisation qui ailleurs, lentement, retournent à la nature. Il ne restera bientôt plus rien des hôtels et des clubs anglais du Soudan, de l'Ouganda, de la Tanzanie, de la Zambie, de la Rhodésie, du Botswana, etc., mais le Norfolk de Nairobi, construit en 1904, est un "Historic Building of Kenya" qui figure même sur un timbre...
Les lieux ont séduit plus d'un écrivain : Hemingway en 1933 et en 1953, Evelyn Waugh en 1935... D'innombrables écrivains de langue anglaise ont séjourné au Norfolk. Jan Heming a parlé, dans son livre "Then and now Nairobi's Hotel", de ces chasseurs et fabricants et best-sellers qui ont souvent cité ou fait du Norfolk un décor de leurs livres d'aventures. D'aventure, il en fut aussi question pour Marguerite Yourcenar qui résida au Norfolk Hotel pendant tout l'hiver 1983-1984. Renversée par une voiture en rentrant au Norfolk et hospitalisée cinq semaines, elle se trouve très bien là et prolonge de deux mois son séjour en compagnie de son jeune amant Jerry Wilson, accidenté lui aussi... "Les journaux ont dit que j'avais été renversée par un minibus. D'autres par un autobus ! Et pourquoi pas un tank ? C'était une simple automobile. Nous avions décidé, Jerry et moi, de rentrer à pied à notre hôtel, qui n'était pas très loin de l'Institut français. Une voiture a quitté la route et nous a heurtés alors que nous étions sur le trottoir. Elle a à peine touché Jerry, mais m'a projetée à plusieurs mètres. Le conducteur a pris peur et s'est enfui - j'ai appris plus tard qu'il était policier, et qu'étant ivre ce soir-là, il avait craint de gros ennuis. J'étais à terre, inconsciente, en sang... En fait, je n'étais pas gravement blessée. Des contusions, des côtes et une jambe en mauvais état. Je suis restée cinq semaines à l'hôpital de Nairobi où j'ai été très bien soignée et nous sommes demeurés, Jerry et moi, jusqu'à la fin de l'hiver au Kenya".