Au la fin des années 50, un scientifique russe nommé Dmitri Bieliaiev mit sur pied une expérience destinée à apporter des réponses concernant les mécanismes de domestication des animaux, et en particulier le passage du loup au chien domestique. Il choisit pour cela de sélectionner puis d'élever des renards argentés en fonction de leurs réactions vis à vis de l'homme.
Renard argenté sauvage:
L'expérience débuta avec 130 renards qui furent classés en trois groupes:
- en classe trois les renards ayant tendance à fuir l'homme et à le menacer voir le mordre lorsque celui-ci cherchait à approcher sa main
- en classe deux les renards se laissant approcher et caresser mais ne manifestant aucune sympathie envers l'homme
- en classe une les renard se montrant amicaux envers l'homme, secouant leur queue et jappant à son approche
Les scientifiques firent se reproduire entre eux les renards les plus amicaux d'un côté, et les plus agressifs de l'autre.
Au sein du groupe amical, après six générations, apparurent des renards qui furent classées dans une quatrième catégorie, "l'élite domestiquée": ils se montraient désireux de contacts avec l'homme, cherchaient à attirer son attention, léchaient les mains des expérimentateurs (certains furent adoptés par des membres de l'équipe). Après six générations, 18% des renards appartenaient à cette classe, 35% après 20 générations. Quarante ans après le début de l'expérience, 70 à 80% des renards étaient de classe quatre.
Etonnamment, des changement morphologiques (propres à d'autres animaux domestiqués) apparurent en même temps que les changements comportementaux: par exemple des renards au pelage pie (bicolore) apparurent, la forme des oreilles et des crocs changea, certains montrèrent une queue enroulée
En A renard pie, en B pelage classique:
L'équipe démontra des différences au niveau des hormones et neurotransmetteurs (comme la serotonine) entre les renards les plus amicaux et les autres. Elle supposa que l'expression des gènes correspondant (et gouvernant donc dans une certaine mesure le comportement) affectait l'expression des gènes codant pour les caractéristiques physiques qui avaient tendance à changer. On observa aussi que pour les renards comme pour les chiens, il existe une période de quelques semaines en début de vie, cruciale pour le développement du rapport à l'homme, où le jeune explore son environnement sans le craindre (puis la crainte des stimuli externes se manifeste). Or, les expérimentateurs observèrent que cette "fenêtre de sociabilisation" était plus longue chez les renards amicaux, et s'allongeait avec leur sélection (elle rejoint aujourd'hui presque celle du chien).
Avec la chute de l'Union Soviétique, l'expérience se trouva en péril financier. 600 renards sur les 700 de l'expérience furent vendus. Elle continue aujourd'hui, bien que toujours en proie à des difficultés financières, notamment en vendant des renards comme animaux de compagnie.
Liens (en anglais):
http://www.hum.utah.edu/~bbenham/2510%2 ... riment.pdf
Avec vidéos:
http://scienceblogs.com/thoughtfulanima ... fox_st.php
Bieliaiev (1917-1985) avec ses renards: