Après une telle souffrance
Me voilà, me revoilà ici, moi poète moderniste,
Après cet exil, ces mois d’illusion et ce jeudi de désillusion,
Me voilà plus fort et plus calme qu’autrefois,
Plus heureux que jamais, après une telle souffrance !
Cette femme en noir que je désirais si fort,
Je la retrouve plus belle qu’en ce jour de décembre,
Ce jour si froid où il fallut se résoudre à la quitter,
Voici qu’elle refait irruption dans ma vie, après une telle souffrance !
Ces amis qui m’entourent, ces sourires, ces mondanités,
Ils me fatiguent, mais je sais qu’ils sont sincères,
Je ne voudrais pas m’en séparer, cela me tuerait,
Tous ces amis, ces connaissances, je les aime, après une telle souffrance !
Au-delà des toits de tuile, l’horizon scintille de mille feux,
Le soleil se perd dans un matin de printemps,
Oh ! Comme je m’émerveille rien qu’en regardant ces vignes,
Mon cœur d’en émeut et en jouit, après une telle souffrance !
Je voudrais bien savoir si je la désire pour de vrai,
Ou si tout n’est que fantasme…
Qui pourrait me répondre sinon ce cœur qui se tait,
Ce cœur qui ne dit rien, après une telle souffrance !
Ah ! Cette gare où j’ai oublié sur le quai que je voulais l’aimer !
L’aimer c’est un peu trop, non ?
Alors disons que j’ai oublié que je souhaitais la revoir
Autour d’un café la revoir, après une telle souffrance !
Poète à mes heures perdues, professeur de plaisanteries quand je veux,
Oui quand je veux travailler sérieusement,
Travailler en ce monde plein d’illusions, mais…
Après une telle souffrance, la joie reviendra tôt ou tard.