Voici un peu de pédagogie entre les mots république et démocratie. Ces deux mots sont souvent mélangés.
Pourtant, si nous vivons dans un système démocratique, nous ne vivons pas dans une démocratie.
Ce qui est démocratique (dans notre république) c'est de consulter le peuple dans son entièreté : le suffrage universel.
Pour autant, la lecture majoritaire de ces scrutins ne permet pas de parler de démocratie (même s'il est plus acceptable évidemment que ce soit la majorité qui décide plutôt que la minorité).
Ainsi, notre scrutin présidentiel n'est pas le plus démocratique de nos institutions :
- il n'offre qu'un seul poste, tout puissant.
- il est surtout dicté par la république : désigner des représentants à qui on donne le pouvoir pour gouverner et gérer la cité. Pour éviter les problème de légitimité et d'alliances de la IVème république, on donne tous les pouvoirs à un seul parti à la fois.
- il n'offre que deux places au 2nd tour, selon le score des autres candidats.
- si les 3 premiers candidats sont à 20% et sont donc assez représentatifs de la population, seuls les 2 premiers passent au 2nd tour, même si le troisième aurait récupéré tout le report de voix et aurait gagné le 2nd tour avec 60% des voix.
- si les 7 premiers sont à 8%, c'est la même chose. Les deux premiers qui ont eu les quelques voix en plus passent au 2nd tour. Un de ces deux là va récupérer le poste en ayant obtenu que 8% au 1er tour.
- Le vote "selon nos institutions" n'est pas conforme à un vote "démocratique". En effet, selon nos institutions, il faut désigner le candidat qui peut passer le 1er tour (donc le mieux placé selon les élections précédentes) et en même temps qui peut gagner le 2nd tour (toujours selon les élections précédentes). Et ce choix n'est pas facilité par les sondages puisqu'il faut, pour la présidentielle, voter "gagnant" et ce sont alors les sondages qui déterminent ce que "voter gagnant" signifie ! Ce n'est pas vrai pour le candidat PS qui a été désigné par les primaires citoyennes, en revanche, pour le candidat populiste ou pour le candidat de droite, la situation est plus tendue. En effet, Mélenchon gagne du terrain sur Le Pen et a obtenu un nombre d'élus bien supérieur à Le Pen aux dernières cantonales, on pourrait penser qu'il est le plus à même de passer le 1er tour et de remporter le 2nd, mais les sondages placent Le Pen devant (alors qu'elle ne peut clairement pas du tout gagner le 2nd tour, selon les résultats constatés dans les urnes aux cantonales. Pour le candidat de droite, Bayrou ou Villepin sont mieux placés, je pense, pour gagner le 2nd tour plutôt que Sarkozy, mais on ne nous présente jamais les sondages avec ces deux là au second tour face à Hollande. Pourtant, en sachant qu'ils peuvent gagner le 2nd tour, leur score au 1er tour serait bien différent (de par l'étrangeté de notre scrutin présidentiel, de par nos institutions) !
Ainsi, un référendum n'est pas franchement démocratique :
- nos représentants ont été élus pour gouverner à notre place, ils ne veulent pas prendre de décision sur une question technique donnée.
- cette question ne propose que deux solutions, opposées et inconciliables
- on divise la population sur une question tranchée et parfois trop technique pour elle
- le camp gagnant impose son point de vue au reste de la population (ceux qui se sont abstenus, ceux qui ont voté blanc, ceux qui ont voté nul, ceux qui ont voté l'autre option).
Mais le reste de nos scrutins alors ?
Les législatives sont un peu plus démocratiques puisque pour obtenir sa place au 2nd tour, il suffit d'avoir les voix pour, le score des autres n'impacte pas sa propre qualification.
L'ancien scrutin des régionales était probablement le plus démocratique de tous, mais il a été supprimé. En effet, il permettait à toutes les listes ayant 10% de se maintenir au 2nd tour, à toutes les listes ayant 5% de fusionner avec les listes à +10% et à la fin, les sièges étaient attribués à la proportionnelle avec un bonus à la liste en tête (celle qui aura fait les meilleures fusions, au détriment de ses candidats initiaux pour intégrer des sensibilités exprimées acceptables, en exacte proportion des scores obtenus au 1er tour).
D'autres propositions existent également pour permettre de désigner un président de la république unique sans risquer que celui-ci ne représente personne et en permettant à la population de donner un avis fin.