Un rapport récemment remis à Jeannette Bougrab,par un collectif présidé par le professeur Nisand,recommande la gratuité de la contraception pour les mineures.En effet,celle-ci ne peut être donnée que dans les centres de Planning familial,qui n'existent que dans les grandes villes.
La secrétaire d'Etat est d'accord,et je l'approuve;quand on prétend lutter contre l'IVG,il faut être cohérent et s'en donner les moyens.
Il y a ,paraît-il au gouvernement,de vieux schnocks crypto-boutinistes qui sont contre.
Sur ce forum aussi,je suppose
Prôner la chasteté,c'est fort bien;mais,apparemment,ça ne suffit pas toujours.
Je crois que le but n'est pas de lutter contre l'avortement, mais contre les grossesses précoces...Le souci, c'est que ces grossesses sont peut-être bien plus souvent désirées que ne le pensent nos élites... :
Par une fille de 15 ou16 ans,tu me permettras d'avoir des doutes. :
Bien évidemment, ce n'est pas le cas de toutes les grossesses, mais il ne faut pas négliger le fait que les grossesses désirées chez les mineures, ça existe, et que par conséquent ce n'est pas par une campagne de contraception gratuite que ce visage là du phénomène sera réglé.
: http://www.ancic.asso.fr/maternitealadolescence.php
B) Revue de l'influence des facteurs culturels, socio-économiques et psychologiques
On ne peut plus soutenir aujourd'hui que les adolescentes deviennent mères par ignorance, naïveté, ou par inaptitude à utiliser les moyens de contraception (33-35). La France est un pays où les méthodes contraceptives sont largement utilisées et où le droit à l'avortement est respecté. Dans la majorité des cas, lorsqu'il ne s'agit pas du résultat d'un viol ou d'une relation incestueuse, la grossesse menée à terme est le résultat du projet d'une jeune fille ou d'un jeune couple. Cependant la littérature abonde d'articles confortant l'idée d'une contre-indication médicale de la grossesse à l'adolescence. Pourtant, sur le plan obstétrical, plusieurs études s'accordent pour considérer que ces grossesses ne sont pas plus risquées qu'à l'âge adulte dans les pays développés pour peu qu'elles soient suivies. Par ailleurs les dangers pour l'enfant sont souvent présentés : il serait cinq fois plus exposé au risque de mort subite, d'infections, d'accidents domestiques, de sévices et de troubles psycho-comportementaux du fait des perturbations précoces des interrelations mère-enfant (36). Or la majorité des études ont été conduites sur des cohortes d'adolescentes ne bénéficiant pas d'un soutien psychologique et social adapté. Il semblerait que ces grossesses, sorties de la clandestinité et activement suivies, ont un pronostic comparable à celles des femmes plus âgées (9). Autrement dit, le risque inhérent à ces grossesses n'est pas tant médical que social, avec des conséquences médicales éventuelles. Un autre argument, tout aussi alarmant, décrit le devenir psychosocial des mères adolescentes : 50 à 75 % des adolescentes abandonnent l'école au cours de la grossesse et seulement la moitié y retourneront ; l'insertion professionnelle est souvent compromise du fait de la prise en charge du nouveau né et des impossibilités matérielles et éducatives ;enfin l'avenir familial est incertain puisque même si une union se forme à l'occasion de cette grossesse, dans ¾ des cas elle sera rompue dans les 5 ans (2) . Mais c'est confondre trop rapidement les causes et les conséquences et oublier que les grossesses démunies, mal suivies ,aux conséquences psychosociales lourdes s'observent aussi chez des femmes adultes (37). En résumé il faut insister sur l'extrême diversité interindividuelle du devenir de ces grossesses et sur l'importance de l'accompagnement et de l'entourage (12,38). C'est pourquoi plutôt que de brandir le spectre de la pathologie, il semble plus utile de comprendre les facteurs associés à ces maternités précoces qui peuvent être distingués artificiellement en trois groupes , socio-économiques et psychologiques
Les facteurs culturels
Pour reprendre l'analyse de JB Chapelier (11), dans des sociétés complexes comme la nôtre où divers courants se côtoient, les finalités culturelles ne peuvent pas être les mêmes pour tous les groupes sociaux et il est judicieux de replacer les adolescents dans leur contexte culturel. Dans de nombreuses sociétés dont sont issues les jeunes filles de l'émigration en France, la grossesse à l'adolescence est plutôt valorisée et , à la différence de notre société, il y a un lien étroit entre fécondité, sexualité et alliance sociale. Le plus souvent, procréer s'inscrit donc dans le maintien d'une identité collective avant d'être une initiative individuelle. Dans une étude réalisée à Paris (39) , il a été montré que les adolescentes africaines vivent environ deux fois plus souvent en couple et sont près de quatre fois plus souvent avec un homme âgé de plus de 25 ans comparées avec celles d'une autre origine. L'analyse des conditions de sortie de la maternité révèle que deux fois sur trois l'adolescente d'origine africaine regagne le domicile du père du bébé .Les mères d'une autre origine regagnent soit un domicile personnel ou qu'elles partagent avec le père , soit un domicile ou le père est absent . le retour au domicile du père est le moins habituel, environ 7 fois moins fréquent que pour les adolescentes d'origine africaine. Par ailleurs la nécessité de mettre en place un suivi spécialisé apparaît 1 fois sur 5 pour les adolescentes d'origine africaine contre 1 fois sur 2 pour les adolescentes d'une autre origine. Il est donc possible de déduire de ces données que la maternité chez ces adolescentes d'origine africaine immigrées en France s'inscrit le plus souvent dans le cadre d'un projet de couple, où la jeune fille semble dépendre socialement d'un concubin plus âgé, et dont le pronostic semble meilleur que pour les adolescentes d'une autre origine.
Les facteurs socio-économiques
Devenir mère pour une adolescente peut aussi se comprendre comme une stratégie d'adaptation (40) : projet d'échapper à une scolarité peu valorisante, à un milieu familial ou institutionnel perturbé ; projet d'avoir une fonction sociale, de réussir, de se valoriser, de bénéficier d'un support familial et social accru et de prestations d'aide sociale ; seul projet viable, finalement pour échapper au chômage, à l'échec, à la pauvreté (41)...Des études épidémiologiques et sociologiques ont confirmé cette vision en montrant une corrélation entre la parentalité précoce et la mauvaise intégration sociale(42)(43). Néanmoins le débat est ouvert pour savoir si les mères adolescentes appartenant à un milieu défavorisé n'auraient pas eu le même devenir si elles n'avaient pas été enceintes ,autrement dit savoir si la survenue d'une maternité aggrave ou non le pronostic socio-économique. Dans les années 90, la réponse à cette question semblait claire puisque les auteurs s'accordaient pour penser que la survenue d'une maternité précoce exacerbait les difficultés socioéconomiques (5), tout particulièrement en favorisant l'abandon de la scolarisation (6-8). A la lumière de nouvelles études (44-46) revues par Hoffman en 1998, il est apparu qu'une attitude si pessimiste n'était pas justifiée car d'autres facteurs difficiles à mesurer ( comme l'influence du milieu familial et les caractéristiques individuelles) peuvent peser sur le devenir des mères adolescentes ( 12). La survenue d'une grossesse peut même avoir des effets positifs, comme par exemple l'abandon d'une toxicomanie jugée nocive pour l'enfant à venir (47). Le débat n'est néanmoins pas prêt d'être clos puisque de nouvelles études publiées en 2001 persistent à montrer une influence négative de la parentalité précoce sur le devenir socio-économique (48) et la scolarisation (49).
Les facteurs psychologiques
Marcelli propose trois niveaux d'interprétation de leur influence (10). Le premier voit dans la grossesse le besoin de vérifier l'intégrité corporelle et des organes de la reproduction. Le second niveau indique que la grossesse (et plus encore le désir d'enfant) est une recherche d'un « objet » de comblement des carences de l'enfance. En effet les violences physiques, la carence et la négligence éducative pendant la petite enfance ainsi qu'une mauvaise estime de soi apparaissent fortement corrélés avec la parentalité précoce (50,51).Enfin le troisième niveau considère la grossesse comme faisant partie des prises de risque de l'adolescence dont l'objectif est de mettre le corps en danger . Ce corps, par lequel naît le sentiment de frustration avec l'éveil de la sexualité, est vécu comme un objet de persécution ; l'adolescent attaque son corps car il est source de souffrance. Alors que les garçons « choisissent » des conduites à risque sociales , les filles se tournent vers l'attaque directe du corps : tentative de suicide, troubles du comportement alimentaire, grossesse, MST. Sur le plan pratique, l'état psychologique de l'adolescente est important à évaluer pendant la grossesse pour pouvoir porter un pronostic sur la qualité des relations ultérieures entre la mère et son enfant. L'établissement pendant la grossesse du Child Abuse Potential score (score permettant d'évaluer le risque de maltraitance) semble être un marqueur intéressant pour identifier les femmes à haut risquer de maltraiter leur enfant et mettre en place des actions préventives (52).