L'islamiste jordanien Omar Othman, alias Abou Qatada, recherché en Jordanie pour deux attentats en 1998, va être libéré sous condition, a annoncé lundi 6 février un juge britannique.
Londres tente depuis six ans d'extrader le Jordanien, âgé de 51 ans, qui est présenté comme le chef d'Al-Qaida en Europe. Ses efforts ont été bloqués par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) le 17 janvier. La Cour avait alors estimé que son extradition violait ses droits à un procès équitable car des preuves obtenues sous la torture pourraient être retenues contre lui.
Emprisonné depuis 2005, Abou Qatada, qui réside au Royaume-Uni depuis 1993, doit être rejugé en Jordanie pour son implication présumée dans deux attentats perpétrés en 1998 à Amman. Il affirme que ses condamnations sont basées sur les aveux de deux co-accusés, extorqués selon lui sous la torture.
La CEDH avait par ailleurs jugé que la Cour de sécurité de l'Etat jordanien qui doit le juger "a prouvé qu'elle était incapable d'enquêter correctement sur les allégations de torture et d'exclure les preuves obtenues sous la torture".
Lundi, le juge britannique a ordonné sa libération en dépit de l'avis contraire du ministère de l'intérieur, dont le représentant a fait valoir le "risque posé pour la sécurité du Royaume-Uni". La défense a pour sa part fait valoir devant une commission spéciale britannique qu'Abou Qatada avait déjà passé en détention préventive plus de temps qu'aucun autre prisonnier étranger dans l'histoire récente.
Le Jordanien, qui doit être remis en liberté la semaine prochaine, sera assigné à résidence, en dehors de deux heures par jour au cours desquelles il est autorisé à conduire un de ses enfants à l'école.
Un appel éventuel devant l'instance suprême de la Cour européenne des droits de l'Homme, la Grande chambre, prendra encore entre 18 mois et deux ans. Londres avait indiqué "étudier toutes les options juridiques" après le jugement de la CEDH le 17 janvier.
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